Missionnaires du Seigneur Homélie 3° dim TO B (21.01.2024)

Dimanche 21 janvier 2024 3° dim TO B St Jean des G Ste Marie-Madeleine Gennevilliers

Missionnaires du Seigneur

Qu’est-ce qui est commun à tous les chrétiens, qu’ils soient orthodoxes, protestants ou catholiques ? C’est bien sûr la même foi en Jésus mort et ressuscité, mais aussi la Bible, la Parole de Dieu par laquelle Il se fait connaître et Il nous dit Qui Il est et ce qu’Il propose comme chemin de vie avec Lui et avec les autres.

En écoutant l’extrait du livre de Jonas, des bons souvenirs du concert Jonas avec les musiciens de tous âges de la paroisse qui avaient joué un morceau qu’ils travaillaient avec leur instrument de musique, en avril 2023, illustrés par des dessins qu’Hélène avaient créés à la lecture des 4 chapitres et dont nous en avons vu trois pendant la lecture.

La Parole de Dieu est plus efficace quand elle est adressée à des païens, à des non juifs, que chez le prophète juif Jonas. Car il n’est pas facile de demander aux personnes de se convertir. Comment vont-elles réagir ? Pourtant, c’est ce que Jean-Baptiste a fait avec son baptême, puis Jésus après ses 40 jours au désert. Et s’il a annoncé à Simon et André qu’ils seraient pêcheurs d’hommes, ils seront pêcheurs de pécheurs, comme c’est arrivé à Jonas avec les 120.000 habitants de Ninive qui ne savaient pas faire la différence entre le bien du mal.

Vendredi soir, un des lycéens auxquels on demandait ce qui est difficile dans le christianisme a répondu que c’était de témoigner de sa foi en public. Ce fut l’expérience de Jonas qui dormait au fond du bateau qui naviguait vers Tarsis, en Espagne, à l'opposé de Ninive, vis-à-vis des marins : « Je suis Hébreu, moi ; je crains le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre ferme. » Les matelots furent saisis d’une grande peur et lui dirent : « Qu’est-ce que tu as fait là ? » Car ces hommes savaient, d’après ce qu’il leur avait dit, qu’il fuyait la face du Seigneur. (Jon 1,9-10).

Les marins sont même devenus des priants du Dieu de Jonas : « Ils invoquèrent alors le Seigneur : « Ah ! Seigneur, ne nous fais pas mourir à cause de cet homme, et ne nous rends pas responsables de la mort d’un innocent, car toi, tu es le Seigneur : ce que tu as voulu, tu l’as fait. » Puis ils prirent Jonas et le jetèrent à la mer. » (Jon 1, 14-15) Il n'y a pas mieux que la noyade pour faire échouer le plan de Dieu et l'obliger à trouver un autre prophète à envoyer à Ninive. Cela ne s’arrête pas là : « Les hommes furent saisis par la crainte du Seigneur ; ils lui offrirent un sacrifice accompagné de vœux. » (1,16). Et le Seigneur d'envoyer un gros poisson pour repêcher son prophète qui va rester dans son ventre pendant trois jours et trois nuits à prier (cf Jon 2) avant d'être recraché sur le rivage. Et le Seigneur le renouvelle et le confirme dans sa mission !

Nous ressemblons à Jonas qui ne veut pas, qui fait tout pour faire rater le plan de Dieu, qui y va à contre-coeur, sans y croire, et qui est finalement dépassé par la puissance de la Parole de Dieu qui « scrute les reins et les coeurs » (Jr 11,20). Pourtant c’est indispensable.

En matière de formation morale, il a manqué aux Ninivites des personnes et une loi qui les aident à former leur conscience. C'est le rôle et la mission ses parents et des éducateurs, car des enfants et des jeunes ne peuvent pas grandir sans qu'on leur donne des bons repères : il faut leur montrer et leur dire ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui fait grandir et vraiment vivre dans le sens de la vérité, de la justice, du partage, et ce qui détruit. Il n’y aurait qu’à lire certaines listes que St Paul dénonce dans telle ou telle de ses lettres. Et il n'est pas inutile de rappeler que le foi chrétienne n'est pas un catalogue de valeurs ! Mais qu'elles sont la conséquence de la relation avec le Seigneur !

Les trajectoires de Jean le baptiste et de Jésus se croisent. Alors que Jean  est jeté en prison une quarantaine de jours après le baptême de Jésus, celui-ci sort vainqueur des tentations au désert où il a été poussé par l’Esprit Saint (Mc 1,12) comme nous l’entendrons le 1° dimanche du carême. Jean disparaît. Jésus passe au premier plan. Alors que le porte-parole de la Parole de Dieu entre dans le silence, c’est la Parole de Dieu faite chair qui parle directement, sans intermédiaire. Il sort de l’anonymat. Son message est concis, avec quatre verbes dont les deux derniers sont de ordres : des impératifs percutants : Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.

Autant Jonas et Jean étaient seuls comme prophètes, autant Jésus appelle des disciples à le suivre. C’est inédit, c’est nouveau car, dans le judaïsme, c’est le disciple qui choisit un maître, un rabbi. Ici Jésus inverse les choses, comme il le fera ensuite dans d’autres domaines.

La parole de Jésus est directe. Elle aimante ceux auxquels elle est adressée. Elle est aussi aimante, riche de tendresse de Dieu qui est Amour. Elle est efficace comme les Dix Paroles de la création de Gn 1. St Marc ne s’appesantit pas en considérations psychologiques sur les conditions de la réponse des deux paires de frères.

Alors, mettons la Parole de Dieu au coeur de nos vies et de nos journées. "Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute." (Is 50,4b) Une appli comme "Prie en chemin" donne des pistes à partir d'une des lectures de la messe du jour : après la lecture, il y a quelques repères et des questions avant de laisser du temps pour méditer sur un fond musical.

C'est aussi l'expérience que font nos frères et sœurs qui vont demander publiquement et officiellement à recevoir les 7 dons dons du St Esprit dans la Confirmation et pour certains aussi le Corps du Christ dans la Communion Eucharistique.

Jon 3, 1-5.10 ; Ps 24 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20

P. Olivier Joncour