Les cancers des saints Homélie Toussaint (1.11.2022)
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Mardi 1° novembre 2022 Toussaint Notre Dame des Agnettes, Gennevilliers
Les cancers des saints
Depuis quelques années, le mois d’octobre est appelé « Octobre-rose » en lien avec la sensibilisation pour la détection du cancer du sein chez les femmes. En cette fête de la Toussaint, ne baissons pas notre vigilance et notre surveillance. Parlons des cancers des saints, femme ou homme.
1. Le premier cancer concerne l’égoïsme, la haine, le racisme quand le cœur s’est endurci. C’est grave car ça s’étend : ça se généralise à l’esprit donc aux pensées, aux paroles et aux attitudes et à tout le corps. Relisons l’Avare de Molière. Pourtant, Jésus peut recréer notre cœur, le reconfigurer par son pardon. Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
L’Esprit saint qui est l’Amour du Père pour son Fils et pour nous et dont nos corps sont le Temple, peut renouveler notre cœur en cœur de chair, l’attendrir pour nous convertir.
2. Le deuxième cancer, c’est celui de l’endurcissement, de ne pas vouloir montrer ses émotions et de les retenir pour répondre à l’injonction « ça ne se fait pas ! Sois fort mon fils, ne pleure pas ». Une autre forme de ce cancer est l’indifférence face à une souffrance, un deuil, un chagrin d’amour, … Cependant, Jésus n’invite pas au dolorisme, mais il invite à aimer, même s’il y a des difficultés, des échecs, des déceptions, des espérances déçus qui nous font souffrir. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés
Equipés de l’Esprit saint, nous pouvons faire partie de ceux qui consolent par notre présence aux côtés de la personne, par notre écoute gratuite et bienveillante, par notre prière, par un moment de qualité, par quelques mots réconfortants. Lisez le très beau livre d'Anne-Dauphine Julliand "Consolation".
3. Le troisième cancer est la violence en mots ou en actes pour chercher à avoir le dernier mot, à refuser de débattre, d’écouter le point de vue des autres. Or Jésus nous inviter à aimer notre prochain, y compris celui qui pense autrement que nous, à la respecter même si nous ne sommes pas d’accord avec ses idées ou sa manière d’agir. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage
Avec l’Esprit saint agissant en nous, c’est la douceur qui prend le dessus.
4. Le quatrième cancer, ce sont les injustices à l’école, au travail, dans notre société, aussi dans l’Eglise. Pourtant Jésus n’est pas venu pour jouer les Zorro pour rétablir les injustices à notre place. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Et Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Sans l’Esprit saint, nous ne pouvons pas vivre comme Dieu l’attend de nous. C’est Lui qui nous aide à accompagner des personnes en recherche d’un emploi, à apprendre à parler, lire et à écrire français quand ce n’est pas notre langue maternelle.
5. Le cinquième cancer, c’est le refus de pardonner. Au contraire, Jésus est le visage de la Miséricorde du Père, en paroles et en actes. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
L’Esprit saint nous aide dépasser le mal dont nous avons été la victime, non pas pour oublier ce que nous avons subi, ou faire comme s’il ne s’était rien passé, il vient cicatriser notre cœur et notre mémoire pour considérer avant tout ce que nous avions pu vivre et construire avec la personne avant.
6. Le sixième, c’est l’impureté du regard, du cœur et des pensées. Par contre, Jésus nous nous fait découvrir que le regard est le révélateur du cœur (cf Mt 6,22-23). Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Ainsi, grâce à l’Esprit saint, nous pouvons tenir dans un combat spirituel lorsque nous sommes tentés par ce qui dégrade, nous-mêmes ou les autres, à chaque fois que nous choisirions ce qui ne fait pas grandir.
7. Le septième, ce sont les disputes pour des mauvaises raisons qui peuvent aller jusqu’à la guerre. Or, Jésus est venu rassembler les personnes ennemies ou différentes. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Parmi les fruits de l’Esprit saint décrit par St Paul dans la lettre aux Galates, il y a la paix (5,22) : la paix avec soi, avec les autres qui est un don de Dieu.
8. Le huitième cancer, c’est de renier Jésus, sa foi en Dieu Père et Fils et St Esprit, d’oublier qu’il est le Fils de Dieu fait homme, qu’il est l’unique Sauveur qui a racheté toute l’humanité y compris les persécuteurs. Jésus a demandé à son Père de pardonné ceux qui l’ont condamné à mort et crucifié. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux
Parmi les sept dons du St Esprit, il y a celui de la force qui nous permet de tenir jusqu’au bout nos engagements et nos choix.
9. Le dernier cancer, c’est de penser que nous pouvons devenir ou que nous sommes des surhommes, en faisant comme si on n’avait pas de faiblesses ni de fragilités. Jésus valorise les larmes et la faiblesse au lieu d’encourager à la force et au dépassement de soi.
L'Esprit du Père et du Fils nous ajuste sur Lui en tenant compte de qui nous sommes, de nos talents et de nos blessures pour nous faire grandir et avancer, pas à pas.
Vivons en enfants de lumière : suivons le Christ Jésus qui vécu les béatitudes et qui les propose comme chemin de vie à ses frères et sœurs d’adoption, avec l’aide du St Esprit reçu au baptême et de ses 7 dons reçus à la Confirmation.
Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
P. Olivier Joncour