Nouveauté de Jésus Homélie 2012.07.08 14° dim TO B

Dimanche 8 juillet 2012 14° dim TO B St PP, St EH Colombes

Nouveauté de Jésus

  Après avoir entraîné ses disciples autour du lac pour un enseignement en actes et en paroles, et même en paraboles, Jésus revient à Nazareth. L’enfant du pays revenait chez lui. Dernièrement, il avait installé son QG à Capharnaüm, et non pas à Nazareth. Ce choix a suscité de la jalousie

Des espérances déçues :

Dieu attendait que le peuple d’Israël, le peuple élu, la descendance d’Abraham, l’écoute et mette en pratique ce qu’il avait demandé. De son côté, Jésus espérait être accueilli, non pas comme l’enfant du pays comme c’est le cas pour un des coureurs du Tour de France qui passe par son village natal, plus seulement comme le fils de Joseph et de Marie, mais comme le Messie.

Cependant, Dieu ne se décourage pas. Il envoie des prophètes pour rappeler l’alliance conclue avec leurs pères.

Jésus fait scandale

   En tout cas, Jésus cite le proverbe (qui ne s'applique pas seulement à lui) : Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison.

Jésus charpentier   À Nazareth, Jésus retrouve sa famille, le monde de son enfance, de son adolescence, de sa jeunesse et de sa vie professionnelle jusqu'à ses trente ans. Il ne change rien à ses habitudes. Le jour du sabbat, il se rend à la synagogue, tout comme ailleurs.

null   Quelle est la réaction de l'auditoire ? St Marc emploie successivement trois termes qui dénotent une évolution significative. D'abord, les auditeurs sont frappés détonnement. À l'origine, il y a un trouble : D'où cela lui vient-il ? Remarquons l'insistance sur le couple : paroles-actes (cette sagesse qui lui a été donnée ; ces grands miracles qui se réalisent par ses mains).

Dans un deuxième temps, l'étonnement fait place au scandale : Et ils étaient profondément choqués (= scandalisés) à cause de lui. Le scandale, c'est, au sens littéral, la pierre qui fait trébucher et tomber (cf. Lv 19, 14). 

      Enfin, le troisième terme employé par St Marc, celui qui traduit l'issue de l'évolution, c'est précisément l'absence de foi. C'est ce dont Jésus est scandalisé, mais sans se laisser arrêter dans sa progression : Alors il parcourait les villages d'alentour en enseignant. Le manque d’accueil, de reconnaissance, de foi empêche Jésus d’accomplir des miracles. En effet son « autorité » n’est pas mécanique, elle ne viole pas les consciences. Jésus n'est pas un magicien qui joue des tours, qui s’amuse de la crédulité du public.

null   Si ses auditeurs trébuchent sur lui, c'est qu'ils sont aveugles. Les auditeurs ont tout ce qu'il faut pour être éclairés et pour ne pas tomber, ou pour se relever : tout ce temps que Jésus a vécu avec eux à Nazareth, la lecture du livre des prophètes qui venait de leur être faite, l'enseignement de Jésus qu'ils venaient d'entendre, les signes qu'il a accomplis de ses mains. Si ses compatriotes ne " voient " pas (ne croient pas) la divinité de Jésus en même temps que son humanité, c'est qu'ils sont aveuglés. Ils en restent au plan humain. Ils sont incapables de surmonter l'obstacle que constitue le paradoxe de la sagesse des paroles et la puissance des miracles de Jésus, en qui ils ne voient que le charpentier, le fils de Marie. La filiation humaine exclut pour eux la filiation divine.

   Quoi qu'il en soit, la foi est rarement un fleuve tranquille. Le combat de la foi existe, et, tôt ou tard, sous une forme ou une autre, il est le lot de tout croyant. St Paul a trébuché sur la pierre d'achoppement, mais le Seigneur l’a relevé, et il a progressé dans sa foi.ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.

   Quant à Jésus, loin de se laisser décourager, il parcourait les villages d'alentour en enseignant. Nous avons à choisir : faire comme les auditeurs de la synagogue de Nazareth, ou faire comme les disciples de Jésus. Pour lui, il n’est pas question de se mettre en colère, d’accabler ces gens de reproches, ni de les condamner à l’enfer. Il est inutile de s’acharner, de vouloir à tout prix obtenir des résultats. Jésus ne se décourage pas : il reprend sa route et s’en va porter la Parole ailleurs.

   Marc écrit son Evangile dans les années 70 alors que les missionnaires chrétiens sillonnent les cités grecques où les gens se demandent pourquoi des Juifs viennent leur proposer de croire en un Sauveur juif qui a été refusé et même tué par ses propres compatriotes. Marc, comme Paul, répond : la fermeture des uns a permis l’offre de lumière aux autres, les premiers (Juifs) ont été sourds à un message qui, du coup, a retenti chez les seconds (païens) qui l’ont accepté.

   « Le christianisme trop bien connu » ?... Aujourd’hui, en occident, avec une grande majorité de baptisés et des vestiges chrétiens prestigieux (les cathédrales, les génies de la musique et de la peinture) semblent devenus allergiques à un message qui a fait vivre les générations de leurs ancêtres et les lieux de culte deviennent espaces culturels. Mais d’autres régions du monde s’émerveillent d’entendre un message inouï.

   Les Occidentaux sont-ils devenus comme les villageois de Nazareth, des chrétiens blasés qui disent « Je sais », qui croient connaître Jésus, qui répètent des formules figées une fois pour toutes et ronronnent ? N’avons-nous pas « momifié » Jésus ? Son « enseignement » doit à nouveau résonner chez nous comme une Parole forte qui dénonce l’avidité consommatrice, les rites hypocrites, l’engourdissement des consciences.

   Une Parole qui appelle à CROIRE. A redécouvrir un Jésus homme, mais qui échappe à toute prise, qu’on n’enferme dans aucune définition, qu’on ne connaît qu’en cherchant sans cesse à le connaître, semeur qui réveille les cœurs assoupis, destructeur des habitudes et des routines, en quête d’une autre manière de vivre.

 

null   Dans la société, les échecs sont causes de tristesse, sources de découragement, occasions de démission. En Eglise, il n’y a que des appels à se convertir, à rebondir, à ouvrir des missions ailleurs, des portes à des heures inhabituelles, comme nous le ferons ce soir jusqu’à minuit. « Tiens, l’église est ouverte ! » Qui va se laisser toucher et saisir par le Christ ?

Ez 2, 2-5 ; Ps 122 ; 2 Co 12, 7-10 ; Mc 6, 1-6
Père Olivier Joncour

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