Croissance des sarments de la vigne en qualité et en quantité Homélie 5° dimanche temps pascal B (29.04.2018)
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Dimanche 29 avril 2018 5° dim TP B St EH Colombes
Croissance des sarments de la vigne en qualité et en quantité

Dans la vie, il y a différentes sortes de changements : ceux qui nous sont imposés par exemple la chenille qui deviendra papillon, ceux que l’on s’impose parce qu’on pense que ce sera mieux comme la grenouille de la fable de La Fontaine qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, et ceux que l’on subit à cause de tel ou tel événement de la vie : comme ce qui est arrivé à Saul de Tarse après ce qu’il a vécu sur le chemin de Damas (Ac 9).
Illumination-adhésion-transformation

On comprend aisément que celui qui avait quitté Jérusalem avec la mission de persécuter les disciples de Jésus à Damas a dû mal à se faire accepter par l’Église de Jérusalem qui l’avait vu présent au moment de la lapidation et de la mort d’Etienne (Ac 8,1a). Il en avait été de même à Damas quelques jours auparavant. Mais le Seigneur avait prévenu Ananie qu'il avait "retourné" le persécuteur. A Jérusalem aussi, donc, il a besoin d’être présenté par quelqu’un, Barbabé, qui authentifierait sa conversion et son changement de vie, autrement dit qu’il n’était pas le loup déguisé en brebis qu’on introduisait dans la bergerie, ni un mercenaire (cf Jn 10,12). De son côté, les actes et son témoignage public que Jésus était le Christ, mort et ressuscité, ont confirmé la réalité de son changement. Un troisième élément prouve que l’adhésion et la transformation de Saul étaient vraies et pas simulées ni jouées : il est persécuté par les juifs de langue grecque.
Dans une communauté chrétienne, nous savons tous qu’il est long de connaître des personnes quand on est seul, quand on vient d’arriver personne. Je vous demande donc d’y être vigilants, et pas seulement en septembre et octobre, mais toute l’année, et même chaque dimanche. C’est la logique d’intégration par l’accueil et la mise en relation plutôt que celle de l’exclusion par l’aveuglement, l’indifférence.

Si vous voulez en savoir sur la suite de la vie de cet apôtre plus connu sous le nom de St Paul, si vous n’aviez pas le temps de lire la suite du livre des Actes des apôtres et toutes ses lettres, je vous recommande d’aller voir le film « Paul, apôtre du Christ » qui va sortir au cinéma mercredi prochain (2.05.2018).
La loi de l’évolution
Je ne pense pas à la théorie de Darwin. Non, je fais référence à un processus naturel dont nous sommes témoins chaque année au printemps : de nouvelles branches poussent sur les arbres, les bourgeons s’ouvrent et deviennent des feuilles, des fleurs deviennent des fruits. Jésus en parle pour la vigne sur laquelle des nouvelles branches poussent, les sarments, sur lesquels des feuilles et des grappes de raisins vont apparaître et pousser.

Dans cette partie du discours de Jésus au cours de son dernier repas, après le lavement des pieds (Jn 13), il développe une double croissance : d’une part, celle de chaque sarment pour qu’il porte des beaux et gros raisins, quitte à devoir couper son extrémité pour éviter que la sève s’épuise et se disperse. Vous avez remarqué que les sarments-disciples ne sont pas des greffes, mais des extensions, des prolongements du cep de la vigne. D’autre part, il y a la croissance de la vigne vue comme l’Église qui grandit en nombre, en effectifs. Elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; vigneronsréconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait.
Les sarments de la vigne.

De même que la vigne est la raison de vivre du vigneron, car elle concentre toutes ses attentions tout au long de l’année, de même chaque baptisé, chaque disciple est le fruit de la Passion, de la mort et de la résurrection de Jésus, le Fils de Dieu fait homme. Nous sommes les bien aimés du Seigneur. Chacun, chacune est son/sa préféré(e) sans jalousie par rapport aux autres. Cela peut durer si nous nous en souvenons si nous vivons dans cette logique, sans nous séparer, sans nous couper de Celui qui donne tout. Si nous débranchons le câble ethernet de notre ordinateur, nous sommes coupés du réseau internet. Si nous coupons la 3G, la 4G ou le wifi de notre smartphone, ou si nous le mettons en mode avion, nous sommes déconnectés : quelque soit l’appli que nous voudrons utiliser qui a besoin d’être connecté, cela ne fonctionnera pas. Nous aurons un message d’erreur nous proposant de revoir nos réglages. Dans la vie chrétienne, nous n'aurons pas un tel message si ce n'est que nous prendrons conscience que nous nous sommes coupés de Celui qui est la Vie, la source.

Quelle est le but de toute vie chrétienne ? N’est-ce pas d’aimer, de tendre vers la ressemblance de Dieu qui est Amour, qui est don, gratuitement, de façon désintéressée. Pour grandir dans cette logique, jour après jour, heure après heure, minute après minute, cet évangile est un mode d’emploi clair : il nous faut demeurer connectés en Jésus, sur Jésus. Pour cela, ouvrez certaines applis : l’appli prière, l’appli fraternité, l’appli Parole de Dieu, l’appli Sacrement de la communion qu’est la messe, l’appli Pardon. Et supprimez certaines applis qui ne servent à rien si ce n’est à vous détourner de l’essentiel et qui usent vos batteries. Tout cela, ce n’est rien d’autre que "l’appel à la sainteté dans le monde actuelle" que le Pape François rappelle dans son dernier écrit publié début avril : « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Gaudete et Exsultate).
Il est donc finalement tout à fait normal que des enfants, des hommes et des femmes de tous âges se sentent attirés par Jésus, veuillent fonder leur vie sur Lui, demandent à recevoir le baptême, à faire partie de l’Église, à être unis à Lui, à vivre chaque jour avec Lui qui est vivant, Lui qui est un Ami qui nous veut du bien, d’autant plus s’ils découvrent une communauté joyeuse, accueillante et qui ose vivre avec Jésus ressuscité la joie de la rencontre.
Ac 9, 26-31 ; Ps 21 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15,1-8
P. Olivier Joncour