Dis-nous, Marie Madeleine, qu'as-tu vu en chemin ? Veillée pascale (4.04.2021)
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Veillée pascale Dimanche 4 avril 2021 Ste Marie-Madeleine Gennevilliers
« Dis-nous, Marie Madeleine, qu'as-tu vu en chemin ? »
Il y a 1988 ans, il n’y avait que quelques femmes qui s’étaient réveillées de bonne heure pour aller acheter des parfums pour embaumer le corps de Jé-sus et se rendre à son tombeau pour s’occuper du corps de leur ami mort dans d’atroces souffrances après un drame intérieur. Les hommes ne faisaient pas les fiers. Certains faisaient peut-être la grasse matinée.
La vie est-elle une comédie ou une tragédie ? Si c’est une tragédie, il n’y a pas de fin heureuse, pas d’happy end ! Et si ce que nous avons entendu ce matin, avec les grandes étapes de l’histoire depuis la création par Dieu, en passant par la libération de l’esclavage en Egypte par le passage à travers les eaux de la Mer rouge du peuple choisi qui plusieurs fois sera infidèle à l’Alliance qu’il avait accepté de vivre avec le Dieu qui l’avait fait sortir du pays d’Egypte, et si nous passions de la tragédie humaine à la Divine comédie (Dante) ?!
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Je suis heureux que malgré les conditions difficiles de cette année, nous ayons pu nous adapter et que nous puissions célébrer dans cette église la plus ancienne de Gennevilliers placée sous le patronage de Ste Marie-Madeleine, qui est placée en tête du groupe des femmes. Dans l’évangile selon St Jean, elle est seule (Jn 20). Il n’y avait que quelques femmes. Et c’est elle qui a vu et reconnu en première Jésus ressuscité. Oh! ce ne fut pas immédiat. Il lui fallut du temps comme aux autres : Thomas, les deux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35), ...
Ce matin, à Gennevilliers, ça pique, n’est-ce pas ? Nous avons de petits yeux. Pourtant, nous nous sommes levés alors que nous aurions pu choisir une heure de messe plus raisonnable. Je remarque que nous sommes nombreux et qu’il y a même des hommes ! Et qu’il y a même un photographe que cela intéresse pour saisir l’événement pour un reportage !
Mais qu’y avait-il à voir ? Une pierre roulée. Un tombeau ouvert et vide, sans corps. St Matthieu précise qu’il était pourtant gardé par des soldats.
Chez Marc, un jeune homme vêtu en blanc leur parle du crucifié qui n’est plus là et les rassure : il a été ressuscité. Il leur donne rendez-vous ailleurs, en Galilée, là où tout avait commencé. C’est LA bonne nouvelle : son corps n’a pas été volé. Il n’a pas fait semblant d’être mort comme s’il avait été dans le comas avant de se réveiller. Non ! Moins de quarante heures après sa mort, le corps n’a pas encore eu le temps de commencer à se décomposer. Si bien que son corps mort a été relevé par la puissance d’amour et l’Esprit vivifiant divin du Père qui n’abandonne pas son Fils.
Qu’en ont-ils déduit ? La mort n’a pas le dernier mot de notre vie humaine et terrestre. Jésus est vivant pas seulement dans notre imaginaire, ni en rêve, mais en vrai. D’ailleurs, ils l’ont rencontré pendant quarante jours avant qu’il ne monte au ciel. D’ailleurs, la vie de beaucoup qui avaient vécu avec lui a été encore plus fortement transformée et bouleversée que lors de leur première rencontre. Ils n’étaient pas des grands intellectuels, ni des savants, ni des nobles, mais des hommes ordinaires. Des peureux enfermé entre eux ont quitté Jérusalem et la Galilée, leur zone de confort, pour partir jusqu’à Rome pour Pierre, en Inde pour St Thomas. Ils étaient porteurs d’une nouvelle lumineuse. Ils ont commencé à annoncer aux juifs que Jésus était le Messie annoncé par les prophètes avant de confesser qu’il était aussi le Fils de Dieu, mort pour nous, pour nous sauver, racheter. Un nouveau monde est possible. Dans sa Passion et sa mort sur la croix, il a rejoint toutes les personnes qui souffrent, qui ont souffert, qui souffriront.
Et encore aujourd’hui, il vient bouleverser des vies : celles de Dominique et de Whendy, celles de Jean-Rachid qui croyait au Dieu de Mahomet avant d’être touché par la proximité de Jésus dans le peu qu’en parlait le Coran au point qu’il a commencé à lire les évangiles et qui a été baptisé il y a quelques années à Gennevilliers, ou encore ceux qui mettent le Seigneur au défi : ‘montre-moi que tu existes, fais quelque chose pour moi.’ A chaque fois, il y a une rencontre personnelle : un coeur à coeur dans la prière. Pour le dire comme St Paul, le persécuteur devenu apôtre : « Avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Ga 2, 19b-20). Par le baptême, par notre union avec Jésus crucifié, mort et ressuscité, nous devenons une nouvelle création. Sur la croix, Jésus nous dit : « tu le vaux bien et j’ai payé le prix. J’ai même pris cher ! » Adam et Eve avaient ouvert la boîte de Pandore : le dragon s’était échappé et avait kidnappé la belle princesse. Mais son père a cherché qui serait suffisamment noble, courageux, fort, combatif pour la retrouver et la délivrer du dragon. Un jeune homme s’est présenté pour cette mission. Après bien des épreuves et des oppositions, il a retrouvé la princesse et a pu la ramener à son père. Il a été accueilli avec joie et le mariage de sa fille avec le chevalier eut lieu, les noces de Jésus avec l’Église. C’est une autre manière de raconter l’histoire du salut où Dieu a vu l’humanité à laquelle il avait donné vie être enlevée par son le malin jusqu’à ce que le Sauveur la délivre une fois pour toutes. Quelle Love story pour la « Belle du Seigneur » (Albert Cohen) !
Que devons-nous retenir ? Jésus est vivant. La nouvelle n’est pas un message mais une personne. La chenille a mué en papillon. L’arbre mort de la croix a reverdi. Rien n’est plus comme avant !
Gn 1, 24-31 ; Gn 22 ; Ex 14 ; Ez 36; Rm 6 ; Ps 117 ; Mc 16, 1-8
P. Olivier Joncour