Jean, un drôle de témoin Homélie 3° dim Avent B (17.12.2023)

Dimanche 17 décembre 2023 3° dim Avent B St Jean et MM Gennevilliers

Jean, un drôle de témoin

"En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes" (Jn 1,4)

Quels contrastes entre l’évangile selon St Jean aujourd’hui et l’évangile selon St Marc qui présentent tous les deux Jean le baptiste ! Quand St Marc, après son titre, commençait par parler de Jean le Baptiste, l’évangéliste St Jean part de plus haut, du Ciel, de la Parole de Dieu avec quelques versets que nous n’avons pas entendus et qui ne sont pas sans nous rappeler les premiers mots de la Genèse : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1, 1-5)

Ce que nous avons écouté vient ensuite. Nous comprenons alors mieux que la Lumière, c’est cette Parole divine. C’est celle que le Seigneur a créé par sa Parole au Jour 1 de la création en disant : « Que la lumière soit ! » (1,3a). Sa mission reçue de Dieu est de témoigner, d’être le témoin d’un autre. Et pourtant, il a reçu une mission difficile. En effet, habituellement, le témoin raconte ce qu’il a vu et entendu dans le cadre d’un procès soit pour innocenter, soit pour reconnaître la culpabilité de la personne accusée. Et dans le judaïsme, il faut en principe deux personnes pour que le témoignage soit crédible et recevable. Or, ici, Celui auquel il doit rendre un témoignage n’a encore rien dit, ni rien fait. Tout arrivera après le baptême dans le Jourdain.

Ce qu’a déjà vécu Jean intrigue au point que les Juifs lui ont envoyé des prêtres et des lévites pour se renseigner et l’interroger, comme dans un procès. Et dans un procès, on veut toujours en savoir plus sur l’accusé : Qui es-tu ? Ils lui poseront en tout quatre fois cette question. Et aussi des questions plus précises au sujet de croyants juifs dont la renommé était très grande et dont l’attente était forte : le Messie, celui qui devait recevoir l’onction de l’Esprit St, de la descendance du roi David, le Christ pour le dire avec le mot grec ; le prophète Elie qui n’était pas mort mais que le Seigneur avait enlevé dans un char de feu pour monter au ciel dans un ouragan (2 R 2, 1-11) ; le Prophète annoncé le fut par Moïse dans le livre du Deutéronome (18,15) : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. ». Ceux qui l’interrogent ont besoin d’une réponse claire après tous les négatives. Il donne un indice en citant un prophète célèbre, Isaïe. Et là il se situe en dépendance d’un autre : je suis la voix de celui qui crie dans le désert.

Les enquêteurs sont bien renseignés sur son activité principale : baptiser dans l’eau du Jourdain, cette rivière qui s’écoule du nord vers le sud, qui sert de frontière naturelle avec tout ce qui se trouve à l’est, près de Jéricho, un des lieux les plus bas de la planète terre. C’est le même Jourdain que, plusieurs siècles auparavant, les douze tribus d’Israël guidés par Josué à la suite de Moïse ont traversé à pied sec pour entrer dans la terre que le Seigneur avait déjà donnée à Abraham et sa descendance. Ses sources sont dans le nord puis il se jette dans la Mer de Galilée avant de continuer vers le sud jusqu'à la Mer Morte. Ce Béthanie n’est pas à confondre avec l’autre où vivent Lazare, Marthe et Marie (Jn 11,1), près de de Jérusalem. En tous cas, on est loin de Jérusalem, la capitale, et du Temple. Pour s’y rendre, les enquêteurs ont dû traverser le désert aride de Judée, et surtout descendre sous le niveau de la mer Méditerranée. On est dans les périphéries.

Sur ce baptême dans l’eau, cette plongée dans l’eau, Jean n’en donne pas le sens. Par contre, il se situe par rapport à Celui dont il doit témoigner. Et de façon aussi mystérieuse, il parle d’un inconnu de façon énigmatique. Dans le second geste qu’il ne se permettrait pas, - délier la courroie de ses sandales – c’est un geste que fait un principe un esclave qui n’est pas juif. Dès le début, on sent déjà une tension forte des autorités juives du Sanhédrin.

"Soyez toujours dans la joie"

On est loin aussi de la joie à laquelle St Paul invitait les Thessaloniciens. Une joie profonde de la personne qui est animée par l’Esprit du Seigneur qui est décrit par le prophète Isaïe. C’est un des fruits du St Esprit dans la liste donnée par St Paul dans la lettre aux Galates (5,22). C’est la joie de ceux qui voient s’accomplir les promesses du Seigneur qui sauve et libère son peuple, comme la Vierge Marie dont nous avons entendu le début du Magnificat que le père Jean-Do nous a présenté vendredi 8 décembre après la messe de l’Immaculée Conception et la nuit de prière qui a suivi pour notre paroisse, à ND des Agnettes.

Quelle est notre joie d’accueillir le Corps eucharistique du Seigneur Jésus, le crucifié-mort-ressuscité, qui vient à chaque fois se donner lorsque nous communions à la messe, dans l’attente de sa dernière venue ? Alors, je vous le demande, montrez votre joie d'accueillir le Christ par un sourire lorsque vous recevez l'Eucharistie.

Is 61, 1-2a.10-11 ; Lc 1 ; 1 Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8.19-28

P. Olivier Joncour

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