Le Seigneur nous parle par bien des manières Homélie 23° dim TO A (10.09.2013)
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Dimanche 10 septembre 2023 23° dim TO A NDA St Jean Gennevilliers
Le Seigneur nous parle par bien des manières
On a souvent pris les catholiques pour des donneurs de leçon aux autres, avec une forme de supériorité. Si nous avons pu donner cette impression, c’est une erreur C’est pourquoi, si c'est le cas, il faut la corriger !
J’aime beaucoup la progression que Jésus propose : d’abord une personne, puis deux ou trois, et enfin toute l’Église, en espérant surtout qu’on n’ait pas besoin d’aller jusque-là. Entre chaque étape, il est important de laisser du temps. Car qui n’a pas un jour été invité à participer à une réunion de l’Église et a répondu non, avant de rencontrer une autre personne qui lui en a parlé différemment, et encore une troisième autrement. Et quelle fut la joie de la première personne de nous voir être présente !
C’est en nous convertissant nous-mêmes avec la grâce de Dieu, en lui demandant son pardon dans le sacrement, en nous appuyant sur la prière, sa Parole qui trace un chemin de vie et son Esprit qui nous ajuste sur la volonté du Seigneur, que d’autres bougeront et d’autres encore. Ce sera une démonstration réelle que l’Evangile est crédible, qu’il est puissance de vie et de résurrection, c’est-à-dire de vie nouvelle, de vie transformée.
Ne fermons pas notre coeur, écoutons le Seigneur qui nous parle de différentes manières : par la Bible, par la parole d’un ami ou d’une inconnue, par une lecture, par un rêve dans notre sommeil, par une parabole, par ce qui est arrivé à une autre personne qui était dans la même situation que nous, par un témoignage dans un livre ou vu à la télévision ou sur internet. Le Seigneur nous rejoint de bien des façons.
N’oublions pas la poutre que nous avons dans notre œil (cf Mt 7, 3-5). Le faire après avoir prié pour être ajusté par Dieu sur la personne. Pour que ce ne soient pas nos paroles et nos mots qui sortent de notre bouche, ni nos arguments, mais ceux du Seigneur qui connaît beaucoup mieux que nous ce qui rejoindra et touchera le coeur et l’intelligence de l’autre. Le faire par amour de l’autre même si ce qu’il a fait nous dégoutte. Faisons-le avec beaucoup d’amour, que ce soit l’amour de Dieu qui passe à travers nous comme lorsqu’un parent fait la leçon à un de ses enfants qui s’est trompé qui a faite une bêtise. Comme le développe St Paul, l’intention doit être et ne peut être que le bien de l’autre en nous appuyant sur notre amour ou notre amitié pour lui. En effet, quel est le but : n’est-ce pas de sauver le pécheur ?! Jésus est le Sauveur de tous les hommes. Car le sens de Jésus, c'est "le Seigneur sauve". Il l’a déjà fait une fois pour toutes sur la croix. Mais il a besoin de notre participation pour témoigner de ce qu’Il a fait pour nous !
Faisons-le donc avec délicatesse, avec douceur, en comptant sur l’intelligence des personnes, en nous rappelant qu’il est parfois long de changer, d’arrêter nos mauvaises habitudes, de sortir d’un trou dans lequel nous avons l’impression de nous enfoncer de plus en plus jusqu’au moment où, enfin, une main se tend, une parole d’espérance et non pas de condamnation, nous fait lever la tête. Nous existons pour quelqu’un. Je pense à Charles de Foucauld, ce militaire qui faisait la fête, accumulait les conquêtes féminines et qui ressentait malgré tout un manque profond. Jusqu’au jour où sa cousine lui a suggéré d’aller rencontrer un prêtre pour discuter. Même s’il a commencé par dire qu’il n’était pas croyant, le prêtre lui a demandé de se confesser. Il a reçu le pardon de Dieu et sa vie a été transformée. Il a cherché Dieu qui l’appelait. Il est devenu religieux. Lui qui cherchait les honneurs des hommes, il voulait prendre la dernière place, mais il s’est rendu compte qu’elle était déjà occupée par le Christ, son Sauveur. Alors qu’il se battait, il a cherché à être le frère universel de tous les hommes, quelque soit leur religion, dont les musulmans.
Il est inutile que je vous parle de Marie de Magdala que le Seigneur a libérée de ses sept esprits démoniaques. La visite de ses reliques fin mai nous a permis de mieux la connaître. Savez-vous quel est le point commun entre Mère Térésa de Calcutta et Soeur Emmanuelle du Caire, en Egypte ? Elles étaient religieuses, enseignantes auprès d’enfants de familles riches des pays où elles étaient. Et ce n’est que dans la 2nde moitié de leur vie que le Seigneur leur a montré qu’Il les attendait ailleurs, auprès des plus pauvres, des abandonnés, des rejetés. Les lépreux mourant des rues de Calcutta. Les enfants des bidonvilles du Caire qui allaient dans les décharges à ciel ouvert : les chiffonniers du Caire.
On voit bien que c’est le chiffre deux qui relie ces différents aspects cette partie du discours de Jésus sur la vie en Eglise. A deux ou trois, on se trompe moins que seul. A deux ou trois, c’est le commencement d’une petite vie d’Eglise, de communauté. C’est la force d’une prière en couple, en famille, même si c’est court, même si c’est un Je vous salue Marie ou un Notre Père dont nous découvrons que le pardon de Dieu ne court-circuite pas une démarche de réconciliation entre 2 personnes.
Ez 33, 7-9 ; Ps 94 ; Rm 13, 8-10 ; Mt 18, 15-20
P. Olivier Joncour