Celui qui voyage, enseigne, guérit et évangélise Homélie 5° dimanche Temps ordinaire B (4.02.2018)
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Dimanche 4 février 2018 5° dim TO B St PP Colombes
Celui qui voyage, enseigne, guérit et évangélise
Dimanche dernier, Jésus expulsait l’esprit mauvais d’un homme qui le rendait prisonnier. Ce dimanche, nous entendons d’autres guérisons.

Observons les déplacements de Jésus et l’occupation de l’espace. De la synagogue de Capharnaüm, un lieu public, un lieu religieux où se rassemble la communauté juive, Jésus se dirige vers une maison, celle de Simon, un lieu privé, et jusqu’à l’intimité d’une chambre, et même celle d’une femme, la belle-mère de Simon. Il se tient ensuite à la porte de la maison où il opère de nombreuses guérisons, sur la place publique, à la vue de tous. Le lendemain, il va dans un endroit désert pour prier, pour être connecté à son Père car c’est un combat usant et épuisant contre les démons qui sont mentionnés 4 fois en 5 versets. Il médite et rend grâce pour ce qui s’est passé la veille, et confie sa nouvelle journée. Il indique que pour prier, il n’est pas forcément nécessaire de se trouver dans un lieu religieux, même si cela peut aider. A la fin, il décide d’aller dans les villages des environs. Il ne veut pas rester enfermé dans un village. Il ne veut pas être prisonnier d’un groupe. Il est envoyé à tous : il parcourt la Galilée, cette région où vivent ensemble des juifs et des personnes qui croient autrement. Nous n’en saurons pas plus sur ses rencontres, ni sur son enseignement dans les synagogues où il parle aux fils d’Israël, ni sur le nombre de guérisons. Pour Jésus, il y a une forme d’urgence. Après les 30 ans cachés, il y a 3 années à proclamer la Bonne Nouvelle et libérer, avant les 3 jours du Don ultime de sa vie dans sa passion et sur la croix, dans sa mort et sa résurrection par la puissance de Vie du Père.

Jésus prend du temps avec chacun : l’homme possédé dimanche dernier, la belle-mère de Simon ce dimanche, et tous ceux qui sont restés anonymes car les évangélistes n’ont pas gardé leur nom. Ce peut être physique, ou psychologique ou psychique. En écoutant Job partager à voix haute son mal être après la perte de tout ce qu’il possédait et après la mort de tous ceux de sa famille y compris ses enfants et de son épouse (Jb 1), il y a de quoi être déprimé, voire entrer dans une grande dépression, de vouloir se couper des autres, de ne vouloir voir personne, de s'isoler. On aurait compris qu’il ait pensé à un moment ou à un autre au suicide, même si cela n’aurait pas arrangé ses problèmes. C’est comme l’euthanasie, un suicide assisté, une forme d’abandon des vivants, de ceux qui restent. Job ne voit que ce qui est souffrance et douloureux. Et ce n’est pas une illusion. Il souligne aussi la vulnérabilité et la fragilité de la vie humaine qu’il compare à un souffle.

Jésus fait bouger les lignes. Avez-vous remarqué la simplicité des gestes de Jésus qui s'approcha d'elle, la prit par la main, et il la fit lever. Il fera le même geste avec la fille de Jaïre qui est morte (Mc 5,41). Il bouscule les cadres. Lui, le Fils, le Saint de Dieu, n’a pas peur d’affronter de face les démons et les esprits mauvais. Il fait taire ce qui opprime et oppresse. Il libère ceux qui ne sont pas libres. Il remet debout. Il encourage. Il donne la force d’aller de l’avant en assumant son passé. Il pardonner pour ouvrir un nouvel avenir. Il relève le faible, il prend soin du vulnérable. Il vient chercher celui qui est tourmenté. Il est venu « relever le faible, [Il] le prend dans ses bras, il le console. » (Glorious, 1000 échos « Relever le faible ») Il redonne de l’espérance. Il élargit le regard. Il réintègre dans la société humaine et la communauté des croyants. Il fait passer de l’isolement, de la solitude, du repli, de la mise à l’écart et du rejet, aux retrouvailles avec les autres. Il réintègre, il réincorpore. Le malade, guéri immédiatement, ressent et voit « aussitôt » les bienfaits. La fièvre la quitta, et elle les servait. Demandons-Lui de nous guérir des maladies de la médisance, de la jalousie des dons de Dieu aux autres, du péché de la division.

Jésus vit une urgence de la mission dans son ministère itinérant : à la fin de ce récit, il quitte Capharnaüm pour aller dans les villages voisins. On retrouve cette même urgence chez St Paul : si j'annonce l'Évangile, c'est une nécessité qui s'impose à moi ; malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile ! […] Libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. J'ai partagé la faiblesse des plus les faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut.

Cette semaine, nous allons passer à l'action en nous demandant à qui allons-nous proposer de recevoir le sacrement des malades à l’une des messes dimanche prochain ? Commençons par la prière : demandons au Seigneur qu’Il nous montre de quelle personne malade ou vieillissante Il veut se faire proche, une personne qui venait encore il y a quelques semaines et que nous n’avons pas vue s’éloigner. Demandons-Lui la force et la persévérance d’être comme les quatre porteurs du paralysé qui font tout pour s’approcher de Jésus jusqu’à passer par le toit de la maison car la porte était inaccessible à cause de la foule (Mc 2, 1-5). A l'époque, ils n'avaient pas de voiture, mais ils avaient juste un brancard, alors soyons aussi inventifs et tenaces que ces 4 hommes.
Jb 7, 1-4.6-7 ; Ps 146 ; 1 Co7 ,16-19.22-23 ; Mc 1, 29-39
P. Olivier Joncour