Option préférentielle pour les perdus Homélie 24° dim TO C (15.09.2019)

Dimanche 15 septembre 2019 24° dim TO C St PP St EH Colombes

Option préférentielle pour les perdus

le berger sort de sa zone de confort pour aller à la recherche de sa brebis perdue

Pour aller chercher la brebis perdue, le berger est sorti de sa bergerie, de son pré, et s’est aventuré sur des terrains inconnus et dangereux à sa recherche. Comme le Seigneur l’a fait avec Saul le persécuteur, lui qui autrefois ne savait que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ lui a pardonné : ce qu’il faisait, c'était par ignorance, car il n'avait pas la foi ; mais la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte, avec la foi et l'amour dans le Christ Jésus. Dans La Joie de l’Evangile, le Pape François parle d’une Eglise en sortie, qui va aux périphéries géographiques et existentielles. Mais, avons-nous la même inquiétude que le berger qui a peur que sa brebis se fasse attaquer par un loup ou tombe dans un ravin. Sinon, pourquoi ? Qu’est-ce qui nous anesthésie ? Pourquoi sommes-nous devenus indifférents au salut des autres ? Déployons-nous l’énergie de la femme qui fait le ménage chez elle pour retrouver sa pièce ? Sinon, pourquoi ?

atome, électron stable, électron libre

Si la brebis perdue est en danger, le berger accepte d’être vulnérable : son coeur est inquiet de constater l’absence d’une de ses brebis au point qu’elle devient la plus importante, la seule. C’est l’option préférentielle pour les perdus. Dans l’Église, comme dans tout atome, il y a des électrons stables qui gravitent autour de l’atome, des St Pierre, et des électrons libres qui vont et viennent, qui créent du lien, des St Paul, qui vont d’un atome à un autre si bien que les atomes tiennent ensemble

sociologie statistiques catégories cases

Très souvent, trop souvent ?, nous avons besoin de mettre les personnes dans des cases, dans des catégories, de façon binaire et en opposition, comme les statistiques et les études sociologiques essaient de nous définir : conservateur ou progressiste, de gauche ou de droite. A l’époque de Jésus, les pharisiens et les scribes qui sont très attachés à la Loi de Moïse et qui l’appliquent à la lettre, se coupent de ceux qui ne respectent les commandements, les pécheurs et ceux qui travaillent pour l’occupant romain, les collecteurs d’impôt, les publicains. C’est comme si nous avions besoin de nous situer dans un groupe pour mieux nous opposer à un autre, le nôtre étant forcément le bon et l’autre, en face, le mauvais. Quand l’Église se trouve divisée, c’est mortifère et mortel : alors qu’Elle a besoin que nous apprenions à unir nos forces, nos énergies dans un même élan missionnaire, au service des plus fragiles, qu’ils soient migrants, enfants sans défense ou personnes en fin de vie quel que soit leur âge.

Valérie le Chevalier Ces fidèles qui ne pratiquent pas assez

Pour ceux qui participent à la messe régulièrement, il peut y avoir la tentation de regarder de haut ou de travers ceux qui y viennent rarement, pour une grande fête, Noël, les Rameaux, Pâques, ou l’Assomption, ceux qui se désignent souvent comme les « croyants non pratiquants ». Quand ils sont là, ce nos VIP ! Il y a aussi ceux que l’on qualifie d’incroyants ou de mal croyants et qui passent les portes de l’église pour un baptême, un mariage ou des obsèques, ces intermittents du rassemblement du dimanche, ces invisibles, ces absents de nos assemblées. Quand nous réfléchissons ainsi, nous renforçons un clivage et creusons un fossé qui nous rend étrangers et qui donne l’impression que nous sommes méprisants, hautains et supérieurs, alors que ce n'est généralement pas le cas.

Eglise en sortie, dans le monde sans être du monde

Pourtant, le Code de droit canonique affirme qu’il faut que « la Parole de Dieu soit annoncée intégralement aux habitants de la paroisse. » Il recommande aussi que « l’annonce de l’Evangile parvienne également à ceux qui se sont éloignés de la pratique religieuse ou qui ne professent pas la vraie foi » (n° 528,1). Cela nécessite alors de favoriser des occasions de rencontres, de se mettre aux carrefours, dans les lieux de vie et de rencontres comme les rues piétonnes, les marchés, des associations qui ne sont pas catholiques, ni chrétiennes, … Je vous y encourage même ! Nous ne pouvons pas vivre comme dans une réserve indienne, ni enfermés dans un donjon, ni derrière les murs d’un château fort du Moyen âge avec des fossés remplis d’eau et des murs très hauts.

Comme Jésus avec la Samaritaine (Jn 4, 9-12), écoutons les questions, les recherches de ces frôleurs de l’Église, apprenons à exprimer notre foi dans un langage audible par tous. Comme Pierre à Jérusalem, le jour de la Pentecôte (Ac 2), racontons ce qui est enthousiasmant et motivant, comment la foi en Jésus mort et ressuscité nous soutient et nous fait grandir, … Comme Pierre avec le centurion Corneille (Ac 10), cherchons à reconnaître les traces plus ou moins visibles du St Esprit et de la logique de l’amour dans leur vie et dans ce que nous en disent nos amis, nos collègues de travail. Comme Jésus, au sujet de la foi de la Cananéenne (Mt 15, 26-28), émerveillons-nous, rendons grâce au Seigneur pour ce qui fleurit au-delà des champs chrétiens bien identifiés et balisés. Comme Paul à Athènes en voyant le temple dédié au Dieu inconnu (Ac 17, 22-23), soyons attentifs aux centres d’intérêt que nous avons en commun avec tant d’autres dans notre ville : la culture, l’art, le sport, les grandes questions de la vie et de société, mais aussi au plan local au-delà des polémiques que nous risquons malheureusement de voir réapparaître dans les prochains mois entre les différentes listes qui se préparent pour les élections municipales de 2020.

Encourageons ce que chacun vit déjà là où il est, même si c’est petit, imparfait, insatisfaisant et aidons-les à reconnaître que nous sommes créés pour nous dépasser, aimés de façon inconditionnelle par Celui dont le Fils unique a donné sa vie en offrande sur la croix pour nous chercher, pour nous sauver de la mort et du péché et nous vivifier par son Esprit d’Amour.

Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-10

P. Olivier Joncour

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