Abram, Pierre, Jacques et Jean, et Paul Homélie 2° dim Carême A (5.03.2023)
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Dimanche 5 mars 2023 2° dim Carême A St Jean et Ste MM Gennevilliers
Abram, Pierre, Jacques et Jean, et Paul
2° dimanche du Carême ; 2° étape dans l’histoire de l’humanité : après la création de l’homme et de la femme qui ont désobéi, nous avons écouté l’appel de Dieu à Abram et, après les tentations au désert, Jésus nous entraîne sur une haute montagne où il fut transfiguré.
Dieu a proposé à Abram une nouvelle aventure à 75 ans ! Quelle confiance de Dieu en cet homme dont nous ne savons pas grand-chose sur ses 75 premières années. Mais aussi quelle foi d’Abraham qui a cru à la promesse d’un Dieu unique qu’il ne connaissait pas de lui donner une terre et une descendance. Vous allez me dire : ‘en y croyant, il avait tout à gagner.’ Eh oui ! Et aussi, il a espéré que la Parole de Dieu se réaliserait, qu’il les verrait de son vivant. Dans la seconde partie, il est question de bénir, c’est-à-dire d’aimer, comme « Dieu bénit l’homme et le femme et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » » (Gn 1,28) Apprendre à bénir comme Dieu, à dire du bien de Dieu, des autres et d’avoir un regard bienveillant sur soi, ce n’est jamais évident, si personne ne nous fait de compliment ou si personne ne nous encourage, ou si personne ne nous dit qu’on est fier de nous.
Abram ne répond pas avec des mots, mais en actes : il s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit. Sa femme Sara et Lot auraient pu l’accuser de manquer de prudence face à l’inconnu : aussi bien ce Dieu qu’il ne connaît pas et que la destination dont il ignore tout. A des moments de découragements y compris quand le Seigneur lui demandera d’offrir en sacrifice son fils unique (Gn 22, 1-19), Abraham, fera preuve d’une force intérieure dont il n’avait pas conscience avant. En partant, de nomade qu’il était, il est devenu pèlerin en acceptant de quitter ce qu’il connaît pour « marcher avec son Dieu » (Mi 6,8c).
St Paul encourage Timothée qu’il a formé à s’appuyer sur la force de Dieu pour prendre sa part des souffrances liées à l’annonce de l’Evangile L’apôtre résume ensuite cette bonne nouvelle : le salut par la foi et gratuitement. Mais, comment l’annonce de l’évangile peut-il faire souffrir ? Jésus l’a vécu le 1° : malgré son espérance si forte et son amour si passionné depuis le baptême au Jourdain jusqu’à Jérusalem, en passant par Capharnaüm, la Galilée, la Samarie, la Judée et Jérusalem, tous ne l’ont pas accueilli, ni écouté, ni compris. Tous ne l’ont pas reconnu comme l’envoyé du Père aux brebis perdus de la Maison d’Israël.
Cette manifestation de la divinité de Jésus sur la montagne a lieu à la suite de la profession de foi de Simon-Pierre, de la première annonce de la Passion, de la mort et de la résurrection du Fils de l’Homme, et du rejet intellectuel de cette éventualité selon Simon-Pierre.
Jésus veut donc réconforter trois des Douze qu’il emmène plusieurs fois à l’écart avec lui comme lors du réveil de la mort et du retour à la vie de la fille de Jaïre (Mc 5, 36-43) ou de la prière à Gethsémani (Mt 26,36-37), pour les aider à dépasser le scandale. A la suite de Moïse au buisson ardent (Ex 3) puis sur le Sinaï en recevant les 10 paroles-commandements (Ex 20, 1-17) puis d’Elie sur le mont Horeb à travers l’expérience du fin murmure de la brise légère (1 R 19, 12b), ce trio va être témoin de la gloire de Dieu, d’une manifestation divine, d’une théophanie : les trois pécheurs appelés ont été transformés en disciples et maintenant en marcheurs. Ils ont mis leur confiance en Jésus qui a voulu les rendre témoins d’un mystère, d’une réalité qu’ils n’imaginaient pas, qu’ils n’avaient pas encore vue : Jésus, leur maître, est Dieu.
Et si, à la fin, il leur interdit de raconter jusqu’à sa résurrection d’entre les morts, c’est pour qu’ils gardent l’espérance en la résurrection après sa mort qui approche. C’est pour qu’ils aient la force et le courage de tenir dans les épreuves que Jésus va rencontrer, dans les insultes, dans les faux témoignages, dans leurs attentes et leurs espérances déçues, dans le semblant de procès, dans l’annonce de la condamnation à mort, lors de la flagellation, pendant le chemin de croix, son agonie, sa mort et sa mise au tombeau.
Pendant ce carême, le Seigneur nous demande de quitter la terre où nous avions planté nos racines pour aller nous enraciner ailleurs : dimanche dernier Jésus était poussé au désert par l’Esprit, et aujourd'hui, Abraham à laisser la terre où il vivait. Comme Pierre, Jacques et Jean auxquels il demande de partir à l’écart, il nous entraîne sur une haute montagne pour y vivre un moment d’intimité et de révélation pour découvrir qui il est vraiment, vrai homme et vrai Dieu à écouter selon l’ordre reçu de son Père.
Lorsque nous sommes confrontés à l’incompréhensible à vue humaine, soit pour nous, soit pour nos proches surtout quand il s’agit d’une grande souffrance, d’un rejet, d’une maladie très douloureuse, rappelons-nous du Seigneur Jésus. Lorsque nous avons à subir le mal comme Jésus ou l’hostilité, lorsque nous sommes harcelés à l’école au collège au lycée ou au travail, lorsque nous vivons le mystère pascal à la suite de Jésus, demandons la force du Seigneur pour tenir debout, pour supporter comme les témoins l’ont raconté vendredi dernier au Vendredi du carême sur la force ; restons aux côtés de ceux qui vivent un combat difficile et éprouvant, tenons-leur la main, prions pour eux, donnons-leur de ne pas baisser les bras ni abandonner. Seigneur Jésus, rends-nous forts dans notre faiblesse.
Gn 12, 1-4a ; Ps 32 ; 2 Tim 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9
P. Olivier Joncour