Relire sa vie, méditer la Parole et témoigner Homélie 3° dim TP B (18.04.2021)
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Dimanche 18 avril 2021 3° dim Temps pascal B St Jean des Grésillons, Gennevilliers
Relire sa vie, méditer la Parole et témoigner
Retenons trois phrases de l'Evangile qui sont des points de repère pour notre vie en Eglise et de disciples-missionnaires
1) Les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze apôtres ce qui s’était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. Il ne suffit pas de vivre un événement, encore faut-il le relire, le mettre en perspective, pour soi, avant d’en parler à d’autres. Ils avaient relu juste après, alors qu’ils étaient encore à Emmaüs, avant de reprendre la direction de Jérusalem : « Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » » (Lc 24,32). C’était la première réaction, entre personnes qui ont vécu l’événement. Ils sont dans l’émotion partagée. Comme lorsque l’on vient de regarder un film à plusieurs et que l’on sent le besoin de discuter de ce qu’on a compris ou pas. Ici c’est la seconde réaction, quelques heures après, le temps du retour à Jérusalem, après avoir aussi écouté ce que les autres avaient vécu. Ils ont besoin de raconter à d’autres. Dans la lettre d’informations de la paroisse envoyée samedi matin, j’invite à vivre le même processus : « Avec l’EAP et le Conseil paroissial, nous avons relu la Semaine sainte et le dimanche de Pâques. Nous avons été marqués par ce que nous avons vécu. […] Prenons ce temps personnel de relecture, et profitons d’une sortie de messe, d’une rencontre dans la rue, d’un appel téléphonique, pour partager sur le moment fort de la semaine. » (17.04.2021)
2) « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Après avoir rassuré ses disciples, en leur démontrant de plusieurs manières qu’il n’était pas le fruit de leur imagination, ni qu’ils rêvaient, Jésus leur parle et les enseigne. Il les invite à dépasser stupeur et leur crainte, leur incrédulité, leur joie qui est pleine de doute, leur étonnement, Jésus ressuscité leur demande d’aller chercher dans leur mémoire ce qu’il leur avait dit bien avant : les 3 annonces de la Passion, de sa mort et de sa résurrection. Il leur a fait comprendre l’unité entre la Bible juive et ce qu’il avait vécu. Rappelons-nous avec qui Jésus discute lors de la Transfiguration : avec Moïse qui symbolise la Loi, et Elie qui représente les prophètes. Il est la clé des Ecritures. Il ouvre le cadenas qui était fermé. Avec Lui, tout s’éclaircit. C’est comme si un voile était enlevé, qu’on voyait distinctement ce qui était flou.
C’est pour cette raison que les évêques du Concile Vatican II ont demandé que les dimanches, en dehors du temps pascal, la 1° lecture de la messe soit choisie dans la Bible juive en fonction du passage de ce que Jésus disait ou vivait, pour montrer comment il accomplit et réalise ce qui avait été annoncé plusieurs siècles avant. En fait, l’Église a retrouvé ce que les Pères de l’Église, les évêques des premiers siècles avaient déjà expliqué. Ils montraient comment des caractéristiques de la vie de certains préfiguraient ce que Jésus allait vivre : comme Joseph, un des fils de Jacob qui avait été vendu par ses frères qui voulaient le mettre à mort les a sauvés, comme Moïse qui a libéré son peuple de l’esclavage, comme Elie qui a, par la prière, ramené la vie du fils unique d’une veuve. Et tant d’autres encore, comme Jonas qui a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du gros poisson (cf Mt 12,40) avant d’être recraché et d’en sortir vivant pour aller sauver tous ceux faisaient le mal à Ninive. C’est ce va-et-vient que les apôtres ont fait et que nous devons aussi faire. Et c’est possible que si l’on ouvre sa Bible et qu’on médite, seul, à plusieurs.
3) Jésus ressuscité leur dit : « Ainsi est-il écrit que […] la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Avez-vous remarqué que Jésus ne s’arrêtait pas au kérygme : à sa Passion à sa mort et sa résurrection ?! Il ajoute : la conversion sera proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. Il les met au travail. Et c’est ce que fait Pierre, avec l’aide de l’Esprit St lors de la Pentecôte, et aussi après, comme nous l’avons entendu dans la 1° lecture : En ces jours-là, devant le peuple, Pierre prit la parole : et à la fin de l’extrait, on dirait que St Luc a fait un copier-coller : Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés.
Est-ce que notre lettre de mission est différente ? 1) rappelons-nous ce que nous avons vécu pendant la semaine sainte ; avec la même facilité que nous racontons nos difficultés et nos peines, racontons nos joies et ce qui vibrer notre coeur ; 2) Plongeons dans la Bible qui éclaire aussi ce que nous vivons en demandant à l’Esprit Saint de nous éclairer, en faisant comme « Marie qui gardait dans son coeur tous ces événements » (Lc 2,51) ; 3) Vivons notre foi dans tous les aspects de notre vie, un christianisme intégral, et témoignons par des actes miséricordieux, par des paroles miséricordieuses et, quand ce n’est pas possible, par notre prière, comme nous l’avons demandé dimanche dernier à la fin de la prière de Ste Faustine, après la communion.
Ac 3, 13-15.17-19 ; Ps 4 ; 1 Jn 2, 2, 1-5a ; Lc 24, 35-48
P. Olivier Joncour