Homélie programmatique du Pélé des femmes de Colombes (13.06.2020)
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Samedi 13 juin 2020 Messe d’envoi du pélé des femmes St Pierre St Paul, Colombes
Au cours de sa dernière soirée d’homme libre, Jésus a prié pour l’unité : unité de l’Église, unité de nos familles, unité des couples, unité entre frères et sœurs, à l’exemple de la communion divine partagée par le Père et le Fils dans l’Esprit d’Amour qui les unit. Il a prié pour chacune de nous, pour que la force centripèthe de la division et de l’exclusion n’ait jamais le dernier mot. Car seul le pardon permet de retrouver l’unité perdue.
Jésus continue de prier pour nous. Il va le faire pour nous aujourd’hui. Pour notre groupe de pèlerines. Pour que nous restions unies même si nous marchons en 9 chapitres de 10 femmes. Il continue de prier pour nous pour que les 10 femmes des 9 chapitres soient soudées, restent unies comme les 10 doigts de nos deux mains, comme les 10 commandements de la Loi de Moïse, comme les 10 joueurs d’une équipe où chacune a un rôle, sa place. Toutes les 10 dans la même barque avec le Seigneur Jésus (cf Mc 4, 35-41). C’est ce que St Paul écrit aux Corinthiens en comparant l’Église au corps humain.
Bien sûr, il y a une responsable de chapitre. Bien sûr que vous avez besoin de souffler, de vous laisser porter, de vous reposer les unes sur les autres, de partager ce qui a été facile et ce qui a été éprouvant ces dernière semaines, pour prier, pour remercier, pour demander aussi. Mais partagez aussi entre vous les responsabilités. Ce sera plus léger. Que les plus fortes portent les plus faibles. Que les joyeuses portent les tristes. Que celles en bonne santé portent les malades. Que les vivantes portent celles dans le deuil. Que les bien-portantes portent celles blessées d’une manière ou d’une autre. Que celles en paix dans leur coeur portent celles dont le coeur saigne, est blessé. Que celles en paix dans leur corps de femme, portent celles dont le corps est violenté, blessé, handicapé, fatigué. Que celles dont la mémoire est en paix portent celles dont la mémoire est traumatisée.
Dans la réflexion sur l’être humain, dans le judaïsme et dans le christianisme, nous devons tendre vers l’unité entre notre corps, notre esprit ou notre intelligence, et notre coeur qui n’est pas seulement ce muscle qui bat dans notre poitrine, ni le lieu de nos sentiments et de nos émotions, mais le lieu de la rencontre avec le Seigneur. C’est difficile d’opérer cette synthèse, car on a tendance à nous diviser, à nous morceler, à nous couper en rondelle. Et quand on est regardé que pour notre corps, nous sommes vidés de ce qui fait notre principe, notre origine. On oublie que nos corps sont les temples de l’Esprit (cf 1 Co 6,19). Quand on est regardé que comme un esprit, on est vidé de ce qui nous relie au monde et aux autres. On oublie que nos corps sont beaux, qu’ils nous font souffrir, mais que le Fils de Dieu a eu lui aussi un corps d’homme, que lui a donné la Vierge Marie, un corps qui a grandi, qui était fatigué, qui a souffert sur la croix, qui est mort avant d’être mis au tombeau et d’être ressuscité.
Entre femmes, vous pouvez être vous-mêmes, libres de la recherche de séduction ou de plaire, libres de l’absence du regard des hommes sur vous, libres d’être accueillies comme vous êtes, là où vous en êtes, sans rapport de domination ou d’égalité, d’idéologie
libres de laisser parler la petite fille qui est en vous,
libres du regard de votre mère sur vous-mêmes
libres du regard de vos enfants sur vous si vous en avez
libres du regard de certaines collègues jalouses de vos talents ou de vos compétences ou de vos responsabilités.
Vous pouvez vous accueillir comme sœurs les unes des autres en Christ. Quel que soit votre âge, et votre situation, Jésus s’approche de vous et vous rejoint. Ayez confiance en Lui. Exprimez-lui votre confiance que ce soit par des mots, ou d’une autre manière comme la femme aux pertes de sang qui a touché son vêtement, ou en vous adressant à lui comme Jaïre dont la fille était mourante (Lc 8, 40-56).
On parle d’une unité de soins palliatifs, car la personne en fin de vie est regardée dans toutes les composantes de sa vie humaine et relationnelle. On parle d’une unité de mesure, car on peut voir l’infiniment grand et l’infiniment petit. Dans le théâtre classique, on parle de la règle des trois unités : unité de lieu, unité de temps et unité d’action. C’est aussi ce qui va organiser notre pélé. Cependant, nous ne sommes pas des comédiens ni des acteurs jouant un rôle écrit. Ce sont nos vies qui sont en jeu, avec la gravité et la légèreté que cela évoque. Le cadre a été préparé. Vous êtes venues ! Le Seigneur est au rendez-vous. Bonne route avec lui, même si vous ne le reconnaissez pas (cf Lc 24, 13-32), même si vous avez l’impression qu’il ne répond pas, même si avez l’impression qu’il dort (cf Mc 4, 35-41). A la fin de la journée, ce qui vous aura semblé être des pièces indépendantes trouveront, je l’espère, une cohérence, un sens, une unité à laquelle vous ne vous attendiez pas. Et quel chemin vous aurez parcouru ! Que toutes « soient un comme Toi, Jésus, » et ton Père et notre Père, vous êtes Un !
1 Co 12, 11-27 ; Ps ; Jn 17, 20–23
P. Olivier Joncour