Celui qui nous invite à le suivre en portant notre croix Homélie (24° dim TO B, 16.09.2018)
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Dimanche 16 septembre 2018 24° dim TO B St EH Colombes, messe de rentrée
Celui qui nous invite à le suivre en portant notre croix

Si je vous demandais qui est Mathieu Rougé, vous ne sauriez pas me dire grand-chose, si ce n’est qu’il est prêtre du diocèse de Paris, qu’il a été appelé par le Pape François à être le nouvel évêque du diocèse de Nanterre et qu’il va être ordonné aujourd’hui à la cathédrale. Vous comme moi, nous ne le connaissons pas encore très bien.

Cela fait déjà plusieurs mois que des disciples suivent Jésus. Ils l’ont vu vivre. Ils l’ont entendu parler avec eux, mais aussi devant des foules qui grandissaient au fur et à mesure des mois. Ils ont été témoins d’hommes handicapés qui ont été mis debout, qui ont été guéris, qui ont été pardonnés. Ils ont été séduits par sa manière d’être notamment auprès des gens simples comme eux, parce qu’il leur parle, parce qu’il s’intéresse à eux, parce qu’il permet à des exclus de retrouver des relations. Parce qu’ils voient bien qu’il s’intéresse vraiment à chacun comme à une personne unique. Parce qu’il ne cherche pas à fréquenter les grands de ce monde et du pouvoir, ni à se faire reconnaître. Il n’est pas dans un rapport de séduction malsaine. Parce que ses paraboles sur le Royaume de Dieu s’inscrivent dans un cadre si proches de la vie qu’ils ont et en même temps, elles donnent un point de vue nouveau, celui du Ciel, où une logique et une atmosphère différentes apparaissent, en décalage avec les pensées des hommes, les prenant souvent en défaut, à contre-pied. Leurs images sont facilement compréhensibles et ne même temps elles sont d’une grande profondeur.

Jésus a appelé chacun d’eux, personnellement dans son quotidien, dans son lieu de vie, sur son lieu de travail souvent. Il les a séduits. Il a exercé sur eux une forme de séduction sans qu’il ressemble au gourou d’une secte. Il laisse à chacun sa liberté de venir, de rester ou de partir. Ses paroles et ce qu’il donne à voir et ce qu’il vit coïncident. Il rejoint aussi bien d’autres juifs que des étrangers. Il n’a pas peur de les fréquenter. Il accepte de se laisser approcher. Ce ne sont pas eux qui l’ont choisi, mais Lui qui les a appelés, et certains à tout quitter. Quand des responsables religieux juifs viennent de Jérusalem pour lui poser des questions, il leur répond avec fermeté.
Il a constitué une petite équipe qu’il forme patiemment, jour après jour. Il a changé leur vie. Il leur parle de Dieu son Père avec une familiarité et une proximité qu’ils n’avaient jamais entendu ni imaginé, sans pour autant être fou. Ce qu’il dit et la manière dont il vit sont une bonne nouvelle, bonne à écouter, possible aussi à mettre en pratique. Ses disciples ont bien vu qu’ils pouvaient lui faire confiance sans hésiter. Ils sont avec lui et ils sont bien. Ils sont unis : ils prient avec Lui, ils écoutent plus qu’ils ne parlent. Ils voient bien qu’il connaît bien les Ecritures, les psaumes, les prophètes de son peuple. Ils ont laissé Jésus les conduire.

Et dans cette région où il y a les sources du Jourdain, à 40 km au nord de Capharnaüm, près d’un sanctuaire d’un dieu païen, à Césarée-de-Philippe, il leur pose des questions en forme de sondage, d’un micro-trottoir. D’abord ce que les gens disent sur lui, la première impression, à qui il ressemble. Les réponses sont multiples : Jean le Baptiste, Elie, un des prophètes. Un homme de Dieu, un homme qui parle pour lui avec force et conviction. Ce n’est que dans un second temps qu’il leur demande leur avis et leur jugement. Et Pierre, au nom des autres, répond en trois mots : Tu es le Christ. Autrement dit, tu es celui annoncé par les prophètes bien des siècles auparavant. Le Christ en grec ou le Messie en hébreu, c’est celui qui a reçu l’Esprit de Dieu, aux sept dons. Cet Esprit reçu au baptême que des lycéens de l’Aumônerie se préparent à recevoir dans quelques semaines dans la Confirmation et qui se réunissent toute la journée à la Maison paroissiale. Cet Esprit qui nous ajuste sur Dieu, qui nous rend saints, qui nous fait correspondre à ce que Dieu attend de nous, qui fait de nous des ‘christ’, des chrétiens.
Et pour la première fois, deux autres annonces suivront, Jésus leur parle de choses difficiles, de rejet, de souffrances, de mort et aussi de réveil, de relèvement. Et comme dans un réflexe de survie, Pierre réagit, il résiste intérieurement. Il ne veut pas de cela pour son ami. Jésus le recadre, réagit avec force car il sent bien qu’il y aurait une tentation à s’écarter du chemin difficile qu’il a annoncé. C’est passionnant, mais aussi crucifiant, pourtant cela en vaut la peine. Jésus les prévient pour que leur engagement renouvelé ne soit pas naïf et il donne à la foule les conditions pour le suivre, comme tous ces saints sur les vitraux de la chapelle le rappellent : ils ont laissé la lumière du crucifié mort pour nous que la puissance de vie et d'amour de Dieu a ressuscité, passer dans leur vie. A nouveau, ce matin, Jésus nous propose de faire un pas de plus en continuant à « vivre avec Jésus la joie de la rencontre. » Es-tu prêt(e) à laisser Jésus conduire ta vie ?
Is 50, 5-9a ; Ps 114 ; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35
P. Olivier Joncour