Disciples à l'écoute du Fils de Dieu Homélie (17.03.2019)
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Dimanche 17 mars 2019 2° dim Carême C St Bernard Colombes
Disciples à l'écoute du Fils de Dieu
Après le désert, dimanche dernier, Jésus nous entraîne avec Lui sur une montagne. Au désert, Jésus était seul ; il monte sur la montagne avec Pierre, Jacques et Jean où il est rejoint par deux autres spécialistes de la montagne : Moïse et Elie. Moïse, c’est le Sinaï où il a reçu du Seigneur les Dix Paroles gravées sur les tables de la Loi : l’Alliance. Pour Elie, il y en deux : d’une part, le Mont Carmel où il offre un sacrifice face aux prophètes de Baal qui invoquent leur divinité sans que rien ne se passe alors lui, même après avoir versé de l’eau sur le bois, à peine a-t-il invoqué le Seigneur que le feu s’allume. D’autre part, l’Horeb, où Elie a trouvé refuge alors qu’il était persécuté par la reine Jézabel. Il marche quarante jours pour retourner sur le site où a été conclue l’Alliance. Quand il arrive sur place, il veut mourir car il est découragé. « Mieux vaut pour moi mourir que vivre » Ce à quoi le Seigneur lui ordonne plusieurs fois : « Mange ! » et qu’il se manifeste à lui, non pas dans le fracas de l’orage ou du tremblement de terre mais dans le fin murmure d’une brise légère (1 R 19).
Le patriarche Abram dont il était question dans la première lecture a aussi eu sa montagne : le Mont Morriya (cf Gn 22,14). C’est à son sommet qu’il doit offrir en sacrifice son fils unique. Et cela fait beaucoup moins rire (cf Gn 18,12.15) Et quand pendant l’ascension, Isaac qui portait le bois, le couteau et le feu, lui demande où est l’agneau, son père, sûrement l’estomac noué, a répondu : « le Seigneur pourvoira. » Et après avoir lié son fils sur le bois, un ange l’appelle et lui demande de ne pas le faire et de le remplacer par un bélier (cf Gn 22,6-13). La tradition juive l’associe au Mont Sion, une des collines de Jérusalem. C’est le lieu où sera ensuite construit le Temple de Salomon.
Les hommes ont besoin de signes et de confirmations concrètes :
Pour Abram, c’était en lien avec la terre reçue de Dieu. Ce furent les animaux pour le sacrifice d’alliance. Pour Pierre, Jacques et Jean qui avaient été éprouvés par la première annonce de la passion de la mort et la résurrection de Jésus (Lc 9,22), ce dernier veut les réconforter en leur faisant découvrir qu’il est plus qu’un homme, ou pas seulement un homme.
Cette transfiguration a lieu au cours de la prière de Jésus : il vit une communion très forte avec son Père dans l’Esprit St. Regardons dans le récit de St Luc tous les indices de la divinité de Jésus :
- son visage apparut tout autre : il est transfiguré, changé, rayonnant, lumineux
- ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante : dans la Bible, le vêtement, c’est la personne : rappelons ce récit où une femme qui a des pertes de sang touche la franges du vêtement de Jésus et elle est guérie.
- Se réveillant, ils virent la gloire de Jésus : la gloire, c’est ce qui est en propre à la divinité : Jésus est de nature divine
- une nuée survint et les couvrit de son ombre : le Seigneur s’est servie d’une nuée pour conduire les hébreux au désert vers la terre promise après la sortie d’Egypte (Ex 13, 21-22).
- ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. » C’est la même voix qu’après le baptême de Jésus (Lc 3,21-22).
Ecoutons ce que les évêques du Concile Vatican II ont écrit en ayant cet épisode de la transfiguration en tête : « La contemplation du visage du Christ ne peut que nous renvoyer à ce que la Sainte Écriture nous dit de lui, elle qui est, du début à la fin, traversée par son mystère, manifesté de manière voilée dans l'Ancien Testament, pleinement révélé dans le Nouveau Testament, au point que saint Jérôme affirme avec vigueur : « L'ignorance des Écritures est l'ignorance du Christ lui-même ». En restant ancrés dans l'Écriture, nous nous ouvrons à l'action de l'Esprit (cf. Jn 15,26), qui est à l'origine de ces écrits, et au témoignage des Apôtres, qui ont fait la vivante expérience du Christ, le Verbe de vie, qui l'ont vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, touché de leurs mains (cf. 1 Jn 1,1). Par leur intermédiaire, c'est une vision de foi qui nous parvient, soutenue par un témoignage historique précis, un témoignage véridique que les Évangiles, malgré la complexité de leur rédaction et leur visée initiale catéchétique, nous donnent d'une manière pleinement crédible. » (Cf. Vatican II, Const. dogm. sur la Révélation divine DV, n°19)
Profitons de ce carême pour écouter chaque jour la Parole de Dieu !
Gn 15, 5-12.17-18 ; Ps 26 ; Ph 3,17 - 4,1 ; Lc 9, 28b-36
P. Olivier Joncour