Aimer avec nos deux mains Homélie 31° dim TO B (31.10.2021)

Dimanche 31 octobre 2021 31° dim TO B Gennevilliers

Aimer avec nos deux mains

Ce double commandement de l’amour de Dieu et du prochain n’est pas nouveau. Jésus cite d’une part le livre du Deutéronome et d’autre part celui du Lévitique. Il les présente comment en dialogue, comme les deux jambes sur lesquelles marcher et avancer, les deux poumons avec lesquels nous devons respirer, les deux mains avec lesquelles agir : l’une dans la prière comme si tout dépendait de Dieu, et l’autre pour agir comme si tout dépendait de nous. Nous pourrions relire cette semaine la 1° lettre de St Jean qui développe la logique de ce double commandement en dialogue. Je ne peux pas choisir l’un sans l’autre. En fait, c’est la colonne vertébrale des autres commandements qui en dépendent, mais aussi celle de son être : son être-pour-Dieu son Père qui l’a envoyé en prenant du temps pour prier à l’écart mais aussi en allant à la synagogue ou au Temple de Jérusalem, et son être-pour-les-humains qu’il est venu enseigner, guérir, pardonner, sauver.

Pour l’être-pour-son-Père qui est au Ciel, il faut relire la grande prière de Jésus au chapitre 17 de l’évangile de St Jean.

Pour l’être-de-Jésus-pour-l’humanité avec laquelle il a voulu conclure une nouvelle alliance, nous pouvons relire le début du chapitre 13 de l’évangile selon St Jean. Que se passe-t-il entre « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » (Jn 13,1b) et « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13) ? Il y a le récit du lavement des pieds au cours de son dernier repas, où Dieu le Fils fait homme s’est fait le serviteur de tous. Il y a aussi au début du chapitre 15 la comparaison de la vigne qui explique les relations de Jésus avec son Père et ses disciples. Il y présente son commandement nouveau.

Du chapitre 13 au 19, nous sommes les témoins de la Passion du Christ Jésus, grand-prêtre à la manière dont en parle l’auteur de la lettre aux Hébreux et aussi Agneau pascal offert en sacrifice de réparation et de réconciliation. C’est la Passion aux deux sens du mot : aimer et souffrir (cf Jacques Turck Comme l’argile dans les mains du potier St Léger Editions, 2021, p. 101+)

Parce que « Dieu est amour » (1 Jn 4,8b), qu’il t’aime quand il prend patience ; quand il rend service ; quand il ne jalouse pas ; quand il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, quand il ne fait rien d’inconvenant ; quand il ne cherche pas son intérêt ; quand il ne s’emporte pas ; quand il n’entretient pas de rancune ; quand il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais qu’il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; quand il supporte tout, qu’il fait confiance en tout, qu’il espère tout, qu’il endure tout (cf 1 Co 13, 4-7) C’est pourquoi, Dieu comme l’amour ne passera jamais. Comment le traduire concrètement dans nos vies ? Aime Celui qui t’a aimé en t’ayant donné la vie biologique et la vie éternelle.

- Aimons Celui qui nous a aimés en envoyant son Fils non pas pour nous juger et nous condamner mais nous sauver. Avec Ste Faustine, disons et répètons : « Jésus, j’ai confiance en toi ». Avec Ste Marguerite-Marie Alacoque à Paray-le-Monial, contemplons le coeur divin du Fils qui dit tout l’amour du Père qui habite en nous par l’Esprit St, son sacré coeur.

- Aimons Celui qui nous a envoyé son Esprit Saint, son souffle d’Amour qui nous garde en communion avec Lui et dans la Communion de l’Église.

- Aimons notre prochain comme le Fils a aimé sans faire de différence, les juifs comme les païens, les hommes comme les femmes, mais surtout les exclus, les moins que rien, les pauvres, les pécheurs, les prostituées, les mal aimant et les mal aimés, les malades et les porteurs d’un handicap, les invisibles.

Aimons nos frères et sœurs pour être des témoins crédibles, et demandons au Seigneur d’aimer à travers nous celles et ceux que nous avons du mal à aimer et supporter : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35) C’est la fraternité, le sens du service, l’attention ds les petites et les grandes choses.

Aimer, c’est s'exprimer selon "les 5 langages de l’amour" (cf Gary Chapman). Aimer, c’est passer du temps avec l’Autre, vivre des temps de qualité, même en silence. « Tu es là. Je suis là. Nous sommes bien ensemble. » Aimer, c’est offrir des cadeaux. Aimer, c’est dire des paroles bienfaisantes et bienveillantes, qui encouragent, pardonnent et relèvent. Aimer, c’est rendre service, c’est s’abaisser pour dire à l’autre combien il est précieux et important. Aimer, c’est par le toucher physique : les gestes de tendresse pour le couple, pour l’amitié et la fraternité c’est prendre par la main pour relever la personne tombée. « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » (1 Jn 3,18) En italien, je t’aime se dit « Ti voglio bene » = Je te veux du bien ; je veux ton bien.

La répétition d'un mot dans le psaume a attiré mon attention et m'a fait faire le lien avec Lourdes où j'accompagnais les pèlerins de Gennevilliers : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite […] Béni soit mon Rocher. Le rocher de la grotte de Massabielle. Nous n’avons pas pu le toucher ni passer près de la source, mais nous avons pu y célébrer la messe au cours de laquelle les intentions de prière que vous aviez confiées au groupe des 16 pèlerins de notre paroisse. Plusieurs fois, les unes et les autres ont prié en silence ou le chapelet que tant suivent sur Radio Notre Dame ou KTO en direct à 15h30.

Dt 6, 2-6 ; Ps 118 ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34

P. Olivier Joncour

S'il me manque l'amour (1 Corinthiens 13) Hymne à la Charité