Tentations en Eden, après la Mer Rouge et au désert Homélie 1°dim carême A (1.03.2020)

Dimanche 1° mars 2020 1° dim Carême A St Etienne St Henri Colombes

Tentations en Eden, après la Mer Rouge et au désert

La première lecture et l'évangile nous donnent des repères sur comment nous comporter face à une tentation proposée par le diable.

Quand la femme et l'homme écoutent plus la voix du serpent que celle de Dieu

Commençons par nous installer dans un Jardin appelé Eden dont nous avons tous la nostalgie. C’est là que le Seigneur Dieu avait conduit Adam et lui avait permis de manger les fruits de tous les arbres du jardin à l’exception de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. » (Gn 2,16b-17). Ce n’est que plus tard, après la création des animaux, que le Seigneur a créé la femme comme cet être complémentaire à l’homme qui a besoin d’elle pour devenir ce que le Seigneur voulait qu’il soit et réciproquement. Autrement dit, la femme n’a pas entendu la permission-restriction fixée par Dieu. Et l’auteur de ce passage ne dit pas que le Seigneur l’a dite à la femme. Si le serpent est donc allé parler à la femme (Gn 3,1), c’est parce qu’il savait qu’elle était en situation de faiblesse : elle n’avait pas reçu directement la règle avec le risque que l’homme ait mal compris ou déformé ce que le Seigneur lui avait dit.Avez-vous remarquer que le serpent maléfique ne met pas en doute l’existence de Dieu, mais que, par ses mensonges, il cherche à casser la communion entre l’homme et la femme et leur confiance l’un vis-à-vis de l’autre et avec Dieu. Il insinue le doute que Dieu n’est pas aussi bon ni généreux qu’il semble. Cet équilibre et cette harmonie se sont brisés à partir du moment où la femme a plus écouté le serpent que Dieu. Si vous lisez la suite, vous verrez aussi l’incapacité de l’homme et de la femme à reconnaître qu’ils ont désobéi, en reportant toujours la faute sur un autre : l’homme sur la femme, celle-ci sur le serpent (cf Gn 3, 12-13).

Baptême de Jésus dans le Jourdain

Continuons avec l’évangile : nous quittons les bords du Jourdain où Jésus a été baptisé par Jean, où l’Esprit Saint est descendu sur Lui sous la forme d’une colombe faisant de Lui le Messie, le Christ, et où la voix du Père l’a désigné comme son Fils (Mt 3, 13-17), pour le désert de Judée, à quelques kilomètres à l’ouest où il fut poussé par l’Esprit. Jésus y fut soumis à trois tentations après 40 jours de jeûne, c’est-à-dire à un moment où la volonté est plus faible et son discernement aurait pu être fragilisé. L’Église ne nous propose pas ce récit à la fin du Carême, mais dès le début pour nous donner les clés de compréhension de chacune d’elles et éviter de tomber dans le piège.

Jésus conduit au désert par l'Esprit Saint

La première tentation qui concerne la faim rappelle celle des fils d’Israël sortant d’Egypte à laquelle le Seigneur avait répondu avec la manne, cette fine couche de rosée qui une fois sèche aura durci (Ex 16, 3-18). Comme Fils de Dieu fait homme, Jésus avait la capacité de transformer les pierres en pain. Cette tentation concerne l’économie : s’il l’avait fait, il aurait cherché à faire quelque chose uniquement pour lui, et tous les boulangers du pays auraient fait grève et risquaient la faillite. Cependant, comme êtres humains, nous ne sommes pas que des corps avec un tube digestif, c’est notre faim de Dieu et d’absolu que la Parole de Dieu vient nourrir et rassasier.

Jésus emmené par le diable au temple de Jérusalem

La deuxième tentation qui concerne le culte et la prière au Temple de Jérusalem rappelle l'épisode du veau d’or (Ex 32) des fils d’Israël au pied du Mont Sinaï alors que Moïse était au sommet pour y recevoir les Tables de la Loi à laquelle le Seigneur avait répondu avec le culte du Dieu unique. Elle concerne la religion.

Comme Fils de Dieu fait homme, Jésus avec la capacité d’être secouru plus que n’importe quelle autre personne. concerne la religion. S’il l’avait fait, il aurait eu recours à un privilège qu’il ne voulait pas pour lui et auquel il n’aura pas recours non plus lorsqu’il sera crucifié. Il aurait pu donné l’impression qu’on peut jouer impunément avec sa vie, il aurait profané le temple de Jérusalem en donnant l’impression de vouloir se suicider et en demandant à Dieu d’envoyer ses anges pour le sauver.

Jésus répond en citant la Torah. Le diable s'en sert pour induire en erreur

Vous avez remarqué que si Jésus répond à chaque tentation par une Parole de la Bible, le diable lui aussi cite deux extraits de la Bible dans cette deuxième tentation. A la différence de Jésus, le diable se sert de la Parole de Dieu pour tromper les personnes en isolant une phrase hors de son contexte, pour justifier ce qui est va contre la vie et la logique du Royaume de Dieu. Le diable est un menteur, un mystificateur et un manipulateur qui cherche à diviser, à tromper, à induire en erreur, à renverser les repères et les valeurs qui font grandir vraiment..

Faire alliance avec le diable ?

La troisième tentation qui concerne le pouvoir politique, le pouvoir temporel, rappelle celui, dictatorial et mortifère de Pharaon sur les fils d’Israël écrasés par le travail comme esclaves en Egypte (cf Ex) à laquelle le Seigneur avait répondu avec leur fuite et leur passage de la Mer rouge à pied sec. Comme Fils de Dieu envoyé par le Père sur terre, il a déjà reçu tout pouvoir sur la terre. Alors, pourquoi se prosternerait-il devant le diable et pactiserait-il avec lui alors que le diable ne peut pas lui donner ce qu’il n’a pas. Le pouvoir est séduisant et grisant. Les abus peuvent devenir nombreux, en se sentant au-dessus de la loi. Dans la réponse de Jésus, il y a cet « Arrière Satan ! » qu'il répètera à Pierre après qu'il ait annoncé sa passion, sa crucifixion, sa mort et sa résurrection et que l'apôtre ne veut pas entendre (cf Mt 16,23). Jésus a la capacité d’exercer sa royauté sur toute la terre et sur les hommes.

Alors, en ce début du carême, notre liberté s'exerce à nouveau : voulons-nous pactiser avec le diable où nous aurons tout à perdre ou voulons-nous vivre l’alliance avec Dieu ? Préférons-nous les mirages ou la réalité ? Imitons Jésus, notre Sauveur, le nouvel Adam et demandons au Père de ne pas entrer en tentation et de nous délivrer du mal.

Gn 2, 7-9 . 3, 1-7 ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11

OJ+

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