De la colère à la joie, c'est Dieu qui transforme 24° dim TO C (11.09.2022)
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Dimanche 11 septembre 2022 24° dim TO C ND des Agnettes, Ste Marie-Madeleine Gennevilliers
De la colère à la joie, c'est Dieu qui transforme
Les extraits de la Bible sont très étonnants et déstabilisants par rapport aux mentalités humaines ordinaires : le berger s’occupe sur 1 % du troupeau, la femme sur 10 % de son argent, le père sur ses deux fils pour qu'ils le soient vraiment, c’est-à-dire sur 100 % !
Dans la 1° lecture, on s’attendait plutôt à ce que ce soit Moïse qui soit en colère contre le peuple qui a fondu un veau d’or qu’il prend pour son dieu pendant que Moïse est sur le Mont Sinaï recevant de Dieu la Loi et oubliant le Dieu qui l’a fait sortir du pays d’Egypte et libéré de Pharaon. Or, c’est le Seigneur qui est en colère : « la moutarde Lui monte au nez » = sa patience a des limites. C’est Moïse qui L’invite à se ressaisir : il lui rappelle l’engagement qu’il avait pris. « Que ton comportement ne soit pas une raison pour nos adversaires de trouver des arguments sur ta manière d’agir de telle sorte que nous ne pourrons pas Te défendre. » Moïse se fait l’avocat du peuple, l’intercesseur auprès de Dieu, comme Abraham par rapport aux habitants de Sodome sur le nombre de justes qui pourraient sauver la ville de la destruction (cf Gn 18, 22-32).
Sur le chemin de Damas (cf Ac 9), Saul a vécu une expérience spirituelle qui a complètement changé ses repères humains et surtout religieux : c’est par grâce qu’il a été sauvé ; il a mis sa foi en Jésus son Sauveur qui a donné sa vie pour lui et tous les humains : Il lui a été fait miséricorde. Autrement dit, Dieu choisit des hommes incapables de faire ce qu’il attend d’eux pour que ce soit sa grâce seule qui les retourne, et qui passe par eux. Moïse n’aurait pu faire tout ce qu’il a fait si le Seigneur ne l’avait guidé et inspiré. Saul ne serait pas devenu Paul et serait resté un persécuteur zélé sans le Christ Jésus. A ceux qui pensent que Dieu n’a pas besoin d’eux, qu’ils ne savent rien faire qui pourrait lui servir, au contraire, Il compte sur vous pour montrer que c’est Lui qui le fait par vous !
On entend de plus en plus parler du syndrome de l’imposteur. C’est un mécanisme psychique qui nous fait douter de nos talents, de notre propre valeur et qui en vient à se dévaloriser et qui pousse finalement à attribuer ses réussites, ses succès à des facteurs externes comme la chance ou le hasard. c’est à dire de la personne qui pense qu’elle a pris la place de quelqu’un et qu’elle n’est donc pas à sa place. C’est, je crois, une tentation du malin qui ne vient pas nous accuser par l’intermédiaire de quelqu’un d’autre mais qui est encore plus fort car il réussit à ce que nous nous auto-accusions, à ce que nous nous dévalorisions tout seuls ! C’est fou ! Ne nous faisons pas avoir. Ne prenons pas ce que dit cette petite voix pour la vérité !
Que de changements entre le début et la fin : à la fin, Dieu ne fait pas le mal qu’il avait annoncé à Moïse. A la fin, Saul a découvert une nouvelle facette sur Dieu : sa miséricorde pour lui, pour le peuple d'Israël et pour toute l'humanité ! A la fin, la brebis perdue est retrouvée. A la fin, la pièce d’argent perdue est retrouvée. A la fin, le berger et la femme, tous joyeux, rassemblent leurs amis et leurs voisins et leur déclarent : « réjouissez-vous avec nous car nous avons retrouvé notre brebis et notre pièce d’argent ». A la fin de la 3° parabole du père et des deux fils, St Luc ne raconte pas si les pharisiens et les scribes auxquels Jésus racontaient les trois paraboles se sont reconnus pécheurs et convertis. A la fin de mon homélie, serons-nous toujours le ou la même ou la Parole de Dieu nous aura-t-elle touché personnellement et permis de reconnaître notre désobéissance, nos endurcissements de coeur, nos égoïsmes, avec les mots de la prière du roi David dans le Psaume 50.
Entre le début et la fin, des conversions intérieures ont été vécues : on est passé des reproches formulés en : ton peuple s’est corrompu ; quand ton fils que voilà est revenu ; la relation est coupée, rompue. Il y a eu une changement de point de vue : les relations ont pu reprendre : le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple, il n’est plus question du peuple de Moïse comme au moment de la colère ; Toi, mon enfant, ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie.
Dans nos lectures, nous avons repéré 5 ingrédients de vie de disciple-missionnaire : la prière avec le dialogue entre Moïse et Dieu, le témoignage de Saul de sa vie transformée par la grâce de Dieu en JC, le Sauveur ; Moïse et Paul qui sont au service de ceux que le Seigneur leur a confié ; la formation des autres grâce à la relecture de ce qu’ils ont vécu qui peut les inspirer à leur tour ; la convivialité et la fraternité : le repas organisé par le père, l’espérance d’une fraternité retrouvée entre les 2 fils ; le repas de fête avec les amis et les voisins, comme à la fin de tous les albums d'Astérix et d'Obélix.
En conclusion, c’est possible par un esprit de service et désintéressé, en vivant en frères et sœurs, en témoignant de la bonté de ce Dieu qui transforme des vies. L’enjeu est de transformer la colère qui veut détruire en force de relèvement, de résurrection, de renaissance. Que faisons-nous de notre colère ? Accueillons-la sans nous laisser submerger, ni détruire par elle. Transformons la colère qui exclut et qui écrase, ou l’inquiétude de la perte, en joie que l’on veut partager avec d’autres. Cela pourrait être un défi pour cette année : être patient et miséricordieux pour nous et les autres comme le Seigneur l’est si souvent avec nous !
Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-10
P. Olivier Joncour