Isaïe, Simon et Paul Homélie 5° dim TO C (6.02.2022)

Dimanche 6 février 2022 5° dim TO C St Jean des Grésillons, Gennevilliers

Isaïe, Simon et Paul

Dieu a-t-il un lieu privilégié pour nous appeler à son service ? Non !

Il a appelé Isaïe alors qu’il était dans le Temple de Jérusalem dans le Saint des saints. Une vision grandiose, avec les 6 séraphins, ces anges aux grandes ailes. Il a appelé Simon sur la plage, dans sa barque, sur son lieu de travail, après un échec professionnel toujours difficile à accepter en ne prenant aucun poisson dans ses filets malgré les nombreux essais toute la nuit. Quelques jours plus tard, Jésus recommencera avec Lévi, non pas dans un port mais à la porte de la ville de Capharnaüm à son bureau de collecteur d’impôts pour les Romains (cf Lc 5, 27-28).

Il a appelé Saul alors qu’il avait le coeur rempli de haine, parti persécuté les disciples de Jésus à Damas. C’est par la grâce de Dieu que le Seigneur l’a appelé et lui a confié une mission au-delà de ses forces. C’est par la grâce qu’il a pu la vivre à Jérusalem, à Corinthe, à Ephèse, à Thessalonique et jusqu’à Rome.

Jésus est habile : il enseigne la foule. Il demande de l’aide, une aide matérielle à Simon en mettant à sa disposition sa barque pour servir d’estrade, de tribune. Comme Simon accepte, il va pouvoir aussi profiter de l’enseignement de Jésus. On ne sait pas ce qu’il a entendu ou retenu, mais c’est à partir de ce qu’il a écouté de Jésus, à partir de ce qui l’a touché, qu’il accepte le défi que Jésus lui lançait : Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. Il s’exécute. Il obéit sans trop y croire mais sur ta parole… Bien sûr, Simon s’est éloigné un peu du rivage, mais il a surtout fait un grand saut en faisant confiance à la parole d’un inconnu, d’un homme qui ne connaît rien à la pêche. Et pourtant, quelques instants, après, il ne le regrettera pas : il fera une pêche qu’il n’avait jamais faite, avec une telle quantité de poissons qu’il n’a jamais vue !

Jésus ne fait rien. Il est témoin lui aussi de ce qui se passe. Il doit reconnaître les gestes du pécheur professionnel qui est débordé au point de demander de l’aide aux autres pécheurs. C’est un bon signe : Jésus sait que Simon ne travaillera pas seul, qu’il saura faire appel à d’autres pour travailler en équipe, se soutenant les uns les autres.

A nous autres aussi, Jésus nous demande de travailler en équipe. Il n’envoie pas les prêtres pour que les paroissiens soient à leur service, mais pour porter ensemble la mission, pour la vivre en co-responsabilité au nom de notre baptême. A nous aussi, Jésus nous demande d’aller un peu plus loin que ce que nous savons déjà bien faire et maîtrisons.

Simon reconnaît la grandeur de celui en qui il a mis sa confiance. En tombant aux genoux de Jésus, il ressemble au publicain de la parabole qui prie en disant : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » (Lc 18, 10-14)

Mercredi dernier, en réunion d’EAP, après avoir écouté et partager sur cet évangile, nous nous sommes demandés comment Jésus appelait, et comment nous devions appeler, qui ? Pour quoi ? Selon quels critères ? L’échec de Simon, l’assurance de Saul, ce pharisien qui avait été l’élève de Gamaliel (cf Ac 22,3), tous les titres dont il pouvait tirer des honneurs, il les a considérés pour rien (cf Ph 3, 5-8) ! C’est au coeur de nos désespérances, d’échecs objectifs, que nous pouvons être appelés à venir vivre une expérience, à venir et voir (cf Jn 1,39a.46), à demander à une personne qui ne connaît pas tout, et même sans les qualités ou les compétences attendues, pour ce qui sera totalement nouveau. Moins on se sent fait pour, plus c’est en définitive le Seigneur qui fait à travers nous. Vous m’auriez dit à 12-13 ans, alors que j’étais timide, maladroit, manquant de confiance en moi et de maturité que 20 ans plus tard je devrais parler toutes les semaines à des assemblées de tous les âges, de tous les milieux sociaux, si différents, vivant des choses tellement différentes de que j’avais vécu, je vous aurais dit que ce n’était pas possible, qu’il y avait une erreur, … Je ne sais pas tout, mais j’ai beaucoup appris en écoutant, en faisant confiance à ce que l’Esprit me souffle de bon aux personnes notamment lors de discussions en tête à tête ou du sacrement du pardon. Moi aussi j’ai accepté d’avancer au large, tout pécheur que j’étais et que je reste. Mais quand je vois ce que le Seigneur fait, je réalise que cela passe par moi et surtout que je ne regrette pas d’avoir dit oui. Je n’aurais jamais envoyé de CV ni de lettre de motivation pour devenir prêtre, mais ce qui m’est donné de vivre, d’aider d’autres à grandir, à aimer, à les accompagner dans des parties de leurs vies, à être le pasteur d’une grande famille, me rend heureux.

Jésus attire à lui par attraction : ce qu’il propose est séduisant, fascinant, grandiose, inspirant ! Comme Isaïe, voulons-nous faire une rencontre personnelles et bouleversante avec le Seigneur ? Comme Simon, voulons-nous aussi écouter ce que Jésus nous demande, sans savoir où et jusqu’où cela nous conduira ? Voulons-nous être des pécheurs relevés par Lui, acceptant qu’Il nous confie une responsabilité qui nous dépasse, non pas en termes de rentabilité ou de pouvoir, mais de fécondité et de service ? Comme Paul, voulons-nous transmettre ce que nous avons reçu à d’autres en étant créatifs pour continuer à annoncer l’Evangile au monde d’aujourd’hui ?

Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1 Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11
P. Olivier Joncour

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