Les accusateurs, le défenseur et le Sauveur Dim Christ, roi de l'univers C (20.11.2022)

Dimanche 20 novembre 2022, Christ Roi de l’univers C Gennevilliers NDA et St Jean

Les accusateurs, le défenseur et le Sauveur

Nous arrive-t-il de nous arrêter dans une église ouverte, de pousser la porte, d’aller prier devant le tabernacle ou devant le crucifix, avec Jésus sur la croix ? Selon les époques et la spiritualité de l’artiste, c’est un Christ souffrant ou déjà mort, comme endormi. Même s’il est difficile de mesurer la souffrance et la douleur que Jésus et les deux malfaiteurs à ses côtés, ce n’est pas parce que Jésus a souffert qu’il nous a sauvés. Mais c’est parce qu’il a continuer à aimer, à nous aimer, à m’aimer, à t’aimer ! « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

En participant à des retraites chez les frères de la communauté de Taizé en Bourgogne, comme les lycéens de Gennevilliers le vivent pendant les vacances de la Toussaint, personne ne peut rester indifférente à la prière du vendredi soir quand deux frères apportent une très belle icône en forme de croix et la posent par terre. Les jeunes peuvent venir y prier en posant leur front sur le bois de la croix pour y déposer leurs fardeaux dans la prière. Il y a souvent bien des larmes qui coulent car ils déposent ce qu’ils n’avaient jamais dit ou confié, même à leur meilleur ami, et combien ont reçu des consolations en se relevant et en repartant le coeur plus léger.

Sur la croix, Jésus rejoint les coupables en tous genres, mais aussi les victimes, les innocents comme lui qui sont accusés à tort, ceux sur lesquels on pose encore trop souvent un jugement a priori où nous nous trompons par mépris, ignorance, pour mieux nous valoriser, dans un esprit de comparaison.

D’ailleurs, au pied de la croix, il y a l’humanité toute entière :
- le peuple est là. Il observe les uns et les autres. Il ne prend pas partie. Lâchement.
- les chefs : ils protègent l’institution religieuse, ils manigancent en coulisse avec les responsables romains, ils ne sont pas à la hauteur de la mission qu’ils ont reçue.
- les soldats : ils ne font que leur travail, le sale travail. Ils obéissent aux ordres.
- les malfaiteurs dont l’un aussi injurie Jésus reprenant presque les mêmes accusations que les précédents : Sauve-toi, toi-même ! Ce qu’ils disent en plus est en fonction de leur domaine de compétences qui, au-delà des moqueries sont en fait des vérités de la foi :
- le Messie de Dieu, l’Elu, selon les chefs des prêtres, autrement dit celui qui a reçu l’onction d’huile de l’Esprit Saint : Jésus à son baptême dans le Jourdain par Jean le baptiste. Ils sont déçus que Jésus n’ait pas été le Messie chef de guerre qui ait levé une armée pour chasser les romains.
- le roi des juifs, selon les soldats romains, qui lisent l’inscription écrite en latin, en hébreu et en grec au dessus de sa tête.
- Jésus, selon le malfaiteur qui se fait l’avocat, le défenseur de son voisin crucifié comme lui, autrement dit « le Seigneur sauve » ! Il est conscient de l’injustice. Après les trois vagues de haine, devant lesquelles Jésus garde le silence, le Sauveur répond à sa prière. Jésus n’est pas seul. Il est défendu. Dans l’évangile selon St Jean, au pied de la croix il y a aussi Marie sa mère, Marie-Madeleine et le disciple que Jésus aimait (Jn 19,25).

Et ce salut, c’est bien ce que chacun espère finalement intérieurement, dans le secret de son coeur.

Arrêtons-nous aussi sur le portrait que St Paul fait de Jésus dans la seconde lecture :
Il est l’image du Dieu invisible, l’icône en grec, ce qui autorise des tableaux, des statues, des icônes. Ce qui n’a pas toujours été le cas, notamment lors de la querelle iconoclaste puis par les partisans de la Réforme protestante
le premier-né, avant toute créature : « engendré, non pas créé » comme nous le dirons dans le Symbole de Nicée-Constantinople,
en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. comme la lecture du premier chapitre de la Gn et du prologue de l’évangile de St Jean (Jn 1, 1-18).
Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui.
Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c'est ce que St Paul développe dans le chapitre 12 de la 1° lettre aux Corinthiens.
c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Il est l’Alpha et l’Oméga pour reprendre les mots de l’Apocalypse, le commencement et la fin (Ap 21,6 . 22,13).
Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. St Paul donne le sens de la Passion, de la mort de Jésus. Il élabore et formule la Théologie de la croix.

Laissons le Christ Jésus régner dans nos coeurs pour que grandisse le Royaume et se fasse la volonté du Père sur la terre comme au ciel.

2 S 5, 1-3 ; Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
P. Olivier Joncour