Comment aimer Dieu? Homélie 30° dim TO A (29.10.2023)

Dimanche 29 octobre 2023 30° dim TO A Gennevilliers

Comment aimer Dieu?

Jésus résume deux des trois grandes parties de la Bible juive en deux phrases. Il ne les invente pas, mais il cite deux phrases extraites des 5 premiers livres de la Bible que les juifs appellent Torah ou Loi et que les chrétiens appellent Pentateuque. Le commandement de l’amour de Dieu est un verset du livre du Deutéronome chap 6 v. 5, très célèbre que les juifs répètent chaque jour : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville. » (Dt 6, 4-9).

Le commandement de l’amour du prochain est extrait du livre du Lévitique au chap 19, la seconde partie du v. 18. C’est le 3° des 5 livres. Dans les 10 commandements gravés par Dieu sur les Tables de la Loi, il y a la seconde partie qui concerne les relations avec les autres pour une vie en groupe et en société dans la confiance et de façon paisible : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas faire de faux témoignage, ne pas convoiter la femme d’un autre, honorer ses parents. D’autres commandements organisent aussi la vie quotidienne comme nous l’avons entendu dans la première lecture. Dans le Nouveau Testament, Jésus raconte la parabole du bon Samaritain pour répondre à la question d’un spécialiste de la Loi : "Qui est mon prochain?" (Lc 10, 29+).

Autrement dit, ces deux commandements sont un résumé, comme les 2 fils de couleurs différentes tressés ensemble. Ils sont comme la colonne vertébrale qui permet à tout être humain de se tenir debout dans sa relation avec son Créateur et Sauveur, et dans ses relations avec les autres, croyants ou pas, de la même religion que lui ou pas, et avec soi-même en trouvant la bonne distance. Car aimer son prochain comme soi-même, sans le Tu aimeras le Seigneur ton Dieu est un humanisme. C'est respectable, mais il manque la dimension verticale, de l'ancrage en Dieu d'où tout part. L’apôtre St Jean montre dans sa 1° lettre que la foi en Dieu a forcément des conséquences dans nos relations avec les autres. Ecoutons : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4,20).

L’amour de Dieu pour nous, Jésus est clair. D'ailleurs, quelle phrase des quatre évangiles le résume le mieux? Si une personne qui ne connaît pas la Bible vous demandait : quel verset facile à comprendre l'exprime le mieux? C'est sans doute : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils, afin que quiconque croit en Lui […] obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16).

Mais comment aimer le Seigneur ? Qui est ce Dieu et ce Jésus qui nous demandent de l’aimer avant d’aimer notre prochain comme nous-mêmes ? On se souvient que Jésus ressuscité a demandé trois fois à celui des Douze auquel il avait dit « Tu es Pierre et cette pierre je bâtirai mon Eglise » : « Pierre m’aimes-tu ? » (Jn 21) Seul celui qui est amour, aimant sans être aimé, aimant même en ayant été trahi ou renié ou repoussé ou ignoré, peut encore revenir poser la question. Seul Celui qui a dit « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13) et qui l’a vécu dans ses actes, dans ses discours, dans sa manière d’être, en guérissant des malades, en libérant du mal des personnes possédées du diable, en pardonnant, en ne répondant pas au mal par le mal, en ne tombant pas dans le piège des tentations d’exercer sa puissance sur les autres, du savoir ou de posséder juste après son baptême, qui ne se fâche pas alors qu’il est mis à l’épreuve.

Or nous avons été créés par amour, par Dieu, par l’amour de Dieu, par Dieu qui n’est qu’Amour. C’est la clé de lecture des deux récits de la création dans le livre de la Genèse. Dieu était avant le commencement. Il n’avait pas besoin de nous pour vivre. Malgré nos ruptures avec le Seigneur, notre perte de la confiance, malgré un amour moins fort pour Lui, le Seigneur ne nous a pas abandonnés définitivement ! C’est la Bonne nouvelle du Christ Jésus : Il a donné sa vie pour nos péchés. Il nous a sauvés par amour !.

Comment aimer Dieu, alors ? Tout commence par l’écoute de Jésus, la Parole de Dieu, comme l’a si bien compris Marie, la sœur de Marthe et de Lazare en venant s’asseoir à ses pieds (cf Lc 10,39.42). Autrement dit en lisant les évangiles, en méditant seul et avec d’autres, et en cherchant à les vivre. Mais aussi après l’avoir écouté, par la prière, par la contemplation, dans l’adoration, dans la louange. Devenons des « coeurs brûlants », comme ceux des deux disciples perdus et déboussolés par la la mort de Jésus crucifié, après qu’il leur ai expliqué ce qui Le concernait dans les Ecritures (Lc 24,32a), le jour de Pâques.

En conclusion, en choisissant Jésus comme notre Maître, en Le reconnaissant comme le Fils de Dieu, nous savons surtout qu’Il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous, que nous sommes créés pour aimer, qu’Il a fait notre coeur et qu’il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous, ce qui fait grandir, ce qui rend heureux et qui donne la vraie joie.

Ex 22, 20-23 ; Ps 17 ; 1 Th 1,5c-10 ; Mt 22, 34-40