Itinéraire de foi de Ste Marie-Madeleine Homélie 16° dim TO A (23.07.2023)

Dimanche 23 juillet 2023 16° dim TO A St Jean et Ste Matrie-Madeleine, Gennevilliers

Itinéraire de foi de Ste Marie-Madeleine

Après le baptême, le catéchumène devient néophyte

Comment appelle-t-on un adolescent ou adulte qui vient d’être baptisé ? C’est un mot qui vient du grec et qui se traduit en français par « nouvelle plante ». Néophyte. Jeune pousse. Il a tellement découvert et changé en quelques mois. Il lui faudra encore passer par bien des découvertes, prévisibles ou non, découvrant que dans le coeur des femmes et des hommes il y a du bon grain semé par le Créateur et de l’ivraie que le serpent de la Genèse a jeté.

Même s’il est plein d’enthousiasme, le nouveau baptisé qui a été confirmé et qui a communié pour la première fois reste fragile. Pour lui, il lui faut passer, comme à la piscine, du petit bassin où on a pied, au grand bassin plus profond, plus grand. Regardons le parcours accompli par Marie de Magdala et les étapes par lesquelles elle est passée avant que Jésus lui demande d’annoncer qu’il avait été ressuscité aux apôtres.

Elle avait entendu parler d'un charpentier qui avait grandi à Nazareth, et commencé à faire parler de Lui à Capharnaüm et ses environs. Ce n’est que plus tard, pour assouvir sa curiosité qu’elle a pu Le voir, L’écouter, regarder comment Il s’adressait aux foules, comment Il dialoguait avec des personnes en tête à tête pour aller droit à l’essentiel, comment Il bousculait les lignes strictes du judaïsme notamment sur le sabbat et d’autres aspects de la Loi de Moïse qu’Il commentait.

Elle a enfin vécu une rencontre marquante avec Jésus. Une rencontre étonnante. Une rencontre personnelle. Pour cela, il avait fallu se faufiler sans attirer l’attention ni être empêchée de L’approcher par sa garde rapprochée qui faisait parfois barrage pour le protéger, pour qu’il ne soit pas dérangé, pour qu’il puisse se reposer et que n’importe qui ne lui demande pas n’importe quoi. Mais là aussi, il savait faire comprendre que comme pour les petits enfants que certains repoussaient (cf Mt 19, 13-14), il était disponible pour écouter, pour prier, pour guérir, pour annoncer le pardon, pour être exigeant, pour accepter l’invitation de personnes qui n’ont pas une bonne réputation, ...

Elle a changé de vie en vivant une conversion. Par le pardon de ses péchés, du mal qu’elle avait pensé, dit et fait, ce mal qui l’avait éloigné des autres et de Dieu, elle a pu renaître à une vie nouvelle. Elle s’est sentie aimée comme elle ne l’avait jamais été. Et pourtant, des hommes elle en avait connu. Mais jamais elle n’avait été aimée de cette façon. Alors que tout ce qu’elle avait dit, fait ou le bien qu’elle n’avait pas dit ni fait aurait dû Le tenir à l’écart d’elle pour lui éviter d’être contaminé, il ne l’a pas vu. Elle, la fille de Sion, la fille d’Israël recouverte de boue, défigurée, méconnaissable. Il avait vu ce que le malin n’avait pas détruit et qui était pourtant caché, sa soif d’aimer en vérité, et d’être aimée pour ce qu’elle est, et non pas pour ce qu’elle avait fait de bien quand elle était enfant qui pensait que Dieu la voyait et comptait ses bonnes actions sur un cahier.

Alors que les pharisiens se tiennent à distance des pécheurs, alors qu’elle avait la réputation de piéger les hommes pour qu’ils trompent leur épouse, elle l’avait entendu pardonner à une femme qui avait été prise en flagrant délit d’adultère que la foule était prête à lapider. Il avait aussi affirmé que « les publicains et les prostituées rentreraient avant dans le Royaume de Dieu » (Mt 21,31). Alors que les commérages allaient probablement bon train dans son village de Magdala au point de l’exclure comme la Samaritaine qui avait déjà été mariée cinq fois (cf Jn 4), elle a été acceptée dans le petit groupe des autres femmes qui suivaient déjà Jésus, y compris par une autre Marie, sa mère. Alors que la société juive tient à distance les hommes et les femmes notamment à la synagogue, elle découvrait qu’il était possible de vivre des relations qui n’étaient pas que dans la séduction ni dans le rapport de domination masculine ou patriarcale, mais de l'ordre de la fraternité. Ce qui comptait, c’était ce qu’elle était devenue.

Elle avait tout quitter pour Le suivre. Elle avait le pressentiment qu’avec Lui, le monde pouvait changer : le monde juif, le monde païen, les rapports sociaux. Elle faisait partie du groupe de celles et ceux qui ont vécu avec Jésus y compris lors de son arrivée et son entrée à Jérusalem. Elle en était heureuse. Elle en était fière. Elle était dans la joie, une joie immense. Tout ne fut pas simple pour elle y compris quand Il fut trahi, vendu, renié, arrêté, condamné à mort, flagellé, obligé à porter la barre horizontale de la croix, humilié, moqué, puis crucifié et agonisant, perdant souffle, avec les derniers au pied de la croix, à le descendre une fois mort et le coup de lance dans son coeur avant de porter son corps mort dans un tombeau creusé dans un rocher qui n’avait jamais été utilisé.

C’est elle qui se leva à l’aube après le sabbat, qui a vu la pierre roulée, le tombeau vide, l’ange, le jardinier qui l’a appelé par son nom de telle manière qu’il n’y en avait qu’un qui l’appelait ainsi et qui lui demandait d’aller voir se frères pour qu’elle leur annonce qu’il était vivant, qu'il était vraiment ressuscité dans la mesure où Pierre et Jean ne l’avaient pas fait.

Elle a raconté ce que Jésus a fait pour elle et pour tant d’autres qu’elle a rencontrés et qui lui ont témoigné de la manière dont Jésus avait changé leur vie. Elle a raconté combien elle était vulnérable, combien , à une période de sa vie, elle avait été dans les ténèbres, que Dieu lui semblait loin, un étranger, un inconnu et comment tout a changé, comment tout a basculé, comment Jésus a transformé sa vie.

En cette III° Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, rendons grâce à Dieu pour Zacharie et Anne que nous allons fêter dans quelques jours, pour la foi qu'ils ont transmise à leur fille Marie, pour son oui et cette foi qui a nourri l'enfance de Jésus, dont elle deviendra plus tard un des disciples.

Sg 12, 13.16-19 ; Ps 85 ; Rm 8, 26-27 ; Mt 13, 24-43

P. Olivier Joncour

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