Le roi pauvre Homélie Christ Roi de l'univers (23.11.2014)

Dimanche 23 novembre 2014 Christ Roi de l’univers A St Pierre St Paul, Colombes, Messe des familles

Le roi pauvre

Que ceux qui ont déjà vu Jésus lèvent la main ? Personne ? Qu’est-ce que tu dis, Seigneur Jésus ? Vous avez entendu ? Non ? « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29b).

Dans la parabole, Jésus se présente sous les traits d’un roi. Le rôle du roi dans la Bible, c’est de guider son peuple au nom de Dieu, comme ce fut le cas pour David. Il a aussi le pouvoir de juger, c’est-à dire de séparer ce qui est bien et ce qui est mal.

Quel est le rôle d’un berger ? c’est de prendre soin son troupeau, de le protéger des loups, de le guider pour lui éviter des lieux dangereux comme un précipice, pour le conduire aussi à une source ou une rivière pour le faire boire, pour le guider sur des prés verts pour que le troupeau ait sa nourriture. Jésus s’identifie aussi au berger annoncé par le prophète Ezéchiel, berger qui a un troupeau de brebis et de chèvres. Et juger, ce n’est pas forcément condamner, c’est savoir reconnaître ce qui est bien, ce qui est bon, ce qui est amour, et aussi ce qui ne l’est pas. Nous découvrons qu’il n’y a pas que le clan des gentils d’un côté, et la bande des méchants, de l’autre. Nous découvrons au fond de notre cœur tout ce dont nous sommes fiers, tout ce que Dieu qui nous aime nous a permis de faire grâce à son aide. Si nous regardons aussi attentivement, parfois dans des coins cachés, nous découvrons aussi ce qui détruit, des choses méchantes  qu’on a faites seul ou avec d’autres, des choses qui sont sombres.

Jésus s’identifie aussi à celui qui a faim, qui a soif, qui est nu, qui est malade ou en prison. Autrement dit, Jésus n’a pas dit : est-ce que tu as bien travaillé à l’école ? Est-ce que tu as fait des efforts pendant le carême ? Mais Jésus a dit : A chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Il nous demandera : as-tu aimé ? Pour compléter, aimé, pas seulement ta famille, les amis que tu as choisis et ceux qui sont sympathiques ?

Connaissez-vous le film « Un monde meilleur » (de Mimi Leder, avec Haley Joel Osment, Kevin Spacey, et Helen Hunt, 2000) : à la rentrée des classes, le professeur d’instruction civique demande à ses élèves de CM2 de trouver un moyen de changer le monde. Qu’auriez-vous répondu ?

La semaine suivante, chaque élève donne des idées souvent très originales et farfelues. Un seul élève propose une idée qu’il est possible de mettre en œuvre. Il dit qu’il faut chercher chez trois personnes que l’on aime bien de trouver dans leur vie quelque chose qui leur manque et qu’elles ne peuvent pas faire seules et de pouvoir le faire pour elles. Une fois fait, habituellement, si celui qui a été aidé veut remercier celui qui l’a aidé, il lui demande de ne pas le lui rendre comme s’il avait une dette, mais de faire la même chose à 3 autres personnes, et ainsi de suite. Et cela se multiplie : au premier rang, il y a 3 personnes. Au deuxième rang, 3x3, 9 personnes. Au troisième rang, 9x3, 27 personnes. Au quatrième rang, 27x3, 81 personnes, et au 5°, 243 ! Impressionnant, non ? Vous imaginez si nous qui sommes environ 1000 aujourd’hui, nous commencions. Cela ferait 3000, puis 9000, puis 27000 puis 81000 en 4 tours, ce qui fait presque le nombre des habitants de Colombes !

Je vous repose la même question qu’au début Que ceux qui ont déjà vu Jésus lèvent la main ? Si on peut voir Jésus dans l’Eucharistie, ou dans une action généreuse provoquée par l’Esprit de Jésus à agir en faveur d’une personne en situation de manque, nous avons aussi compris aujourd’hui que chaque fois que nous faisons quelque chose gratuitement, sans arrière-pensée, ni calcul, le cœur ouvert, nous le faisons non seulement et avant tout pour cette personne qui en a vraiment besoin, mais aussi indirectement à Jésus le berger de l’humanité et le roi de l’univers.

Ez 34, 11-12.15-17 ; Ps 22 ; Mt 25, 31-46

P. Olivier Joncour