Des paroles qui libèrent et des signes qui invitent à croire en Jésus Homélie 3° dim Carême B (7.03.2021)
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Dimanche 7 mars 2021 3° dim Carême B St Jean des Grésillons Gennevilliers
Des paroles qui libèrent et des signes qui invitent à croire en Jésus
Est-ce parce que c’est le printemps que Jésus veut faire le grand ménage dans la Temple de Jérusalem pour ne garder que l’essentiel, pour ne garder que ce qui est important, c’est-à-dire la dimension sacrificielle, la dimension de la prière, de la relation avec Dieu ?
Avant d’en arriver là, arrêtons-nous quelques instants sur la 1° lecture. Après avoir fuit l’Egypte et traversé la Mer Rouge, les hébreux sont arrivés au mont Sinaï, ou Horeb, où est monté Moïse à la demande de Dieu. C’est au bout des quarante jours et quarante nuits, que Dieu lui donne ces Dix Paroles, que l’on connaît sous l’expression des Dix commandements, en fait dix paroles de vie, comme un écho au premier chapitre de la Genèse où il y a déjà dix paroles que Dieu prononce. La première était : « Que la lumière soit ! » (Gn 1,3) Dix paroles y compris la création de l’homme et de la femme (Gn 1,26).
Ces paroles que Dieu donne ne sont pas que des contraintes pour embêter les hébreux, mais pour les aider à passer d’une situation où ils étaient esclaves en Egypte, où ils ne décidaient pas de ce qu’ils pouvaient faire ni voulaient faire, à une vie nouvelle dans une alliance avec Dieu. Ces paroles permettent d’organiser les relations, d’abord avec le Seigneur, c’est le rôle des cinq premiers commandements : Il est le Seigneur, il est l’unique, il est interdit de se faire des images, des représentations de Lui, etc. Et ensuite, les cinq suivants pour les relations entre les personnes, notamment en s’appuyant sur des relations de confiance. Plusieurs sont formulés sous forme d’interdits, de façon négative, tu ne feras pas ceci, tu ne feras pas cela et il y en a un qui est positif : Honore ton père et ta mère. Aie du respect pour eux, pour la vie qu’ils t’ont donnée, pas seulement la vie biologique, mais aussi toute l’éducation, tout ce qui t’a permis d’être ce que tu es aujourd’hui. Aie du respect pour eux. Car, à travers eux, c’est le Seigneur qui est honoré car c’est à travers l’amour de nos parents qu’Il nous a donné la vie.
Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de vol, il y a une certaine manière de dire « respecte la vie des autres, respecte le bien des autres, respecte ce qui appartient aux autres, pour ne pas le prendre, mais au contraire, en opposition à la jalousie qui nous fait désirer ce que nous n’avons pas et qu’on aimerait posséder. Or, nous faisons l’expérience que, quand on a finalement ce qu’on désirait, cela a alors nettement moins d’intérêt. Au contraire, par rapport aux dons, aux talents que Dieu répartit dans la vie des une et des autres, pour que l’Église puisse vivre (cf 1 Co 12), pour que le monde puisse vivre, l’antidote et le vaccin à la jalousie, c’est l’action de grâce : remercier Dieu pour la vie et les talents qu’Il a mis dans le vie des autres, alors même que le second poison de la jalousie est l’oubli de ce que le Seigneur nous a donnés. C’est tellement dommage. C’est mortifère. Non seulement, nous voulons ce que les autres ont et nous oublions ce que nous avons reçu. Entrons dans la logique de l’action de grâce, respectons l’autre, c’est aussi leur permettre de me respecter. Si je ne respecte pas les autres, pourquoi me respecteraient-ils ?
Dans l’évangile, nous avons entendu cet épisode célèbre. Dans celui de St Jean, il est placé au début, alors que chez Mt, Mc et Lc, il est placé dans la semaine de Jésus qui suit son entrée à Jérusalem acclamé par la foule, dans les jours qui précèdent sa Passion, sa crucifixion, sa mort, sa mise au tombeau et sa résurrection. Jésus veut donc purifier l’activité du Temple, revenir à l’essentiel. On a entendu que c’est comme un signe à la manière des prophètes. Beaucoup crurent en son nom à la vue des signes qu’il accomplissait. On n’a pas le détails, ni plus de précisions. Nous sommes eu deuxième chapitre de St Jean, versets 13 à 25, juste après le premier signe que Jésus a posé dans St Jn, aux noces de Cana (Jn 2, 1-12). Il n’y avait plus de vin. Marie va le dire à Jésus puis demande aux serviteurs de faire tout ce que Jésus leur dira. Jésus va demander aux serviteurs de remplir d’eau les cuves qui servaient habituellement pour les purifications des juifs. Puis il demande aux serviteurs de faire goûter la boisson au maître du repas, à l’organisateur du repas. Que goûte-t-il ? Il aurait dû boire de l’eau. Eh bien non, c’était du vin ! C’est le premier des sept signes de Jésus dans la première partie entre les chapitres 2 et 12. C’est l’effet « Wahou ! ». Mais nous ne pouvons pas nous demander : qui est-il vraiment celui qui est capable de faire de si grandes choses ? Il y a aussi le récit de la multiplication des pains (Jn 6), la guérison d’un aveugle de naissance (Jn 9), le retour à la vie de Lazare qui était mort (Jn 11). Qui est-il celui qui fait ces signes. Plus tard, à la lumière de la résurrection de Jésus, ses disciples se souviendront de ses paroles au sujet du sanctuaire détruit et relevé, annonçant son corps mort puis ressuscité. St Jean nous donne une clé de lecture. A nous aussi, il nous arrive d’entendre une Parole de Dieu et ce ne sera que plus tard que nous en comprendrons le sens.
Dans la deuxième lecture, il était aussi question de signes : alors que les juifs demandent des signes miraculeux et que les grecs recherchent une sagesse, une philosophie, nous nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les nations païennes. Autrement dit, le fait que Jésus soit mort crucifié, il symbolise le perdant des perdants. La croix est le pire supplice qui existe. Avec une guillotine, le condamné ne souffrait pas car c’était instantané. Alors qu’avec la crucifixion, ce sont de longues heures d’agonie où le condamné meurt asphyxié. Rien de séduisant donc à proclamer un Messie crucifié. C’est tout le paradoxe. Et ce sera le signe ultime que Dieu a son peuple, la résurrection de Jésus, que la mort n’aura pas le dernier mot de l’histoire, Dieu est plus fort que le mal et le péché. C’est bien ce qui est au coeur de notre foi et qui est à la source de notre espérance : ce que Jésus a vécu, ce passage de la mort à la vie, nous le vivrons à sa suite.
Pour conclure, pour cette première fête de la Pâque à Jérusalem parmi les trois qui sont racontées dans St Jn, beaucoup crurent en son nom à la vue des signes qu’il accomplissait. Ce n’est pas la même foi que la nôtre, celle d’après Pâques, mais une première confiance, comme à la fin du récit à Cana où les disciples commencèrent à croire en Jésus (Jn 2,12). Après les disciples, ce sont d’autres juifs qui sont témoins et qui commencent à mettre leur foi en Jésus. Rendons grâce à Dieu pour ces signes qui nous aident à fortifier, à progresser dans notre foi, et surtout à approfondir notre amitié, notre questionnement, notre recherche sur qui est ce Jésus que Dieu a envoyé, Lui qui « a tant aimé le monde » (Jn 3,14), Lui qui a donné son Fils pour venir nous chercher, pour nous faire participer à sa mission.
Ex 20, 1-17 ; Ps 18 ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25
P. Olivier Joncour