"Je t'envoie" Homélie 14° dim TO B (4.07.2021)

Dimanche 4 juillet 2021 14° dim TO B ND des Agnettes Ste Marie-Madeleine Gennevilliers

"Je t'envoie"

« Fils d'homme, je t'envoie vers les fils d'Israël, vers ce peuple de rebelles qui s'est révolté contre moi. [...] C'est à eux que je t'envoie.

Dieu appelle et envoie

Dieu envoie des personnes qu’il a choisies au milieu de son peuple pour une mission particulière à chaque fois : Ezéchiel, Isaïe, Amos, et tant d’autres grands et petits prophètes. Pour eux, il s’agit à une époque où le peuple oubliait l’Alliance que le Seigneur avait conclue avec leurs ancêtres, au désert, au Mont Sinaï, de leur rappeler la Loi, les commandements que leurs pères avaient acceptés, tant en ce qui concerne la relation avec Dieu qu’avec les autres. Dans la parabole des vignerons homicides, Jésus rappelle que le vigneron avait confié sa vigne à ses serviteurs qui se sont appropriés la vigne et qui ont tué les envoyés du Père (cf Mc 12, 1-9)

Dieu a fait de même avec son Fils unique : Lui qui était de condition divine a accepté de devenir un être humain. Dans l’évangile selon St Jean, Jésus se présente comme l’envoyé du Père. Autrement dit, il ne se l’est pas donnée à lui-même. Il l’a reçue du Père.

Jésus : Allez !

Dans les évangiles, Jésus a choisi parmi ses disciples les Douze. Et c’est après sa résurrection, avant son ascension qu’Il les envoie. C’est de là que vient le mot ‘apôtre’, qui se traduit ‘envoyé’. « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » (Mc 16,15) ou dans l’évangile selon St Matthieu : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,20). Comme le rappelle le pape François dans son exhortation « La joie de l’Evangile » (2013), par le baptême, nous sommes non seulement disciples de Jésus, mais aussi des missionnaires. Il a forgé l’expression de « disciples-missionnaires ». « Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes ‘disciples’ et ‘missionnaires’, mais toujours que nous sommes ‘disciples-missionnaires’. » (EG 120)

Eglise en sortie missionnaire

C’est pourquoi, François parle ensuite de l’« Église en sortie missionnaire » (cf EG 17.20.24), une Eglise qui ne peut pas rester entre les murs des lieux de culte et de ses salles de réunion. « Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile. » (EG 20). Ainsi, nous devons retrouver l’esprit des apôtres et l’élan des premiers chrétiens qui étaient dans la joie de parler de Jésus comme vivant, comme leur Sauveur, comme le Fils de Dieu qui a donné sa Vie pour tous sur la croix et que Dieu a ressuscité (cf Ac), comme la Samaritaine après sa rencontre avec Jésus auprès du puits de Jacob : elle ne peut se retenir d’aller en parler aux habitants de son village (cf Jn 4). Rappelons-nous les apôtres à Jérusalem après le don de l’Esprit St à la Pentecôte.

Saul de Tarse

Saul de Tarse, le persécuteur des disciples de Jésus, qui a connu un complet retournement sur le chemin de Damas fait aussi partie des apôtres, en particulier vers les non-juifs, vers tous ceux qui ne faisaient pas partie de la descendance d’Abraham et d’Isaac. Il est l’apôtre des païens, des nations, de la très grande part de l’humanité qui n’était pas le peuple de l’Alliance. A plusieurs reprises, Paul raconte son rôle d’apôtre, comment il l’est devenu, ce qu’il fait, la mission qu’il a reçue directement du Christ ressuscité, comment la « Bonne nouvelle de Jésus Fils de Dieu, Sauveur » (Mc 1,1) est annoncée, mais aussi ses difficultés, ce qu’il souffre, les humiliations, ses séjours en prison, les persécutions, et la tentation que cela devienne de l’orgueil.

Même si à chaque fois, la mission est reçue de Dieu ou de l’Église, elle peut être difficile, et ne remporte pas forcément les succès et les réussites imaginées : tous ne sont pas Jonas dont la parole tranchante convertit en une journée 120.000 personnes très méchantes (cf Jon 3), ou St Pierre dont le discours enflammé de la Pentecôte amène 3.000 personnes à recevoir le baptême (Ac 2,41b). Le Seigneur prévient Ezéchiel que le peuple ne l’écoutera pas toujours : qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas. St Paul d’écrire : J’accepte de grand cœur pour le Christ, les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. Et Jésus a connu l’échec de sa prédication à Nazareth de même que tous les juifs ne l’ont pas reconnu comme le Seigneur. Comme pour Lui, cependant, nous n’avons pas une obligation de résultats, mais de moyens.

Pour conclure, ce « Je t’envoie » est adressé à chacun et chacune de nous. Terminons avec le Pape François : « Un coeur missionnaire est conscient de ces limites et se fait 'faible avec les faibles […] tout à tous' (1 Co 9, 22). Jamais il ne se ferme, jamais il ne se replie sur ses propres sécurités, jamais il n’opte pour la rigidité auto-défensive. Il sait que lui-même doit croître dans la compréhension de l’Évangile et dans le discernement des sentiers de l’Esprit, et alors, il ne renonce pas au bien possible, même s’il court le risque de se salir avec la boue de la route. » (EG 45)

Ez 2, 2-5 ; Ps 121 ; 2 Co 12, 7-10 ; Mc 6, 1-6

P. Olivier Joncour

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