Hésitations, joie, communauté unie Homélie 2° dim TP B Divine miséricorde (7.04.2024)
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Dimanche 7 avril 2024 Divine Miséricorde NDA et St Jean des Grésillons Gennevilliers
Hésitations, joie, communauté unie
Nous sommes dans la joie de Pâques, c’est-à-dire du retour de Jésus, de son réveil du sommeil de la mort. Si on compte à partir de la naissance de Jésus, en tenant compte de l’incarnation, « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14), on aurait pu aussi décider de compter à partir de sa résurrection qui marque un avant et un après dans l’histoire de l’humanité et des religions. En ressuscitant Jésus, Dieu a sauvé tous les hommes. Beaucoup de femmes et d’hommes ont la vie changée, transformée. Personne n’aurait pu imaginer que cela pourrait amener tant de transformations pour le peuple de la première alliance et pour les païens qui accueilleraient dans leur vie, par la foi, par grâce, le salut et la rédemption en Jésus-Christ.
A partir de ce que nous en disent les disciples de Jésus qui hésitent, auxquels il faut du temps pour le reconnaître, pour croire que l’homme qu’il connaissait qui est mort crucifié, dans d’atroces souffrances, défiguré, asphyxié, est le même que celui qui a marché avec les deux disciples qui allaient vers Emmaüs, est le même que celui qui apparaît aux Dix (les 12 moins Judas et Thomas qui est absent) et qui apparaîtra encore le dimanche suivant aux Onze !
Ce qui me frappe dans ce récit, c’est que l’évangéliste St Jean rapporte les émotions de ceux qui rencontrent Jésus glorifié, le Vivant. Les disciples sont remplis de joie en voyant le Seigneur. C’était tellement une bonne nouvelle que leur coeur est remplie et déborde de joie. Combien d’alleluia sur leurs lèvres ! Loué soit le Seigneur ! Alleluia !
Et pour Thomas l’incrédule, Jésus le remet à sa place. Il le rejoint dans son manque de foi, dans son absence de foi. Thomas, c’est un rationnel, on dirait aujourd’hui un scientifique. Devant Jésus, Thomas est désarmé. Les résistances qui étaient en Thomas sont vaincues. Et de son coeur jaillit une magnifique profession de foi : Mon Seigneur et mon Dieu.
Quelle place accordons-nous à nos émotions dans notre vie spirituelle ? Plusieurs personnes m’ont en effet dit qu’il leur arrivait de pleurer à la messe, pas de tristesse ni de chagrin, mais des larmes qui montent et une grande émotion qu’elles ne maîtrisent pas les fait pleurer. Elles trouvent cela plutôt gênant et baissent la tête pour se cacher. En fait le Seigneur leur fait une grande grâce, la grâce des larmes. Il remplit leur coeur de consolation, de bénédiction, de la grâce d’être aimées par Lui.
En ce dimanche, nous saisissons aussi mieux l’importance de vivre en Eglise, dans une communauté, comme en famille. C’est ce que Thomas a compris après les autres lui ont raconté ce qui s’était passé. Le dimanche, il faut être en Eglise, avec les Dix autres. Car, nous avons besoin les uns des autres, nous avons besoin d’appartenir à une communauté de croyants. Et quand on voit une chaise vide ou une place libre sur notre banc, cela nous rappelle, qu’il manque quelqu’un, que quelqu’un nous manque, même si elle ne sait pas qu’elle nous manque ni qu’elle pourrait être soutenue par une communauté fraternelle sur laquelle elle pourrait s’appuyer tant spirituellement que matériellement. Nous avons commencé le carême par des cendres sur le front. Nous avons commencé le Temps pascal par un feu. Il éclaire et réchauffe. Si on sort une charbon brûlant, rouge, avec une pince et qu’on le met sur le côté, il va vite se refroidir et devenir gris puis noir, comme le charbon de bois. Si on le remet dans le feu, il va à nouveau chauffer et devenir rouge et brûlant. Restons dans le feu brûlant et miséricordieux du coeur du Christ dans l’Église.
Et dans l’extrait des Actes des Apôtres, nous avons vu ce que produit le baptême : un seul coeur et une seule âme. C’est aussi la logique de la mise en commun, du partage, de l’entraide. Combien d’entre nous ont aussi fait l’expérience que les relations entre les disciples de Jésus sont changées. On ne retrouve cela nulle part ailleurs : la solidarité, l’attention aux uns et aux autres. C’est dans la vie religieuse et monastique que s’incarne le mieux cette description de la vie communautaire.
A force de voir les personnes se disputer pour des petits riens, dans sa paroisse, de dire des médisances les uns sur les autres, d’être jaloux des dons des autres, un dimanche matin, le curé a déclaré que sa paroisse était morte ! C’est la raison pour laquelle il avait placé un cercueil dont il n’avait pas fermé le couvercle. Et comme lors d’obsèques, il a proposé à chaque personne de venir bénir avec l’eau bénite. Et en se penchant, chacun a vu son visage car le curé avait mis un miroir au fond du cercueil.
Demandons au Seigneur que notre foi en Jésus Ressuscité qui révèle l’amour miséricordieux du Père brûle nos coeurs pour que toute personne fragile, exclue, rejetée, blessée, trouve sa place dans notre Famille-Eglise à travers des relations fraternelles joyeuses et bienveillantes.
Ac 4, 32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31
P. Olivier Joncour