La foi des personnes âgées encourage et fortifie celle des plus jeunes Homélie Dimanche Sainte famille (31.12.223)
-
Dimanche 31 décembre 2023 Ste Famille B Gennevilliers
La foi des personnes âgées encourage et fortifie celle des plus jeunes
I La foi des personnes âgées ...
La foi d’Abraham et de Sarah en Dieu est belle et grande. Elle repose sur la promesse et sur l’espérance que le Seigneur l’accomplira. « Ils n’avaient rien à perdre et tout à gagner », allez-vous me dire. Effectivement, et en même temps, ils ont fait confiance, ils ont donné du crédit à ce Dieu inconnu qui avait demandé à Abram de quitter ses sécurités, ses racines (Gn 12, 1-4), ce qu’il connaissait et maîtrisait pour aller ailleurs accueillir une vie nouvelle : pour Sara et lui, mais aussi Isaac en lui-même. Et pour ce couple, ce n’est pas arrivé à 20 ou 25 ans alors qu’on a toute la vie devant soi ! Non c’est arrivé alors qu’ils avaient déjà 75 ans ! Ce n’est plus la période de la vie où l’on fait de grands projets. Au contraire ! Et pourtant, ils se sont rendus disponibles pour vivre cette aventure, cette belle et grande aventure de la foi. Ils font souvent notre admiration, comme l’auteur de la Lettre aux Hébreux les met en valeur comme le début du chapitre 11 a commencé à le faire avec Abel, Hénok, puis Noé (He 11, 4-7). Après Abraham et Sarah, il continue avec Isaac, Jacob et ses fils dont Joseph (He 11, 20-22). Ensuite, c’est au tour de Moïse et les hébreux (He 11, 23-30). Il donne en exemple ensuite la foi d'une autre femme, Rahab une prostituée qui aidera les hébreux à entrer en Canaan (cf Jos 2, 1-8 . 6,17-25), puis de Gédéon, de Barak, Samson, Jephté puis David et les prophètes (He 11, 31-32).
Que ce ne soit pas pour nous cacher derrière ce grand respect pour eux, mais pour que nous ne leur demandions pas comment ils en sont venus à être donnés en exemple. Car leur foi a sûrement été éprouvée, mise en difficulté, attaquée. Qu’est-ce qui les a fait tenir et rester dans cette confiance dans le Seigneur ? Quelle Parole de Dieu ? Quel psaume ? Quelle phrase de Jésus ou de St Paul ?
La foi de Syméon et d’Anne, cet homme dont nous ignorons l’âge mais qui est âgé, prêt à mourir car il a vu le salut de Dieu, en l'enfant Jésus, et Anne, cette femme de 84 ans, est belle aussi ! Pour Syméon, sa foi en Dieu est basée sur ce Dieu de l’Alliance qui fait des promesses et qui les réalise. Nous ignorons à quel âge, le Seigneur lui avait annoncé qu’avant de mourir il verrait le Sauveur, ni combien de jours, de semaines, de mois et d’années, il a attendu, mais son espérance n’a pas été déçue ! C’est dur d’attendre, mais cela fait partie aussi de la vie spirituelle.
II … encourage et fortifie celle des plus jeunes
La foi de Marie et de Joseph. Elle s’inscrit dans celle du Peuple de l’Alliance, dans ce qu’ils ont reçu de leurs parents, grands-parents, des autres juifs qu’ils rencontraient comme Syméon et Anne. Pour combien d’autres jeunes, la foi des plus grands est un signe de fidélité comme le vieux juif Eléazar qui, au cours d’une persécution, décide de ne pas désobéir à la Loi sinon, il sait qu’il risquerait d’entraîner à sa suite les plus jeunes (2 M 6, 18-28).
Dans l’Église, c’est aussi la foi de tous les saints qui nous encouragent, qui nous fortifient, qui nous font grandir, qui nous inspirent.
Oui,la foi de celles et ceux qui nous précèdent est un exemple et un encouragement pour la nôtre. Si vous êtes déjà allé passer quelques jours dans un monastère ou une abbaye, la foi de toutes ces religieuses âgées et de ces consacrées a été travaillée par l’écoute de la Parole de Dieu, par tant d’appel à se convertir, par la prière en communauté et dans la prière solitaire. Prenons le temps de les remercier même si cela n’a pas toujours été facile pour eux. Certaines et certains ont peut-être vécu et traversé des nuits de la foi, comme Ste Thérèse de Lisieux ou Mère Térésa pendant toute la seconde moitié de sa vie. Et quand on regarde la foi de certains qui étaient en avance sur leur temps, qui ont été mis à l’écart car incompris et qui ont été finalement donnés en exemple ou qui ont inspiré le travail d’évêques pendant des conciles, comme les théologiens français : Henri de Lubac et Yves Congar, ou des mystiques comme Maurice Zundel, un prêtre suisse à qui le pape Paul VI a demandé de prêcher une retraite de Carême au Vatican quelques mois avant de mourir.
C’est parce que d’autres ont cru avant nous et ont transmis la foi en Jésus mort et ressuscité que nous pouvons croire à notre tour, et que d’autres pourront croire à leur tour, surtout dans un monde où la foi chrétienne ne se transmet plus forcément des parents vers leurs enfants. Il n’y a qu’à regarder les demandes que nous avons de jeunes adultes qui n’ont pas forcément grandi quand une famille chrétienne.
Dans notre Eglise-famille, nous avons à nous soutenir, à nous encourager, à ne pas avoir peur de prier les uns pour les autres, à partager nos difficultés pour demander au Seigneur de nous faire grandir les uns par les autres, les uns pour les autres, les uns avec les autres.
Gn 15,1-6 . 21,1-3 ; Ps 104 ; He 11, 8.11-12.17-19 ; Lc 2, 22-40
P. Olivier Joncour