Des ténèbres à la lumière Homélie Noël 2021 (25.12.2021)
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Samedi 25 décembre 2021 Noël
Des ténèbres à la lumière
Pendant les quatre semaines qui ont préparé cette fête de la Nativité, nous avons médité sur le début de la première phrase de la 1° lecture Le peuple qui marchait dans les ténèbres. Nous venons enfin d’entendre la suite et la fin : le peuple [...] a vu se lever une grande lumière.
Pendant l’Avent, nous avons pris conscience que ces ténèbres peuvent être celles d’un deuil, d’une déception forte, d’une épreuve, d’une dépression, d’un burn out, d’un acte violent où nous avons été la victime ou un proche. Elles peuvent être liées à un manque d’écoute ou de reconnaissance, autant de poids morts qui alourdissent notre coeur. Début décembre, nous les avons confiées au Christ Jésus qui se présente comme la Lumière du monde (Jn 8,12 . 9,5) qui nous propose de les porter avec nous, en priant les uns pour les autres par petits groupes de trois. A Noël, Jésus vient nous dire de la part de Dieu : « Tu n’es pas seul. Tu peux compter sur moi. »
Ces ténèbres peuvent être aussi liées au « climat » actuel souvent accentué par les médias qui retiennent les mauvaises nouvelles : tristesse générale, morosité, méfiance, individualisme, crises morale, spirituelle, économique et sociale, manque de foi, abus de toutes sortes y compris ceux commis dans l’Église. Sans nous isoler ni nous barricader derrière des remparts, il est bon de nous protéger un peu pour que tout ne nous atteigne pas. A Noël, l’enfant né à Bethléem dans une table vient nous dire de la part de Dieu : « Mets ta confiance en moi, garde l’espérance comme une boussole, continue à aimer y compris ceux qui te veulent du mal. ‘Choisis la vie’ (Dt 30,19) »
Il y a aussi les ténèbres de notre coeur : c’est le mal que nous faisons, des péchés qui ont pour conséquences de nous couper de Dieu, des autres et aussi de nous abîmer. Dans cette situation, seul le pardon demandé et reçu permet d’être renouvelé en profondeur. Ces derniers jours, plusieurs personnes ont pu être renouvelées en ayant été pardonnées par Dieu après parfois de nombreuses années sans L’avoir rencontré ni prié. A Noël, le Fils de Dieu et de Marie, le Prince de la Paix, Emmanuel, Dieu-avec-nous, vient nous dire de la part de Dieu : « Le mal, la souffrance, la mort ou le péché n’auront pas le dernier mot de nos histoires ni de celle du monde. »
Quelle fut la grande lumière vue par le peuple ? Le prophète Isaïe annonce la naissance d’un enfant. C’est dans l’une des nuits les plus longues de l’hiver que l’Église a choisi de célébrer la naissance du Sauveur. Relisons quelques versets du prologue de l’évangile selon St Jean qui est prévu lors de la messe du jour de Noël : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (1,4-5) Ainsi, beaucoup d’artistes ont peint des tableaux de la Nativité avec un enfant Jésus très lumineux, non pas comme si un projecteur l’éclairait, mais plutôt comme étant la lumière qui éclaire ceux autour de lui : Marie et Joseph forcément, mais aussi ensuite les bergers prévenus par les anges, et dans quelques jours des inconnus venus de l’est avec des cadeaux, à la recherche du roi des juifs C’est le même que l’on retrouvera plus d’une trentaine d’années plus tard les mains et le pieds attachés sur une croix avec le motif de sa condamnation à mort crucifié : « Jésus de Nazareth, Roi des juifs ». Comment St Paul a-t-il pu écrire « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière. » (Ep 5,8) ? Par le baptême reçu comme bébé, enfant, adolescent, jeunes adulte ou dans le grand âge, toute personne devenue disciple de Jésus sommes « la lumière du monde » (Mt 5,14a). Cependant, cette lumière, comme les petites flammes de nos bougies sont fragiles : il suffirait d'un courant d'air ou un coup de vent pour qu'elle ne s'éteigne. Comme nous avons pu le partager en EAP et au Conseil pastoral il y a quelques semaines, demandons-nous quelle lumière nous avons vue dans la nuit. Et aidons les autres à être attentifs aux petits signes d’espérance, de fraternité et d’amitié.
Lors du Marché de Noël de la ville, nous avons partagé la joie de Noël en reprenant et en découvrant des chants. Nous sommes heureux de les chanter chaque année, avec coeur, et joie comme les anges.
Cette nuit, des anges chantent la gloire de Dieu, d’autres souhaitent la paix aux hommes et sont artisans de paix. Ce soir, des anges ont annoncé la bonne nouvelle.
Cette nuit, des bergers ont été invités à venir à la messe voir un nouveau-né dans des conditions humbles, simples, précaires, très modestes. Un nouveau-né qui ne dit pas un mot alors qu’il est la Parole de Dieu faite chair. Ils sont venus voir le futur bon Berger qui est parti à la recherche des 99 brebis perdues de son troupeau pour les sauver, les protéger du loup (cf Lc 15 & Jn 10) et les ramener une par une en sécurité dans la bergerie-Eglise.
Cette nuit, un âne et un bœuf ont été témoins de cette naissance, de ces visites d’inconnus dont des brebis, des moutons et des agneaux, annonciateurs de Celui désigné par Jean le baptiste et qui prendra sur lui tous les péchés du monde au nom du reste de tous les autres animaux du ciel, de la mer et de la terre que Dieu avait créés au commencement (Gn 1).
Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
P. Olivier Joncour