Mourir pour Vivre Homélie 5° dim Carême B (22.03.2015)
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Dimanche 22 mars 2015 5° dim Carême B St Etienne St Henri Colombes Messe des familles
Mourir pour Vivre
Dimanche dernier, Jésus annonçait qu’il serait élevé de terre . C’est ce qui s’est passé lorsqu’il fut mis sur la croix. Dans la suite des événements vécus par Jésus le vendredi saint, nous savons que la suite et la fin de la croix, c’est sa mort. La fin de sa vie terrestre, et que son corps serait mis dans une tombe.
« Vous voulez me voir », semble répondre Jésus, aux Grecs venus en pèlerinage à Jérusalem, « eh bien, vous n’allez plus me voir, puisque je vais disparaître sous terre. Alors que vous penserez que tout sera terminé. En fait, je vais vivre ce que vous ne pourrez pas voir. Notre vue nous trompe. Sous terre, en effet, il se passe des choses qu’on ne voit pas.
Alors que toute la belle aventure que Jésus vivait depuis trois ans avec ses apôtres semblait s’interrompre et finir de façon tragique sur la croix, en fait tout allait continuer et prendre une dimension nouvelle par la nouvelle vie que Dieu lui a donnée. Sa mort fut un temps d’une nouvelle fécondité, différente, mais d’une nouvelle fécondité. C’est ce que Jésus dit de façon imagée : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. Bien sûr, Jésus parlait de lui. La résurrection de Jésus, son réveil du sommeil de la mort, sa vie nouvelle après sa mort, cela veut dire que la mort n’est pas le dernier mot de notre histoire. C’est une étape, bien sûr que nous préfèrerions tous ne pas avoir à vivre, car nous savons ce que nous perdons, ceux que nous quittons, et que nous avons du mal à imaginer comment cela se passera après notre mort.
Et pourtant, nous avons déjà tous vécu un passage semblable, où tout en restant la même personne, nous avons changé de milieu de vie. En effet, lorsque nous étions bien au chaud, nourris, logés dans le ventre de notre mère, vous n’êtes pas sans savoir que le bébé entend des bruits et des sons déformés du monde dans lequel nous vivons. Et si, aucun d’entre nous ne pouvait imaginer quelle serait le monde dans lequel nous ferions notre entrée, nous en avions déjà l’intuition, même si la naissance peut s’assimiler à un traumatisme pour le nouveau-né (cf Lytta Basset Oser la bienveillance Albin Michel). Il en est de même pour la suite de notre vie terrestre : la communion en plénitude avec Dieu avec l’Eglise du Ciel à partir du meilleur que nous espérons et à partir de ce que nous avons déjà vécu avec le Seigneur.
Pourtant, si la mort est un passage, ce qui peut nous effrayer dans la mort d’un autre, c’est que nous prenons conscience de notre propre mort. Il subsiste une part d’inconnu. Nous avons un cœur. C’est le lieu de nos sentiments, où nous prenons nos grandes décisions. C’est lui qui bat et irrigue tout notre corps. C’est grâce à lui que nous aimons. Garder des grands-parents, ses parents, dans notre cœur, l’aimer, transcende alors les limites de la vie et de la mort. Car l’amour et l’amitié continuent par-delà la mort, même si les modalités sont différentes.
Ce qui se passe pour le petit grain de blé, c’est la même transformation que vit la chenille qui doit devenir cocon avant de se réveiller papillon. Avant et après la mort, c’est le même Jésus : c’est celui qui a été crucifié qui sera relevé et réveillé de la mort : les plaies de la passion dans ses mains, ses pieds et dans son cœur nous le disent bien. Autrement dit, il n’y a pas eu de tour de magie, ni de remplacement par un sosie ou un jumeau, même s’il y a une rupture.
Nous-mêmes, acceptons de nous laisser transformer par la Parole de Dieu, par les sacrements, par les rencontres avec d’autres : Il nous fait changer et évoluer pour devenir à sa ressemblance.
He 5, 7-9 ; Ps 50 ; Jn 12, 20-33
P. Olivier Joncour