Les huiles Homélie 32° dim TO A (12.11.2023)
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Dimanche 12 novembre 2023 32° dim TO A St Jean des Grésillons
Les huiles
Beaucoup de grandes choses se passent la nuit. C’est dans la nuit, que le Seigneur a fait jaillir la Lumière, le premier jour du récit poétique de la création (cf Gn 1, 2-5). C’est de nuit que Dieu le Père a ressuscité Jésus d’entre les morts par la puissance de vie de l’Esprit Saint. C’est de nuit que l’Epoux arrivera. Avez-vous remarqué qu’il n’est pas interdit de dormir ni de s’endormir, même si nous attendons la venue du Seigneur Jésus?
Comme les lampes restent allumées même pendant le sommeil, il n’est pas étonnant que les réserves d’huile diminuent. Et nous savons que la préparation de l’huile qui sera nécessaire avant que la lampe à huile ne s’éteigne se joue avant le moment de s’endormir. Au moment de l’arrivée de l’Epoux-Jésus, il est trop tard pour y penser. Le poète Jean de La Fontaine s’est-il inspiré de cette parabole pour écrire la Fable de la cigale et de la fourmi ? Lui seul le sait. En tous cas, nous sommes en présence de deux groupes, deux attitudes opposées.
Que veut dire les insouciantes, insensées ? Elle vivent au jour le jour, sans réfléchir, sans anticiper, sans prendre conseil, sans imaginer les conséquences de leurs actes, ni de leurs paroles, ni de leurs décisions. C’est une personne un peu fofolle, qui vit dans l’instant présent mais sans anticiper : c’est l’esprit de fête, des distractions, des divertissements (cf Blaise Pascal Pensées).
L’adjectif prévoyant pour qualifier les autres, nous fait penser à la personne qui a construit sa maison sur le roc, c’est-à-dire qu’il a non seulement écouter la Parole de Dieu mais qu’il la met en pratique. Il s’est appuyé sur la Sagesse de Dieu, telle que la première lecture la présente : on dirait que c’est un attribut de Dieu, voire Dieu lui-même. Au contraire l’insensé a construit sa maison sur le sable : il a juste écouté. Et face aux événements contraires, sa maison s’est écroulée (cf Mt 7, 24-27).
Sans électricité, pendant des siècles, et lorsqu’il y a des catastrophes qui nous en privent comme c’est encore le cas pour plusieurs milliers de personnes depuis la tempête, il ne reste que des bougies pour s’éclairer. A l’époque de Jésus, c’étaient des lampes à huile. c’est comme la cire aujourd’hui pour les bougies. C’est l’huile qui pénètre bien dans la peau, qui assouplit et qui nourrit bien les peaux sèches.
L’enjeu est d’avoir de l’huile en réserve. Aujourd’hui, on dirait qu’il faut avoir rechargé ses piles ou ses batteries. Alors, sur quelle prise est-ce que je me branche ? Il y a des prises qui fournissent un courant qui va éclairer. Il y a des prises qui ne sont pas reliées au réseau si bien que lorsque l’on branche sa prise, rien ne se passe.
Et il y a la prise connectée de la prière, de l’écoute et de la méditation de la Parole de Dieu, de la communion eucharistique, du pardon, de la fraternité en faisant partie d’une communauté et d’une famille qui est un soutient : l'huile de la grâce de Dieu, l'huile de la patience, l'huile de la persévérance, l'huile de l’amour car il est question de l’époux qui vient. Qui n'a jamais accepté d'attendre une personne importante dont le train était en retard? C'est l'huile de la foi en Dieu, l'huile qui permet d’être prêt à rencontrer le Seigneur Jésus glorieux.
L'Eglise utilise de l'huile dans quatre sacrements :
1) Dans le St Chrême, ce mélange d’huile d’olives et d’un parfum qui est béni par l’évêque lors de la messe chrismale. Il sert pour quatre sacrements : le baptême, la confirmation avec l’onction sur le front, l’ordination des prêtres avec l’onction au creux des mains pour la célébration des sacrements et en particulier l’Eucharistie, l’ordination des évêques avec une onction sur la tête du nouvel évêque
2) huile des malades qui donne la paix de la foi dans la maladie et le réconfort de la présence du Christ qui est à nos côtés. Onction sur le front et au creux des mains
3) huile des catéchumènes qui donne la force de repousser la tentation d’abandonner et de tenir jusqu’à la veillée pascale.
Rappelons-nous que nous avons reçu la Lumière lors de notre baptême, reçue du cierge pascal qui symbolise le Christ ressuscité, vivant, vainqueur des ténèbres de la mort et du péché, la lumière qui nous communique la vie éternelle, la vie divine.
Chantons ensemble : « Jésus le Christ, Lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler. Jésus le Christ, Lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ton amour. » (Taizé)
Juste après les béatitudes entendues le 1° novembre, pour la fête de la Toussaint, Jésus a dit : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14) en participant à la Lumière du Christ, Le Fils de Dieu, le Ressuscité.
Finalement, Jésus oriente surtout notre regard vers l’à-venir : vers le retour du Christ, sa seconde venue à la fin des temps, avec son corps glorieux avec les plaies de sa Passion. Un événement certain. L'enjeu est donc : Comment vivre en attendant cet événement dont nous ignorons le lieu et le moment, le où et le quand, sans oublier que ce que permet d’avoir de l’huile en réserve : entrer dans la salle des noces avec l’époux.
Sg 6, 12-16 ; Ps 62 ; 1 Th 4, 13-18 ; Mt 25, 1-13
P. Olivier Joncour
La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue4 :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! Dansez maintenant. »