La première disciple-missionnaire Homélie (26.05.2023)

Vendredi 26 mai 2023 Messe de Ste Marie-Madeleine Gennevilliers

Messe de l'arrivée de 2 reliques de Ste Marie-Madeleine

La première disciple-missionnaire

Laissons-nous enseigner par le parcours humain et de foi de Marie du village de Magdala, près de Capharnaüm sur les rives du lac de Tibériade. Que savons-nous d’elle à partir des évangiles et que nous apprend-elle ?

C’était une femme, une femme juive. Elle a entendu parler de Jésus comme beaucoup. Elle a dû l'entendre parler depuis la foule. Elle a été curieuse puis séduite. Et un jour, elle a fait un pas de plus : elle est allée à sa rencontre en ayant acheté un parfum très cher. Alors que Jésus a été invité par un Pharisien, elle entre aussi chez lui – elle s’incruste diraient les jeunes – et sans rien dire ni lui demander l’autorisation, elle prend la très grande liberté de lui verser ce parfum sur les pieds et de les essuyer avec ses cheveux. Jésus la pardonne. Et par sa foi, elle est sauvée. Nous reprendrons ce récit demain après-midi.

Sainte Marie-Madeleine au pied de la croix

Ensuite, nous comprenons qu’elle a décidé de le suivre jusqu’à Jérusalem, jusqu’au pied de la croix, jusqu’à la fermeture du tombeau. Puis d’y retourner le dimanche matin, avec un vase d’aromates pour s’occuper du corps mort de son ami qui a transformé sa vie pour faire ce qui n’avait pas été possible à cause du début du sabbat. A sa surprise, la pierre du tombeau a été roulée. Deuxième surprise : le tombeau est vide. Le corps n’y est plus. Comme la bien-aimée du Cantique des cantiques, elle l’a cherché sans le trouver. Troisième surprise, l’homme qu’elle croyait être le jardinier est en fait celui qu’elle cherchait. Le mort a été réveillé et remis debout. Il est le vivant. Ce n’est pas à la fraction du pain qu’elle l’a reconnu, ni aux cinq plaies de la crucifixion, ni à sa silhouette, mais c’est à la manière dont il l’a appelée par son prénom. Marie, Myriam en hébreu. Il n’y a que lui qui l’appelait comme cela. Alors qu’elle veut le retenir, le saisir, le garder pour elle, il lui demande de prévenir les autres. Elle court, comme les deux disciples revenant d’Emmaüs.

Les récits des rencontres de Jésus ressuscité avec ses personnes proches ont tous en commun qu’il n’est pas reconnu immédiatement : c’est presque embarrassant pour eux alors que Jésus leur avait annoncé trois fois qu’il ressusciterait. Le fait qu’ils ne soient pas à leur avantage montre bien que ce n’est pas une invention. Si cela avait été inventé, les auteurs auraient raconté qu’ils l’auraient tous reconnus du premier coup.

Elle est donc envoyée par Jésus annoncer la Bonne Nouvelle. C’est pourquoi elle est appelée l’« apôtre des apôtres ». Là aussi Jésus casse tous les codes. Il envoie une femme, et une femme seule, alors que dans le judaïsme, il faut au moins être deux pour qu’un témoignage soit valable. On retrouve enfin son nom dans la liste de ceux qui sont avec les apôtres et la Vierge Marie au Cénacle, entre l’Ascension et la venue du St Esprit.

Dieu ne choisit donc pas des gens parfaits et capables pour sa mission ! C’est Lui qui les rend capables ! Dans la Bible, combien de témoins de la foi ne sont pas des personnes parfaites, lisses, compétentes et sans défauts. Elles ont accepté de faire la volonté de Dieu, de se laisser façonner par Lui et aussi pardonner. De disciple, Marie de Magdala est devenue missionnaire. Réécoutons ce que le Pape François écrit dans « La joie de l’évangile » : « Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes “disciples” et “missionnaires”, mais toujours que nous sommes “disciples-missionnaires” (Evangelii Gaudium 120) Ecoutons le rêve du Pape François lorsqu’il parle de l’Église en sortie et en croissance, pas tant pour ceux qui en font partie que pour ceux qu’y sont pas :

« Je rêve d’une Eglise profondément transformée et missionnaire, où chacun aurait fait une rencontre personnelle avec le Seigneur et serait engagé sur un chemin de croissance, mettrait Jésus à la première place dans sa vie, développerait chaque jour sa relation avec Lui par la prière. D’une communauté fraternelle et chaleureuse où chacun serait le bienvenu, trouverait sa place, tel qu’il est, et se sentirait accueilli, aimé, soutenu. Tous prendraient soin les uns des autres. D’une église où chacun aurait le désir de grandir spirituellement, de se former et d’affermir sa foi de disciple. Chacun laisserait le Seigneur disposer de ses dons et de ses talents pour les mettre au service de la mission, se donnerait entièrement en renonçant à son désir propre. D’une organisation où prêtres, religieux et laïcs seraient engagés dans une vraie coresponsabilité et une vision commune, cheminant ensemble vers la sainteté, et prendraient chacune de leurs décisions guidées par l’Esprit-Saint. D’un terrain de mission où chacun aurait le souci du salut des âmes, le courage d’inviter, serait prêt à sortir pour témoigner et annoncer un Dieu inconditionnellement aimant et miséricordieux, afin que d’autres puissent à leur tour faire cette expérience bouleversante d’un amour infini. De voir chaque dimanche toujours plus de nouveaux convertis ou reconvertis donner leur vie à Jésus. Je rêve d’une église de disciples-missionnaires prêts à mettre le feu au monde, qui formeraient d’autres disciples-missionnaires. Et vous, de quoi rêvez-vous? »

De Marie-Madeleine, nous apprenons à passer de la force centrifuge qui nous rassemble, pour un temps de prière, de service, de formation ou de fraternité, avec le risque de rester entre nous comme l’Église naissante enfermée au Cénacle, à la force centripète où Jésus nous envoie, nous expulse, pour aller vers l’extérieur : allez, faites des disciples !

Ct ; Ps ; Jn 20

OJ+

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