"Je vous envoie" témoigner Homélie Divine miséricorde (28.04.2019)
-
Dimanche 28 avril 2019 Divine Miséricorde C St PP Colombes
"Je vous envoie" témoigner
Après la résurrection de Jésus dont le corps de ressuscité est différent par rapport à son corps mort sur la croix, des changements s’opèrent aussi dans le groupe des disciples : de la peur des juifs qui les font s’enfermer à double tour, ils vont sortir et témoigner au Temple, aux juifs, dans les tribunaux mais aussi à des non-juifs (cf Ac). Il n’y a que la paix du ressuscité et la venue du St Esprit qui permettent une telle transformation. Encore faut-il être présent le dimanche ! Regardez : comme les deux disciples partis vers Emmaüs (Lc 24,13), Thomas est sorti et parti. Il n'est pas avec le groupe des disciples (Jn 20,24). Si Jésus a rejoint les deux disciples dans le deuil et déçus (Lc 24,15), au contraire il ne s’est pas manifesté à celui qui était seul. C’est à partir de deux personnes qu’on forme une communauté, une petite cellule d’Eglise. C’est un indice qui nous montre qu’il est bien difficile de croire tout seul, quand on s’éloigne de l’Église, y compris de croire le témoignage de ceux qui ont vu et cru, puis le témoignage de ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.
Même si Marie Madeleine n’avait pas tout compris, elle a annoncé la résurrection de Jésus des morts. Et nous, si nous ne comprenons pas toutes les implications de la résurrection, faisons confiance aux disciples qui ont vu le Ressuscité et cru, croyons le témoignage de ceux qui ont cru sans voir. Avez-vous remarqué ce que produit la reconnaissance de Jésus ressuscité sur les disciples : la joie ? La joie est un des effets visibles de la rencontre avec Jésus qui est Vivant. "Osons vivre avec Jésus ressuscité la joie de la rencontre". Rappelons-nous d’une rencontre personnelle forte avec le Ressuscité qui nous a bouleversés et qui a changé notre vie en bien, en mieux. Et témoignons de ce que cette nouveauté a produit de nouveau dans notre vie.
Les disciples ont raconté leur rencontre de Jésus à Thomas. Bernadette Soubirous avait aussi dit ce qu’elle avait vécu à son curé qui doutait. Le Seigneur compte sur nous pour que nous parlions. Ce n’est pas à nous de convaincre. Ce n’est pas à nous qu’appartient le fait de faire croire. Parlons. En plus, ce témoignage nous fait beaucoup de bien, car il fait grandir notre foi en Jésus qui nous aime. Par ce travail de mémoire, nous prenons conscience de tout ce qu’il fait pour nous de grand et de beau, en Le remerciant de ses bienfaits et en nous sentant aimés au-delà de ce que nous pensions. Ce témoignage fait aussi beaucoup de bien à la personne qui l’entend car elle découvre que Dieu continue d’agir dans notre monde et dans la vie d’une personne qu’elle connaît et en qui elle a confiance. Ce témoignage entendu l’oblige alors à chercher aussi les traces du passage de Dieu dans sa mémoire, dans son coeur, dans ses relations, dans les rencontres et les discussions qu’elle a vécues. Ce témoignage est enfin un soutien pour des personnes qui traversent des épreuves et un encouragement à accueillir le Seigneur des vivants à Lui demander de les aider à traverser ces temps difficiles (cf Pape François Joie de l’Evangile EG n°76)
Avez-remarqué que la communauté des disciples auxquels Jésus se manifeste le premier jour de la semaine est une communauté réunie et unie ? Avez-vous noté que quelques mois plus tard, ils sont toujours dans une unité très forte : tous les croyants, d’un seul coeur, se tenaient sous le portique de Salomon. Cette unité donne sa crédibilité pour les personnes qui se demandent si les disciples de Jésus sont cohérents entre leurs paroles et leur manière de vivre. Ainsi, les divisions, les querelles, la jalousie, les comparaisons et les oppositions dans une communauté, dans une équipe, un service ou un groupe de prière est quelque chose de diabolique, de maléfique. C’est pourquoi, le Pape François, dans La Joie de l’Evangile, « demande spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encouragez mutuellement et comment vous vous accompagnez : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13,35). » (Joie de l’Evangile 99) Tout le peuple faisait leur éloge ; de plus en plus d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur. La croissance de l’Église ne se fait pas par prosélytisme mais par attraction (cf EG 14). Demandons au Seigneur que d’authentiques démarches de pardon et de réconciliation puissent avoir lieu entre des personnes qui se sont fait du mal et de nous aider à « trouver le mode de communiquer Jésus qui corresponde à la situation dans laquelle nous nous trouvons. » (EG 121) En effet, c’est cela "l’Eglise ‘en sortie’" (cf EG 24 & 46) : La « joie de communiquer Jésus Christ s’exprime tant dans la préoccupation de l’annoncer en d’autres lieux qui en ont plus besoin, qu’en une constante sortie vers les périphéries de son propre territoire ou vers de nouveaux milieux sociaux-culturels. (Benoît XVI) Elle s’emploie à être toujours là où manquent le plus la lumière et la vie du Ressuscité. (proposition 42) » (EG 30), dans c=tous ces lieux où il manque l'espérance.
Finalement, dans ce “Je vous envoie” « de Jésus, sont présents les scénarios et les défis toujours nouveaux de la mission évangélisatrice de l’Église, et nous sommes tous appelés à cette nouvelle “sortie” missionnaire. Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile » (EG 20) pour que toute personne puisse reconnaître que Jésus est le Christ, le Seigneur, de nature divine, Fils de Dieu, et que nous ayons la vie en son nom comme tous les malades qu’on amenait sur le passage de Pierre.
Ac 5, 12-16 ; Ps 117 ; Ap 1, 9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20, 19-31
P. Olivier Joncour