L'Eglise et Thomas Homélie Dimanche de la Divine Miséricorde (10.04.2021)
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Dimanche 11 avril 2021 de la Divine Miséricorde ND des Agnettes, Gennevilliers
L'Eglise et Thomas
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A l’entrée de Jésus à Jérusalem, avant la Pâque, des Grecs demandaient à Philippe de voir Jésus (cf Jn 12, 20-21). Quelques jours plus tard, quand il fut crucifié, la foule pu lever le yeux et regarder Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs, sans savoir qu’il était comme le serpent de bronze brandit au bout d’un mat par Moïse qui permettait à ceux qui avaient été mordus par un serpent de rester en vie (cf Nb 21,9). Ce dimanche, alors que la communauté des Onze est rassemblée, c’est St Thomas qui veut voir Jésus ressuscité si c’est vrai, à commencer par voir et toucher ses blessures, Il veut toucher pour croire que c’est bien Lui, le crucifié, mort sur la croix, que ce n’est pas un jumeau, ni un sosie. Ce dimanche, nous voyons comme il y a un va-et-vient entre la communauté rassemblée et un ami de Jésus qui est seul.
Commençons par la communauté des disciples. Le soir, du premier jour de la semaine, ils partagent la crainte des persécuteurs de Jésus : ils ont peur qu’il leur arrive la même chose. Et voici que Jésus vient et les rencontre. A la crainte, il répond par la paix. A la vue des plaies de sa crucifixion, ils sont gagnés par la joie. Jésus est devenu le Seigneur. En soufflant sur eux l’Esprit Saint, il fait d’eux une communauté de miséricorde, une communauté de délieurs, de défaiseurs de nœuds, d’artisans de réconciliation et d’amoureux qui pardonnent, de pécheurs qui ont été pardonnés.
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Reprenons aussi le portrait de la communauté des croyants qui a énormément grandi en quelques semaines à Jérusalem. A la fin du chapitre 2 des Actes des apôtres, St Luc donnait les 5 caractéristiques de la vie d’une communauté de croyants : la prière, le service, la fraternité, la formation pour l’approfondissement de la foi et le témoignage de nos vies transformées par l’Esprit saint. Car l’Église et nos communautés ne sont pas faites pour diminuer mais pour grandir, croître en qualité de vie, de service, de charité et en nombre. Et le constat est que malgré leur nombre et leur diversité, ils ne formaient qu’un seul coeur et une seule âme. Et on comprend mieux l’origine du mot communauté : ils avaient tout en commun.
Même si nous avons oublié que c’est dans notre ADN de baptisés, nous avons bien entendu que c’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Autrement dit, le Seigneur bénit une communauté qui prie, qui se forme, qui se soutient quand certains vivent des épreuves, qui sert les plus petits, les rejetés. C’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que l’on nous reconnaît pour ses amis. Et l’esprit de division ne vient pas de Dieu. C’est à cet amour pour les blessés, les exclus, cet amour qui nous fait nous battre sans violence avec les mots, avec le coeur pour qu’il aime comme celui de Jésus, c’est-à-dire sans calculer, sans chercher son intérêt, avec de l’eau pour laver les pieds sales, avec nos mains pour qu’elles restent ouvertes, avec nos yeux pour qu’ils voient ce qui commence à pousser, avec nos mots pour encourager, redonner de l’espérance, dire combien chacun est important et aimé de Dieu. Une communauté d’enfants, de femmes et d’hommes de tous âges, des cabossés de la vie, déglingués et blessés, relevés par Dieu pour relever les autres.
Et au milieu de tout ça, il y a un absent, un manque. Ce jour-là, il s’appelait Thomas. Qui n’était pas là dimanche dernier comme Thomas ? Vous ne savez pas ce que avez raté ! Comme s’il fallait qu’il manque quelqu’un pour qu’on puisse lui raconter ce qu’il a raté, ce qu’il n’a pas vu ni vécu. Comme s’il fallait lui faire regretter son éloignement de la communauté, sa fausse croyance qu’il n’avait pas besoin des autres pour vivre. Dimanche dernier, le Seigneur était là, il nous a parlé, il a allumé un feu dans la nuit de nos vies, il nous a donné deux sœurs formidables : Dominique et Whendy : il faut absolument que vous les rencontriez ! Il a permis à un adolescent qui est autiste de communier pour la première fois : et si vous aviez entendu le cri de joie de sa maman quand il a lu son merci à Jésus, tout seul, au micro, devant nous tous.
Eh bien, notre Thomas qui avait mis Jésus à l’épreuve, en a eu pour son compte : une coupe bien pleine, tassée ! Thomas a un jumeau. C’est chacun de nous à un moment ou un autre de notre vie : quand notre logique humai-ne, rationnelle résiste devant la logique de Dieu, qui nous prend à contre-pied. Thomas, c’est celui qui nous fait comprendre que la foi n’est pas de l’ordre d’une démonstration mathématique ou d’une certitude qui peut se prouver. Thomas, c’est celui qui pose les questions qu’on n’oserait pas. Thomas, c’est grâce à lui que nous comprenons que la foi grandit dans le temps et que nous pouvons faire confiance au témoignage des personnes avant nous : Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
En conclusion, restons en communion. Chacun de nous a besoin de l’Église et la communauté a besoin de chacun de nous. Quand je vais bien, ce sont ceux qui vont moins bien qui peuvent se reposer et compter sur moi. Inversement et réciproquement. Partageons ce que nous avons reçu : « Un pour tous et tous pour un », disent ‘Les trois Mousquetaires’ (A. Dumas).
Ac 4, 32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31
Père Olivier Joncour