La Lumière des enfants de lumière 4° dim Carême A (19.03.2023)
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Dimanche 19 mars 2023 4° dim Carême A (Laetare) 2° scrutin de Sira et de Lucy, NDA Gennevilliers
La Lumière des enfants de lumière
Dans notre progression dans l’histoire du salut, nous avançons : après Adam et Eve (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a), Abraham (Gn 12, 1-4a) puis la soif des hébreux au désert (Ex 17, 3-7), nous en arrivons au choix du jeune David par le Seigneur pour succéder à Saül comme roi d’Israël. De même, après le thème de la soif spirituelle comblée par l’eau vive donnée par Jésus (Jn 4, 5-42) notamment par le don du St Esprit, nous avançons dans l’évangile selon St Jean, avec la rencontre avec cet homme né aveugle.
Le Seigneur Jésus est la « Lumière du monde » (cf Jn 8) qui nous éclaire et qui nous communique sa lumière pour vivre en enfants de lumière.
D’abord, Jésus nous éclaire. Non seulement, il est lumineux comme devant Pierre Jacques et Jean lors de sa transfiguration entre Moïse et Elie (Mt 17, 1-9), mais il trace pour nous un chemin de vie avec Dieu le Père dans la communion du St Esprit dans l'Eglise et le monde, mais aussi par ses enseignements en actes et en discours et paraboles.
Ensuite, il nous communique sa lumière : C’est ce qui se passe lors du baptême : après l’onction avec le St Chrême et la remise du vêtement blanc, l’évêque, le prêtre ou le diacre remet un cierge allumé au cierge pascal et dit « Voici la lumière du Christ ». C’est un écho des paroles du Christ dans son Discours sur la montagne (Mt 5-7), juste après les béatitudes : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14a). Ainsi, par notre manière de vivre, par le don de conseil, nous pouvons faire profiter de sa sagesse à ceux qui ne Le connaissent pas.
Enfin, sans être brillants, nous sommes devenus lumière pour vivre comme des fils et des filles de la lumière.
Dans le récit de cette guérison, parmi les effets de la vie transformée de cet homme, il y a le fait qu’il témoigne de ce que Jésus a fait pour lui, alors même qu’il ne l’a jamais vu, avant d’être reconnu par Jésus à la fin. Il n’a pas peur de témoigner devant ses voisins, puis devant les pharisiens. On dirait un procès où l’accusé est aussi le seul témoin qui raconte avec force de l’identité de celui qui lui a permis de voir. C’est lui Siloé, l’Envoyé. L’homme qu’on appelle Jésus devient ensuite un prophète, puis quelqu’un qui a ouvert les yeux d’un aveugle de naissance, 2 fois Seigneur. Cet homme en obéissant à Jésus dans les choses faciles à faire – aller se laver à la piscine de Siloé – est devenu son disciple en montrant qu’il mettait sa foi en lui et qu’il avait l’espérance de voir enfin. Il est aussi devenu disciple-missionnaire, en répondant aux questions tordues et aux attaques des voisins et des pharisiens. Il y a en lui une force qui le fait parler avec assurance, avec une certaine ironie : Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? Autant ses parents sont prudents et ne veulent pas trop s’engager de peur d’être rejetés, autant lui est dans une solitude qui l’isole de ceux qui s’enferment de plus en plus dans la nuit du refus de reconnaître Jésus comme l’envoyé du Père. Plus le récit avance, plus ils se durcissent et deviennent incapables d’accueillir la nouveauté apportée par Jésus.
Comme croyants, nous ressemblons à cet aveugle, nous qui n’avons jamais vu Jésus. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29b) dira le Ressuscité à Thomas.
Nous comprenons alors mieux comment le Seigneur a éclairé Samuel qui devait trouver parmi les fils de Jessé lequel il avait choisi pour devenir roi d’Israël à la suite de Saül qui n’avait pas été à la hauteur de la mission qu’Il lui avait confiée.
Nous comprenons aussi mieux comment St Paul a pu écrire que ceux qui étaient dans les ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, ils sont lumière ; avant de les exhorter à se conduire comme des enfants de lumière. Il y a un avant et un après. C’est la rencontre personnelle, en vérité, qui bouleverse la personne si elle laisse Jésus éclairer sa vie, ses zones d’ombre, ses peurs, son passé, ses blessures, ses refus, en lui pardonnant, en lui permettant de regarder ce qui n’allait pas, de s’en éloigner et de prendre de nouvelles habitudes vivifiantes et qui font grandir, en s’appuyant aussi sur le sens de la justice, sur la tempérance, sur la prudence et la force d’un amour puissant et sans condition dont rien ni personne ne pourra nous séparer (cf Rm 8, 31-39), mais aussi la force pour ne pas baisser les bras. Et même lorsque nous tombons ou ne réussissons pas, le Seigneur reste à nos côtés pour nous relever, nous pardonner et nous encourager.
Prions : Seigneur, nous sommes tous un peu comme cet homme aveugle auquel tu as permis de voir. Tu n’as pas cherché à connaître l’origine de son handicap, mais ce que tu as fait pour lui est un signe que tu es le Messie, que tu es l’Envoyé du Père qui vient travailler le jour du sabbat pour le bien des hommes. Eclaire-nous sur ce que nous ne voulons pas voir, guéris nos aveuglements et fais-nous témoigner des merveilles que tu fais dans nos vies comme dans celles de Lucy et Sira.
1 S 16, 1.6-7.10-13a ; Ps 22 ; Ép 5, 8-14 ; Jn 9, 1-41
P. Olivier Joncour