Vie, mort et résurrection Homélie 32° dim TO C (6.11.2022)
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Dimanche 6 novembre 2022 32° dim TO C St Jean des Grésillons, Gennevilliers
Vie, mort et résurrection
A la Toussaint et le 2 novembre, nous avons prié pour nos défunts. Les lectures de la messe que nous venons d'écouter. Il y est question de la vie, de la mort et de la résurrection.
Même si l'espérance en la résurrection des morts est apparue environ 160 ans avant la naissance de Jésus au temps des martyrs de la persécution racontée dans la première lecture, tous les juifs n'y croyaient pas à l'époque de Jésus.
On se rappelle que deux prophètes Elie et Elisée qui ont prié pour des enfants morts et que le Seigneur Dieu les a ramenés à la vie. Pour Elie, c’était le fils de la veuve de Sarepta, une païenne et étrangère qui l’avait accueilli alors qu’il ne leur restait qu’un peu de farine et d’huile au point de qu’elle savait que ce serait leur dernier repas avant de mourir, à cause du manque de ressources alimentaires dû à la sécheresse qui durait depuis trois ans (cf 1 R 17, 7-24). Pour Elisée qui lui a succédé, il y a un récit parallèle : le retour à la vie du fils d’une Sunamite (cf 2 R 4, 18-37).
Au coeur de la persécution bien réelle de cette famille dont les sept fils restent fidèles à la Loi en refusant de renier le Seigneur ou de manger du porc.
Quel disciple du Christ mort en martyr sans renier sa foi m'a impressionné? Pour certains ce sera le Père Hamel, assassiné à la fin de la célébration de la messe dans l’église de St Etienne du Rouvray (76) en criant « Arrière, Satan ! » à ses deux assassins qui l’ont égorgé. Et les trois paroissiens de la cathédrale de Nice (06) dont deux femmes qui allaient à la messe en semaine : Nadine, Simone et Vincent. Pour d’autres, ce sera le Père Maximilien Kolbe qui a décidé de prendre la place d’un père de famille qui avait été choisi au hasard en représailles de prisonniers qui s’étaient évadés. Pour d’autres, ce sont les 19 coptes orthodoxes assassinés sur une plage, vêtus d’une tenue orange et qui disaient le nom de « Jésus » pour ne pas fléchir, pour exprimer qu’il était le roc sur lequel ils mettaient leur foi.
Qu'est-ce que l'espérance en la résurrection des morts change de perspective pour prendre une décision? Pour un opposant à la foi chrétienne, philosophe du XIX° S, les promesses de certaines béatitudes que nous avons entendues à la Toussaint étaient une manière d’aider les pauvres à supporter leur situation dans la mesure où si, aujourd’hui, certains étaient malheureux, plus tard, la situation serait renversée et ils connaîtraient le bonheur.
La résurrection de la chair, la résurrection des morts, qu’est-ce que cela veut dire ? Il y a continuité de la vie humaine entre la vie terrestre qui est unique, où on ne peut pas repartir de zéro, ni au début de la partie comme dans un jeu vidéo. C'est la vie après la mort. La mort est un passage qui opère une rupture. C'est une nouvelle marche, ce qui ressemble à une fin pour une entrée dans une autre réalité qui nous échappe, que seul Jésus a vécu.
Comment Jésus m'inspire-t-il pour répondre à une personne qui veut me tendre un piège? Rappelons-nous que nous avons un droit à l’erreur. Je peux me tromper. Commençons par prendre au sérieux la question. Si nous voyons qu’il y a un piège., répondons, sans tomber dans le piège qui est tendu, de façon intelligente dans un sens qui soit conforme à l’ensemble de la révélation biblique et évangélique, sans humilier l’autre, comme Jésus avec les saducéens.
Par le témoignage de St Paul aux Thessaloniciens, le Seigneur nous donne un éclairage : que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et Dieu notre Père qui nous a aimés et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce, réconfortent vos cœurs et les affermissent en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien. Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous. Priez pour que nous échappions aux gens pervers et mauvais, car tout le monde n’a pas la foi. Et le malin qui s’agite encore essaie de nous entraîner au fond du trou, tandis que le Seigneur nous garde éveillé, nous fait traverser des champs de mine : « ton bâton me guide et me rassure » (cf Ps 22)
Comment est-ce que je témoigne de ma foi en Jésus mort et ressuscité et de l'espérance en la résurrection des morts? Cela peut être lors du décès d'une personne que je connais ou d'un proche d'une personne que je connais en écrivant un petit mot, en passant un peu de temps avec elle, en lui disant que je prie pour elle. Et St Paul écrivait aux Corinthiens « Nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens » (1 Co 1,23). Et parler d'espérance en la résurrection peut sembler scandaleux ou fou à certaines personnes pour qui la vie n'est que matérielle et terrestre, nous avons parfois un pressentiment que tout ne peut pas s'arrêter à la mort qui n'attend que d'être confirmé et expliqué. Alors, « Malheur à moi si je n’annonce pas la Bonne nouvelle » (1 Co 9, 16c) de Jésus mort et ressuscité ! Car ce qui nous est promis, ce n'est pas la paradis qui serait un retour en arrière dans la jardin d'Eden où Dieu a placé Adam et Eve, c'est le Ciel, la vie avec le Seigneur.
Comment pouvons-nous y préparer? En fait, chaque soir en nous endormant, nous nous préparons à mourir? Et chaque matin, nous nous entraînons à être ressuscités, à être relevés, à être réveillés pour vivre debout.
Je suis témoin de la résurrection, de la libération, de la renaissance dans la vie de certaines personnes qui l’attendaient ou non, qui le demandaient ou pas. Rappelons-nous le témoignage de Céleste à la fin de la messe dimanche dernier ce qui s'est passé lorsqu'elle a accueilli pendant une semaine l’icône de la Vierge de l’Emmanuel chez elle : à la suite de la mort de son mari, elle était sans énergie, incapable de faire des projets, elle a prié matin, midi et soir, et le Seigneur lui a donné de retrouver le goût de vivre. Demandons au Seigneur de venir visiter nos zones d'ombre pour qu'Il les éclaire de sa lumière divine et les revivifie.
2 M 7, 1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2 Th 2,16 - 3,5 ; Lc 20, 27-38
P. Olivier Joncour