Qui est celui qui ne nous abandonne pas dans la tempête? Homélie 12° dim TO B (20.06.2021)
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Dimanche 20 juin 2021 12° dim TO B St Jean des Grésillons, Gennevilliers
Qui est celui qui ne nous abandonne pas dans la tempête?
Dans l’évangile, nous voyons comment les eaux de la Mer de Galilée forment une difficulté pour la traversée de la barque des apôtres et de Jésus. Pour les juifs qui ne sont pas des marins, même si Simon-Pierre, André, Jacques et Jean étaient des pécheurs et avaient sûrement déjà affronté des mers agitées en fin de journée quand il fait chaud et qu’il y a des différences de pressions. Pour les juifs, la mer que les hommes ne peuvent pas contrôler symbolise les forces de mort, du mal.
On se rappelle comment après avoir fui l’Egypte, les hébreux poursuivis par les chars de Pharaon se retrouvent face à l’obstacle de la Mer Rouge. Sera-t-elle leur tombeau ? Le Seigneur demanda à Moïse de prendre son bâton et de frapper la mer : c’est un chemin de vie qui s’est ouvert les laissant passer et traverser vers l’autre rive. Les eaux se sont alors rabattues sur les soldats de Pharaon qui se sont noyés.
L’épisode Jésus qui dort dans le bateau en pleine tempête rappelle Jonas qui dormait au fond du bateau sur lequel il avait embarqué pour fuir vers Ninive la mission que le Seigneur lui avait confiée d’aller à Ninive, une ville de 120.000 habitants très méchants. Après avoir chacun invoqué leurs dieux respectifs et sans que cela ne change, les marins vont réveiller Jonas et lui ont demandé de prier son Dieu. Il leur confesse que c’est à cause de lui qu’a été créé la tempête car il a désobéi. Et le seul moyen de faire cesser la tempête est de le jeter à la mer. Alors qu’il voulait en finir pour ne surtout pas aller à Ninive, le Seigneur va au contraire dépêcher un gros poisson pour repêcher son prophète dans le ventre duquel il va passer trois jours et trois nuits avant d’être recraché sur la côte afin de se rendre à la ville désignée par Dieu qui s’était servi de la mer pour déjouer la fuite de son prophète auquel il continuait à faire confiance, malgré tout !
Dans l’épisode évangélique, la mer est vraiment déchaînée pour susciter la peur des occupants, pour les paralyser, pour recouvrir la barque et susciter la panique. Elle est un instrument maléfique, diabolique. Les apôtres n’ont d’autres alternatives que de crier à l’aide, d’envoyer un SOS (Save Our Souls) à leur Maître, le Seigneur Jésus, le Sauveur. Quel contraste entre les apôtres qui sont dépassés et Jésus qui dort, paisiblement, sur ses 2 oreilles, et un coussin. Jésus ne discute pas avec la tempête. Il donne un ordre, bref, direct, comme lors d’un exorcisme. Et la tempête s’arrête. La fin de la traversée pourra être plus calme. En fait, les coeurs sont retournés et c’est la question sur l’identité de Jésus qui se pose : Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?
Job a vécu aussi une grande tempête : il a tout perdu, non seulement ses troupeaux, mais aussi sa fortune mais aussi ses enfants et son épouse à la suite de la négociation du satan avec Dieu au sujet de Job qui ne s’était jamais révolté. Le Seigneur avait posé une limite : ne pas toucher à la vie de Job. Il est seul, il a tout perdu. Littéralement, il est sur la paille, en fait un tas de fumier. En fait, à l’époque, on pensait que tant que l’on respectait la Loi, Dieu bénissait et comblait dans une logique de rétribution. Or, l’expérience montrait parfois le contraire : c’est le méchant qui semble vainqueur. Le livre de Job essaie donc de répondre à cette problématique. Après 40 jours de deuil, trois amis viennent le voir. Ils l’interrogent : il doit y avoir un gros péché qu’il a dû commettre pour que Dieu le punisse ainsi. Mais Job ne trouve rien. Cela se répète avec un 4°. Après le départ du 4°, le Seigneur prend la parole et décrit tout ce qu’il fait que l’intelligence humaine ne peut voir et saisir des lois de la nature qui le dépassent. Lorsqu’il reprend la parole, Job a cette phrase magnifique : « jusqu’à présent j’avais entendu parler de toi. Maintenant, je te connais face à face » (Jb 42). On lui a parlé de Dieu mais il ne Lui parlait pas encore. C’est parce qu’il a fait une vraie expérience de Dieu. A la fin, parce qu’il n’a pas blasphémé, ni abandonné la foi, Dieu rend à Job tout ce qu’il avait perdu et même plus. On comprend alors, combien dans cette épreuve mise en scène au début et à la fin, Job a grandi dans sa foi.
On voit comment cette rencontre personnelle fait changer les perspectives de notre vie sur les autres, sur le monde, sur soi, sur Dieu. Comme l’écrit St Paul, désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. A un moment ou à un autre, nos vies sont confrontées à des tempêtes plus ou moins fortes, intérieures ou extérieures. Cela peut être une crise identitaire quand tout ce qu’on a construit s’écroule, ou sur le sens de notre vie, quand tous les repères sur lesquels la maison de notre vie sont attaqués. Quand notre vie est branchée sur le Seigneur, c’est souvent le malin qui attaque pour nous éloigner de Lui. Au contraire, ne quittons pas le Christ du regard. Il est seul qui nous accompagne, qui ne nous lâche pas la main. Gardons notre main dans la sienne !
Jb 38, 1.8-11; Ps 106 ; 2 Co 5, 14-17 ; Mc 4, 35-41
P. Olivier Joncour