Des changements Homélie (3° dimanche temps pascal B) (19.04.2015)
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Dimanche 3°dim Temps pascal B St Etienne St Henri Colombes
Des changements
A l’écoute des récits des manifestations de Jésus ressuscité, certains se disent sûrement : ‘c’est trop beau pour être vrai, c’est trop grand pour que ce soit réel’. Si bien que ce qui devait être un point de naissance pour la foi devient un point mort : beaucoup n’osent pas y croire. D’ailleurs, comment cette annonce peut-elle trouver un écho dans la vie des hommes et des femmes de notre temps qui semblent si loin de cette nouvelle, parce que tant d’entre eux portent leur croix et traversent des épreuves. Et pourtant, combien d’entre nous ont parfois déjà fait l’expérience d’être simplement tenus à un fil invisible, celui de la foi et de l’espérance ?
Les apôtres et d’autres disciples ont fait une expérience inouïe : ils ont pu clamer, proclamer, témoigner : « Jésus est vivant ! » C’est bien ce que Simon-Pierre a fait devant le Grand Conseil des Juifs à Jérusalem après qu’il lui ait été demandé comment avait été guéri le paralytique de la Belle-Porte du Temple. Qu’est-ce que l’évangélisation ? N’est-ce pas une annonce en actes de guérison, de salut, de pardon de Dieu, de réconciliation avec d’autres et avec soi, qui s’appuie sur l’événement vécu par Jésus aimant sur la croix, mort et ressuscité par la puissance de vie nouvelle et d’amour de Dieu le Père dans le dynamisme du St Esprit. « Au nom de Jésus, je te le dis, lève-toi et marche » (Ac 3), a dit l’apôtre au paralysé. C’est aussi une annonce à soi et à d’autres, une annonce en paroles pour relire et donner le sens de ce qui a été vécu.
Comme Thomas, dimanche dernier, d’autres disciples, ce dimanche, nous aimerions toucher, avoir des preuves formelles, tangibles, concrètes, pour convaincre notre intelligence. Pourtant, nous n’avons que les écrits du Nouveau Testament écrits à la lumière de la résurrection de Jésus, et la vie bouleversée de tant de croyants. Plusieurs indices convergents tendent à montrer que la résurrection de Jésus pas une invention, mais un fait de l’histoire. En voici quelques-uns :
Jésus ressuscité parle aux disciples. Il leur montre les plaies de sa Passion, ses mains et ses pieds. Le ressuscité de Pâques est donc bien le Crucifié : ce n’est pas son jumeau, ni un sosie, ni son remplaçant. Le Ressuscité de Pâques mange devant eux du poisson grillé. C’est banal de manger. Rien de plus quotidien. Ce n’était pas donc pas un fantôme, ni un esprit. Nous devons donc écarter un récit imaginé ou inventé : en effet, la lenteur des disciples à croire n’est pas à leur avantage ; sinon, il est certain que les disciples l’auraient reconnu tout de suite.
Ce qui montre encore que ce n’est pas une invention humaine, c’est que Jésus lui-même donne la clé qui ouvre l’intelligence : ce sont Moïse, les prophètes et les Psaumes. Il montre la cohérence entre ce que les Ecritures que les disciples connaissaient pourtant, annonçaient, et son vécu.
La preuve par le nombre est un élément de plus : s’il n’y avait eu qu’un seul témoin, son témoignage aurait été bien faible et aurait eu peu de poids. Au contraire, le grand nombre de témoins, ici les deux disciples d’Emmaüs et les Onze apôtres, à des moments où ils ne s’y attendaient pas, à la libre initiative de Jésus lui-même, montre que nous ne sommes pas dans un phénomène d’autosuggestion des apôtres et des disciples. Nous devons aussi écarter une hallucination collective. A fortiori, les disciples n’ont pas été dans la joie : ils ont d’abord été saisis de frayeur et de crainte, tandis que d’autres, étaient saisis d’étonnement.
Un dernier élément, c’est la transformation de la vie des témoins au-delà de l’inimaginable à vue humaine : comment, en si peu de temps, ce même groupe a-t-il été transformé de gens apeurés et renfermés en personnes qui se mettent à proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus avec un dynamisme nouveau et inattendu et une assurance impressionnante, jusqu’à accepter d’être mis en prison, torturés, et tués pour certains. On ne donne pas sa vie pour une histoire inventée, mais pour un homme vivant ou une cause qui nous dépasse.
Nous sommes actuellement dans le temps où la conversion est proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Comme les baptisés de Pâques dont la vie a été transformée et renouvelée de l’intérieur. Comme ceux qui ont reçu le pardon du Seigneur pendant le Carême. Comme ceux qui en feront l’expérience au cours de l’année de la Miséricorde qui commencera fin 2015. Et moi, quelle expérience de renouveau et de renaissance ai-je vécu récemment ? A vous d’en être les témoins et de le raconter !
Ac 3, 13-15.17-19 ; Ps 4 ; 1 Jn 2, 2, 1-5a ; Lc 24, 35-48
P. Olivier Joncour