Le Dieu de Moïse Homélie 3° dim Carême C (24.03.2019)

Dimanche 24 mars 2019 3° dimanche Carême C Messe WE formation chefs SGDF, Bernay (27)

Le Dieu de Moïse

Ce dimanche, arrêtons-nous sur le récit de l'expérience qu'a vécue Moïse et sur ce que nous découvrons sur Dieu.

Dieu suscite notre curiosité

Moïse a fait un détour pour voir le buisson qui brule sans sa consumer

Ainsi, c'est dans l'ordinaire de la vie de Moïse, dans son quotidien, dans son travail de berger. Autrement dit, ce n'est pas dans un ailleurs ni dans un hors temps. La curiosité de Moïse est aiguisée à la vue d'un buisson en feu qui ne se consume pas. Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? Il veut comprendre pourquoi. En lui demandant d'enlever ses sandales, le Seigneur veut lui faire comprendre qu'il se passe quelque chose d'inhabituel : ce lieu est devenu une terre sainte. C'est le Ciel qui est descendu sur terre.

Dieu entre en relation

Le Seigneur appelle Moïse. Il le connaît par son prénom. Il est répété deux fois : Moïse, Moïse. Comme dans des récits d'appel dans la Bible, le prénom de la personne est répété deux fois. Et il a répondu Me voici comme on le on retrouve dans d'autres récits de vocation.

Dieu se présente. Il se fait connaître avec deux appellations :

a) le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob : C'est un Dieu de relation, un Dieu personnel. Nous pouvons ajouter notre prénom à chacun.

b) Je suis qui je suis et Je suis. Autrement dit J'existe d'un présent qui se prolonge, infini. Et quand Jésus dit dans l'évangile selon St Jean : Je suis la Lumière du monde (Jn 8,12), Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6), Je suis la Résurrection et la vie (Jn 12), Je suis le Pain vivant qui est descendu du Ciel (Jn 6,51). C'est un écho direct de ce Je suis entendu au buisson ardent.

Dieu écoute et se laisse toucher

Contrairement à certains anciens catéchismes ou au dieu des philosophes dont les caractéristiques font de lui un Être impassible et insensible, ici c'est tout le contraire. J'ai vu, oui, j'ai vu la misère de mon peuple. C'est Le Dieu de miséricorde, au coeur de misère qui se laisse toucher. J'ai entendu ... , je connais. Et donc je suis descendu. Donc il se fait proche. Si différent d'un dieu spectateur depuis le ciel ou d'un dieu qui se désintéresserait de sa création et de son peuple.

Qui est le bénéficiaire? Ce n'est pas Moïse mais le Peuple, la descendance des douze fils de Jacob.

Dieu libère et sauve.

lait et miel

Les hébreux quittent le pays de l'esclavage pour un beau et vaste pays, un pays ruisselant de lait et de miel qui symbolisent la richesse et la douceur. C'est une belle vision qui aidera dans les moments difficiles de la traversée du désert. Dieu s'engage par sa parole. C'est une promesse qui ouvre un avenir et une espérance. Quel contraste par rapport à l'esclavage. Et il faut du temps pour passer de l'esclavage à l'état libre.

Dieu donne une mission personnelle à Moïse.

Moïse, un leader pour le peuple de Dieu

Il fait de lui un leader, un guide pour son peuple, un meneur qui restera solidaire de son peuple. Je t'envoie. Il l'envoie négocier avec Pharaon la libération et le départ des hébreux. Tu feras sortir. La mission est claire et le Seigneur lui fait confiance. C'est comme pour les chefs scouts. Les parents vous font confiance. Les enfants aussi. Les chefs de groupe également. Moïse a appris la patience, la persévérance et l'endurance dans les difficultés et les épreuves. Pour Moïse comme les chefs scouts, c'est accepter l'esprit d'aventure. C'est être prêt dans un esprit de service.

Dieu dialogue et explique.

Il répond aux questions après le long silence de plusieurs siècles depuis la mort de Jacob en Egypte (fin de Gn).

Et pour nous aujourd'hui?

Un théologien protestant du XX° S (Karl Barth) disait que tout chrétien devait avoir la Bible dans une main et, dans l'autre, le journal avec les informations du monde à une époque où il n'y avait pas de chaînes d'informations en continu, les CNN, BFM TV ou France24.

Les évêques du Concile Vatican II ont demandé que "l'Eglise scrute les signes des temps" (GS 4,1). C'est une occasion de prier à partir de l'actualité. Il s'agit de faire comme Jésus dans le passage de l'Evangile. Il s'agit de relire sa vie à la lumière de la Bible. Relire pour prendre du recul sur soi, faire appel à sa mémoire de ce que nous avons vécu d'ordinaire et de quotidien. On y découvre les moments forts, de les relier entre eux, de les rassembler comme autant de fleurs pour un bouquet ou de perles pour les enfiler dans un collier. C'est un fil rouge par lequel le Seigneur passe.

En conclusion, reprenons cela sous la forme de quelques questions :

- Quel cri ai-je envie d'adresser à Dieu? Quelle souffrance, quelle injustice ai-je envie de Lui crier comme les hébreux l'ont fait en Egypte?

- De quoi le Seigneur m'a-t-Il libéré. De quel esclavage, de quelle addiction ai-je besoin d'être libéré?

- Quand ai-je vécu une rencontre forte avec le Seigneur? Une rencontre personnelle? transformante? marquante? Et si je ne l'ai pas encore vécue, n'hésitons pas à lui demander "Montre-moi que Tu existes, Seigneur" "fais quelque chose pour moi, au-delà de ce que j'ai déjà fait, pour ce que je ne sais pas faire.

Nous pouvons lire tout l'Exode comme une formation, une éducation à la liberté du peuple par le Seigneur. Dieu passe au milieu d'eux. Il le guide par la nuée. Il ouvre un chemin au milieu de la Mer Rouge. Il lui donne une Loi pour grandir. Il redonne courage par rapport aux difficultés.

Ex 3, 1-8a.10.13-15 ; Ps 102 ; 1 Co 10, 1-6.10-12 ; Lc 13, 1-9

P. Olivier Joncour

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