Des doutes et des questions, à la foi Homélie 6° dim TP A (25.05.2014)

Dimanche 25 mai 2014 6° dim TP A, St PP Colombes Profession de foi et 1° communion

  Des doutes et des questions, à la foi

J’ai relu récemment le récit de la dernière journée d’un jeune garçon d’une quinzaine d’années, nommé Tarcisius. Il vivait à Rome au milieu du III° S, à une époque où les chrétiens étaient persécutés pour leur foi. A la fin d’une messe célébrée dans les catacombes (Ste Calixte, Rome), le prêtre demanda qui accepterait de porter la communion eucharistique aux chrétiens prisonniers qui seraient livrés aux bêtes le lendemain. Tarcisius se proposa. Le prêtre accepta. Il déposa l’hostie au creux de la main du jeune homme qui la referma avec beaucoup de précaution sur le précieux trésor, avant de sortir à l’extérieur. En route, il croisa le chemin de garçons qui remarquèrent qu’il avait quelque chose dans la main. Ils lui demandèrent : « Montre-nous ce que tu as dans la main. » Mais il refusa et essaya de continuer son chemin. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f1/Statue-Orsay-03.jpg/220px-Statue-Orsay-03.jpgIls le rattrapèrent, le firent tomber par terre et commencèrent à le frapper à coup de pierre et de bâton. Tarcisius priait en lui-même : « Seigneur Jésus, ne permets pas que ton Corps soit profané. » Il a perdu connaissance. Bien que ses agresseurs essayaient de lui ouvrir la main, elle restait fermée. Ayant échoué, ils s’enfuirent donc. Peu de temps après, un chrétien qui était à la messe, passa au même endroit et vit le corps sans vie de Tarcisius. Miraculeusement, sa main s’est ouverte et libéra son protégé divin.1

Quand St Pierre demandait dans sa lettre de rendre compte de l’espérance qui est en vous, avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, pour faire honte à vos adversaires au moment même où ils calomnient la vie droite que vous menez dans le Christ. Car il vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal, il écrivait en pensant à Jésus. Mais nous voyons aussi que son exemple a inspiré certains de ses disciples à toutes les époques, y compris des jeunes, comme Tarcisius ou le jeune José comme c’est raconté dans le film Cristeros.

A certains moments, au contraire, il peut nous arriver de « tourner dans le vide » (Indila), d’avoir des doutes ou des questions sur la foi. Même si c’est déstabilisant, ce n’est pas inquiétant : le doute peut mettre en route. Se poser des questions indique notre recherche et notre soif de comprendre, mieux comprendre en Qui nous mettons notre foi.

Pour certains, la route de la foi passe par un éloignement de Jésus. Ils pensent pouvoir se passer de lui : « je peux vivre sans lui » Et au bout d’un certain temps, à la suite d’un événement, d’une rencontre, d’une lecture ou d’un témoignage, ils se disent en eux-mêmes : « je ne me sens pas bien. Il me manque quelque chose. Quelqu’un ! »

Pour d’autres, c’est le Jésus de leur enfance qu’ils renient, le petit Jésus devant qui on est béat d’admiration à la crèche, ou les fausses images sur Dieu qu’on leur a transmises : ils sont obligés de s’en défaire et de les dépasser pour découvrir le vrai Jésus, pas le Jésus-Zorro qui viendrait rétablir les injustices à notre place, pas le Jésus-Superman qui interviendrait à la place des hommes dès qu’ils sont danger, pas le Jésus-Père Noël qui donnerait tout ce que nous lui demandons sur une liste de cadeaux, pas le Jésus-Cupidon qui ferait tomber amoureuse de moi la fille avec laquelle j’ai envie de sortir.

La foi, c’est comme dans la ‘Cup song’ (When I’m gone Anna Kendrick). Dans nos vies parfois alourdies par certaines épreuves et la routine du quotidien, dans un monde désenchanté, triste, terne où la répétition sont là, une jeune femme peut apporter de la bonne humeur dans le restaurant où elle travaille en tapant dans ses mains sur un gobelet en plastique que se passent les clients de main en main. C’est comme l’expérience de la foi, elle se transmet de personne à personne, dans un groupe plus large, dans la joie, cette même joie communicative que la chanson « Happy » (P. Williams) communique, au point d’avoir fait le tour de la terre. C’est l’effet ‘buzz’, contagieux et enthousiasmant du beau, du bon et de la joie pour les choses simples. C’est la conversion du regard sur le quotidien.

 

Et nous qui attendons la venue de l’Esprit Saint promis par Jésus, voulons-nous dépasser nos fausses idées sur Dieu et Jésus ? Voulons-nous faire de nos doutes la mise en mouvement d’une recherche stimulante de ce qui est vrai, au-delà des apparences, et de ce qui aide à grandir, petit pas après petit pas. Un doute qui ressemble à une question qui exprime son intérêt. Voulons-nous vivre au rythme de la foi chaque jour ? Voulons-nous passer notre gobelet en plastique à notre voisin et donner du relief à notre vie ? Voulons-nous proposer la rencontre et l’amitié de Jésus à d’autres ? Voulons-nous témoigner de la « joie de croire, [et de la] joie de vivre » (F. Varillon) ?

1 P 3, 15-18 ; Ps 65 ; Jn 14, 15-21

P. Olivier Joncour

1. Nous connaissons Tarcisius grâce à saint Damase, élu pape en 366 qui organisa le culte des martyrs, composa et fit graver dans la catacombe de Saint-Calixte des épigrammes en leur honneur. Catacombes de St CalixteSur sa tombe est écrit :

« Tarcisius portait les sacrements du Christ.
C'est alors qu'une troupe d'excités le pressa de les montrer aux impies.
Il préféra donner sa vie plutôt que de montrer
à ces chiens enragés les célestes membres. »

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