Contrôle d'identité ? Homélie 24° dim TO B (12.09.2021)
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Dimanche 12 septembre 2021 24° dim TO B, St Jean des Grésillons et Ste Marie-Madeleine Gennevilliers
Contrôle d'identité ?
Il y a quelques jours, c’était la rentrée des classes pour plusieurs millions d’élèves : enfants, adolescents, jeunes adultes et adultes qui commencent un changement de travail ou qui veulent progresser. Après quelques heures, ils savent qu’ils seront interrogés sur leurs connaissances, sur ce qu’ils ont compris ou pas. Il y a les contrôles qui sont annoncés à l’avance et parfois une interro surprise où le professeur vérifie si ses élèves travaillent tous les jours et pas seulement quand ils savent qu’il y aura un examen programmé.
Ce dimanche, on ne retrouve pas Jésus et ses disciples dans une salle de classe, mais, toujours sur le terrain, dans un endroit où ils ne sont jamais encore allés, au nord du lac de Tibériade, dans la région des sources du Jourdain, à Césarée de Philippe, où on a trouvé un sanctuaire dédié à la divinité Pan.
Ce jour-là, c’est l’interro surprise. Jésus veut faire le point sur la formation qu’il leur donne depuis plusieurs mois : ses enseignements en discours et paraboles mais aussi par de nombreuses guérisons, tant en faveur de juifs que de non-juifs, comme dimanche dernier, où il était en territoire païen à l’est du Lac où il avait permis à un sourd et muet d’entendre et de parler clairement.
Si on voit Jésus de loin, comme un phénomène juif, on répond qu’il se situe dans un courant prophétique d’Israël comme Elie qui n'était pas mort et qui était monté au ciel dans un char de feu (2 R 2, 1-12) dont le dernier était son cousin Jean-Baptiste qui donnait le baptême de conversion dans l’eau du Jourdain (cf Mc 1, 4-5). Si on partage son quotidien, pas seulement la vie aux yeux de tous, mais aussi son amitié dans une proximité itinérante de tous les jours, comme les disciples, la réponse est différente : au nom des autres, Pierre répond : Tu es le Christ. Rappelons-nous les premiers mots de l’Evangile selon St Marc : « Commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » (1,1) Les 7 premiers chapitres sur les 16 ont permis de conduire à cette affirmation de la foi. La seconde partie va conduire à l’affirmation de foi du centurion romain, après la mort de Jésus crucifié : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » (15,39b).
Quelle est l’originalité de Jésus par rapport à ses disciples ? Quand des juifs l’appellent Rabbi, Maître, ils reconnaissent sa sagesse, qu’il « enseigne avec autorité ». Il a un discours séduisant. Après la première des trois annonces de sa Passion, des douleurs qu’Isaïe avait prophétisées (cf 1° lecture), de sa mort comme un criminel, et de son réveil de la mort, Jésus définit des conditions pour le suivre, pour être son disciple : après avoir été appelé, avoir commencé à être formé en partageant sa vie concrète dans la durée en écoutant Jésus et en observant comment il agit, après avoir été envoyés deux par deux pour préparer sa venue et commencer à agir en son nom, l’avoir aidé à distribuer les pains et les poissons par deux fois à la foule, Jésus pose des conditions : Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Évangile la sauvera. C'est en la donnant qu'on perd sa vie !
A la différence de l’islam où Djibril, l’ange Gabriel, parle à Mahomet, où c’est le message qui reste, dans le christianisme, au contraire, c’est le messager qui est le plus important, car nous le savons Jésus est à la fois le message et le messager (cf Fabrice Hadjadj Comment parler de Dieu aujourd’hui ? Anti-manuel d’évangélisation Salvator, 2012, p. 155). Jésus comme Parole de Dieu le Père faite homme, et est donc l’Evangile.
Et chaque dimanche, lorsque nous disons le « Je crois en Dieu », nous ne disons pas que nous pensons que les phrases que nous disons sont vraies, mais nous exprimons notre confiance en ce Dieu Père, Fils et St Esprit avec lequel nous sommes en relation : fils et filles avec le Père de Jésus notre Seigneur dont nous sommes les frères et sœurs par adoption en communion par l’Esprit Saint. Et c’est dans notre vie quotidienne que notre foi se traduit par des actes et des choix concrets, par un style de vie, dont les valeurs sont la conséquences. Sans actes, notre foi est morte, écrit St Jacques dans sa lettre. Là aussi, c’est un long travail de compréhension, de formation, de conversion, de changement, de prière pour que rien ne repose sur nos forces mais que toute l’aide de Dieu puisse se déployer dans nos vies et nos relations. Et si nous tombons, nous savons qui est à nos côtés pour nous relever, pour nous pardonner, pour nous encourager à reprendre le chemin avec Lui, à l’écoute de sa parole, nourris de l’Eucharistie, avec le reste de l’Église et des frères et sœurs avec lesquels nous sommes en confiance, avec lesquels nous grandissons dans la foi, dans le service, dans la fraternité notamment en faisant partie d’une équipe de partage.
En cette nouvelle année, quel nouveau pas allons-nous faire ? Suivre une formation ? Rejoindre une équipe de partage, de prière et de soutien fraternel ?
Is 50, 5-9a ; Ps 114 ; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35
P. Olivier Joncour