Choisis la lumière Homélie 4° dim carême B (15.03.2015)

Dimanche 15 mars 2015 4° dimanche de Carême B St PP Colombes

Choisis la lumière

Nous venons d’écouter les derniers mots de Jésus à Nicodème, un membre du Grand conseil des juifs de Jérusalem. Pour annoncer sa crucifixion et la dimension de guérison et de salut de sa mort, il s’appuie sur un événement connu de tout juif rapporté dans le livre des Nombres au chapitre 21. Alors que les juifs étaient piqués par des serpents dans le désert, Dieu a demandé à Moïse de faire un serpent de bronze et de le hisser sur un mat. Quiconque avait été mordu et le regardait était guéri (21, 4-9) caducéeCela fait penser au caducée, le sigle des pharmaciens et des médecins où un serpent s’enroule autour d’une croix ou d’un bâton que nous voyons dans les croix vertes des pharmacies ou sur la carte professionnelle des médecins sur le pare-brise de leur voiture.

Jésus crucifiéNul être humain, qu’il soit disciple de Jésus ou non, ne peut s’habituer à voir le corps de Jésus, flagellé, souffrant, sur la croix. Et pourtant, c’est par son amour impuissant, défiguré, silencieux, qu’il nous a rejoints. D’ailleurs, qu’est-ce qui peut toucher le monde qui pense ne pas avoir besoin de Dieu, sinon un amour désintéressé, gratuit ? Rien d’autre qu’un amour qui « prend patience, […] [qui] ne cherche pas son intérêt, […] [mais qui] trouve sa joie dans ce qui est vrai, qui supporte tout, [y compris d’être rejeté], […] espère tout, endure tout » (1 Co 13, 4-8), y compris l’insoutenable et l’inhumain. Dieu peut rien faire de plus qu’aimer, que pardonner, qu’accueillir la personne qui regrette le mal qu’elle a pu faire ou dire dont elle a pris conscience, les larmes aux yeux ! A certaines heures, nous sommes déboussolés, aveuglés, plongés dans les ténèbres, car notre conscience a été anesthésiée par la morsure du venin du serpent, ou paralysé par un autre qui nous étouffe en s’enroulant autour de nous. Il ne reste alors qu’un antidote pour survivre : la lumière de Dieu qui vient éclairer les ténèbres de notre vie, pour les visiter et les purifier par le feu qui brûle et nettoie, or purifié de ses impuretéscomme les impuretés dans un métal qui disparaissent lorsqu’il est porté à ébullition. N’ayons jamais peur de celui qui est la « Lumière du monde » (Jn 8.9). Cette « lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,5)

Lorsque nous sombrons dans la nuit de la mort spirituelle ou que nous nous enfonçons dans une dépression ou le surmenage, nous sommes en compagnie de tous ceux qui attendaient la venue du Sauveur et du Messie au Séjour des morts, tous ceux que Jésus est venu visiter dans sa mort, le samedi saint, entre la mise au tombeau et la résurrection, si bien que nous pouvons dire : « La mort a été engloutie dans la victoire. Ô mort, où est ta victoire ? » (1 Co 15,54b-55a) Rappelons-nous ce que le Seigneur a réalisé par sa Parole le premier jour : « Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres » (Gn 1,4). C’est ce qu’il répète chaque matin. Rappelons-nous aussi le Ressuscité qui vint marcher vers Emmaüs avec ses deux disciples désespérés et déçus (Lc 24,13-35). C’est toujours Dieu qui a l’initiative. Dieu est le sujet de quatre verbes : Il a aimé le monde, Il a donné son Fils unique, Il a envoyé son Fils […] pour sauver le monde. Gardons l’espérance lorsque nous avons l’impression que ce sont les méchants et les persécuteurs qui gagnent, ou lorsqu’une situation semble sans issue. Lorsque tout a déjà été tenté humainement, il ne reste qu’à tout déposer entre les mains du Christ, au pied de la croix. Demandons à d’autres de prier pour nous. Icône des 21 coptes égyptiens assassinés en LibyeGardons en mémoire le témoignage de foi des coptes égyptiens assassinés en Libye qui avaient le nom de Jésus sur les lèvres jusqu’au dernier souffle.

Qui préfère rester dans les ténèbres, qui pense s’en sortir seul, sans Dieu, se trompe. Qui se coupe des autres et de Dieu se rend malheureux. Par contre, même si ce n’est pas toujours très agréable, qui accepte de faire la vérité sur sa vie, sur ses relations avec les autres, avec Dieu et soi, vient à la lumière pour demander pardon, pour être renouvelé dans sa vie de baptisé. Or, la lumière, c’est l’amour. Et reconnaître la lumière, c’est se reconnaître aimé. Après s’être trompé, Jonas prie : « Je descendis aux pays dont les verrous m’enfermaient pour toujours ; mais tu retires ma vie de la fosse, Seigneur mon Dieu. » (Jon 2,7). Après avoir écouté Dieu, Job confesse : « Je sais que tu peux tout et que nul projet pour toi n’est impossible. » (Jb 42,2).

Finalement, regardons Jésus crucifié que ce soit dans la tentation pour qu’il lutte avec nous ou que ce soit après avoir rompu une relation avec d’autres, pour qu’il nous pardonne.

2 Ch 36, 14-16.19-23 ; Ps 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21
P. Olivier Joncour

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