Des chercheurs et un recruteur Homélie 25° dim TO A (24.09.2023)
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Dimanche 24 septembre 2023 25° dim TO A St Jean Ste Marie-Madeleine Gennevilliers
Des chercheurs et un recruteur
Nous savons qu’il existe une distance entre le Ciel et la terre, entre Notre Père qui est aux Cieux, et l’humanité qui vit sur terre. Or, après l’assassinat d’Abel par Caïn (Gn 4,8) et la méchanceté qui a gagné toute l’humanité à la génération de Noé (cf Gn 6,5), le Seigneur a mis l’arc-en-ciel pour relier la terre et le ciel après le déluge (Gn 9,13). Et nous savons que pour qu’il apparaisse, il faut à la fois que le soleil brille et qu’il pleuve.
A notre époque où une compagnie aérienne a « fait du ciel le plus bel endroit de la terre » (Air France, 1999), où les avions décollent et atterrissent, où l’on envoie des satellites d’observation et des télescopes dans l’espace, des fusées sur la Lune et les robots Curiosity en 2012 puis Persévérance en 2021 sur Mars, dans l’imaginaire humain, la distance qui sépare la terre et le ciel a été réduite. C’est sans oublier l’incarnation du Fils de Dieu envoyé par le Père, conçu du St Esprit et né de la Vierge Marie, qui nous a révélé ce désir divin si fort de se faire proche de l’humanité. Ce qui est impossible à concevoir avec notre intelligence pour certains et même qu’il ne faudrait surtout pas penser pour protéger la divinité de Dieu, ce Dieu unique l’a pourtant réalisé dans l’histoire de l’univers et humaine. Le Fils s’est fait homme pour que l’homme devienne fils par adoption.
« Cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : « Qui montera aux cieux nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ? » Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : « Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ? » Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Dt 30, 11-14)
D’un côté, nous avons le Seigneur que nous sommes invités à chercher. Parfois, comme le dit un proverbe, nous cherchons midi à 14h. C’est l’expérience qu’a faite Augustin qui allait devenir l’évêque d’Hippone en Algérie et qu’il raconte dans le premier livre où il relit sa vie et raconte sa recherche, sa soif d’absolu dans différentes philosophies, dans l’amour pour une femme jusqu’au jour où il comprend qu’on ne trouve pas la beauté de Dieu à l’extérieur, mais à l’intérieur de soi, au plus intime de soi, dans son coeur. Il écrit dans Les Confessions : « Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas ! »
Le grand mathématicien et philosophe, Blaise Pascal dont nous fêtons cette année le 400° anniversaire de sa naissance, a écrit dans une de ses Pensées, en faisant parler le Créateur qui s’adresse à sa créature : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé. » (553).
Notre Dieu n’est pas un sergent recruteur qui passerait de bar en bar pour faire boire les hommes et une fois qu’ils n’ont plus tous leurs esprits, il les ferait signer un contrat d’engagement dans son armée. Non ! Il n’est pas non plus comme un vendeur allant de porte en porte et mettant le pied dans la porte dès qu’on lui a ouvert pour empêcher de la fermer et forcer l’entrée. Le Seigneur laisse libre.
Le Maître sort de son domaine pour recruter des ouvriers pour qu’ils travaillent à sa vigne. Même si nous ignorons le nombre de pieds de vigne, nous pouvons penser qu’elle est très grande, car comme il n’a pas son compte, il recommence plusieurs fois dans la journée. Le Seigneur a besoin de nous pour travailler à sa vigne. Et ces derniers jours, j’ai été heureux d’appeler des personnes pour accompagner des adultes vers le baptême ou la confirmation et la Communion. Ce qui m’a aussi rendu heureux c’est d’avoir des réponses positives : des sœurs et des frères aînées dans la foi acceptent de cheminer avec d’autres comme Jésus l’a fait avec mes deux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35), comme Philippe a répondu aux questions de l’eunuque éthiopien qui se posait des questions sur un passage difficile du livre du prophète Isaïe au sujet du Serviteur souffrant annonçant la Passion du Christ-Jésus sur la croix avant que Dieu ne le ressuscite (cf Ac 8, 26-38) Et cela va continuer pour une autre mission pour constituer 3 petites équipes de 3-4 personnes pour chacune des trois églises de notre paroisse pour soutenir et encourager des initiatives locales.
Ce Dieu que nous prions, que nous célébrons, que nous remercions est Celui qui appelle, qui fait confiance, Celui qui n’est pas dans notre conscience à toutes les secondes à nous demander si tu as mangé ceci et pas cela, Celui qui a besoin de chacun de nous, Celui qui est notre Père, Celui qui nous propose de travailler à sa vigne quelque soit le nombre d’heures que nous y passerons, et nous le savons pas, c’est le plus important, bien plus essentiel que la pièce d’argent que nous recevrons comme les autres, pour être ensemble, comme frères et soeurs d'un même Père.
Is 55, 6-9 ; Ps 144 ; Ph 1, 20c-24.27a ; Mt 20, 1-16a
P. Olivier Joncour