Aimer Dieu et l'humanité Homélie 30° dim TO A (25.10.2020)
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Dimanche 25 octobre 2020 30° dim TO A ND Agnettes ; Ste Marie-Madeleine Gennevilliers
Aimer Dieu et l'humanité
Après les pharisiens sur la question de l’impôt à l’empereur César, dimanche dernier, puis les sadducéens sur la résurrection des morts auxquels ils ne croient pas dans un passage que nous n’avons pas entendu, aujourd’hui c’est au tour d’un docteur de la Loi de mettre Jésus à l’épreuve. C’est donc la troisième et dernière mise à l’épreuve de suite pour Jésus par des personne qui représentent les autorités juives. A chaque fois, pour Jésus, c’est l’occasion, non pas de s’énerver ni de se mettre en colère contre ceux qui viennent lui poser une question difficile pour lui tendre un piège, mais l’occasion de dire quelque chose d’important qu’il n’aurait peut-être pas dite s’il n’avait pas été provoqué pour donner le meilleur de lui-même : sur la question politique et citoyenne : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22,21b) ; sur la résurrection : « Dieu est le Dieu des vivants et non des morts » (Mt 22,32b) et sur la Torah, les 5 premiers livres de la Bible juive, le Pentateuque : c’est le grand commandement de l’Amour pour Dieu et Celui pour le prochain comme pour soi-même. Jésus n’invente pas ces 2 commandements : il ne fait que les mettre en valeur. Ce sont les deux qui donnent un sens et un éclairage à tous les autres, car, en tant que tels sont déjà inscrits dans la Bible juive : le 1° dans le livre du Déuteronome (6,4) et le second dans le Lévitique (Lv 19,18b). Ces deux catégories de l’amour nous rappellent les deux parties des Dix Commandements : les 5 premiers vis-à-vis de Dieu et les 5 derniers par rapport aux autres, aux prochains.
En quoi réside la nouveauté de ce double commandement de l’amour ? Ils sont comme la colonne vertébrale qui permet à un être humain de se tenir debout et droit. Et les autres commandements qui en sont les conséquences, ressemblent aux vertèbres qui partent les unes vers la gauche, et les autres vers la droite.
La 1° lecture est un extrait de règles concernant la vie avec les autres. Et le Seigneur demande à son peuple d’être attentif et solidaire. C’est un code de morale pour la vie en société dans le judaïsme : il est basé sur la mémoire de ce que les ancêtres esclaves en Egypte ont vécu. Il s’agit de ne pas faire subir aux autres ce que tu as dû subir soi-même ou la génération qui était esclave avant d’être libérée par Moïse. Cela concerne donc des points de repères dans la vie avec le prochain, qu’il soit juif ou non, riche ou pauvre, né dans le pays ou étranger.
Dans la 2° lecture : les auteurs St Paul, Sylvain et Timothée (1 Th 1,1) demandent qu’on les imite. Du temps où ils étaient à Thessalonique, ils ont donné des exemples vertueux et positifs. Et à leur tour les Thessaloniciens sont devenus un modèle pour d’autres chrétiens. Une manière de dire que c’est donc possible ! Avons-nous suffisamment conscience que notre vie, que notre changement en faveur du Seigneur peuvent être attirantes pour d’autres qui sont encore à l’extérieur !, qui observent si nous sommes cohérents entre ce que nous disons, comment nous prions et agissons dans la vie de tous les jours ? En avons-nous conscience ? Même si ce n’est pas toujours facile et que cela demande de la persévérance, c’est la force de la communauté qui est un vrai soutien pour les uns et les autres, surtout quand c’est difficile. Rappelons-nous que la mise en œuvre de l’amour du prochain est une conséquence de la foi et de l’amour de Dieu qui est compatissant.
Dieu nous aime. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils » (Jn 3,16). Quelle est notre réponse à cette déclaration d’amour ? Le psalmiste répond Je t’aime Avons-nous déjà dit au Seigneur que nous L’aimions avec la même force et la même intensité que nous pouvons le dire à nos enfants, ou à la personne que nous aimons plus que tout ?
Jésus nous enseigne comment nous comporter s’il nous arrive d’être obligés de répondre à des questions piège sur notre foi ou sur Dieu ou sur un point qui est très important pour nous, une question compliquée. Demandons-Lui la même clairvoyance, et la même simplicité pour répondre avec douceur, fermeté et miséricorde.
Concluons par une histoire sur la fraternité, extraite du Midrash, racontée mardi dernier par le grand rabbin de France, Haïm Korsia, lors d’une rencontre interreligieuse pour la paix : « Deux frères avaient un champ et partageaient la récolte. L’un avait de nombreux enfants et l’autre était célibataire. Chacun voulait donner plus à son frère et la nuit, discrètement, chacun ajoutait du blé sur le tas de son frère…et au matin, les tas étaient toujours identiques. Mais une nuit, les deux frères se croisent et comprennent ce que chacun voulait et tombent dans les bras l’un de l’autre. Des larmes coulent, tombent au sol, et Dieu dit : « Là où sont tombés ces larmes, je veux que mon Temple soit construit. »
Ex 22, 20-23 ; Ps 17 ; 1 Th 1, 5b-10 ; Mt 22, 34-40
OJ+