Tous des portiers Homélie 1° dim Avent B (30.11.2014)
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Dimanche 30 novembre 1° dim Avent B St Etienne St Henri, Colombes
Tous des portiers
1° dimanche d’une nouvelle année liturgique. Cette année, nous allons écouter l’Evangile selon St Marc. Le compte-à-rebours avant la fête de Noël commence. Nous sommes à J - 26. A partir de ce dimanche, nous allons entendre une nouvelle traduction de la Bible liturgique présentée dans un nouveau lectionnaire. C’est aussi le premier jour de l’année de la Vie consacrée demandée par le Pape François. Que de nouveautés !
Dans la première lecture l’extrait du prophète Isaïe, nous mesurons le contraste entre Dieu et nous. Par exemple, à certains moments, notre prière lui manque. Il est là et, nous, de notre côté, nous sommes absents : soit nous oublions de prier parce que nous avons repoussé ce moment en privilégiant d’autres activités, soit aussi par nos distractions pendant la prière. Plutôt que de nous en faire le reproche, présentons-les au Seigneur : cela fait aussi partie de notre vie. Ce n’est jamais du temps perdu. Au contraire, rappelons-nous que c’est le Seigneur qui nous fait tenir, même et surtout dans les temps difficiles.
Venons-en maintenant à l’homme parti en voyage qui a donné du travail et confié un rôle à chacun. Dans ce portrait du Christ Jésus, nous découvrons qu’il est responsable au sens où même en son absence, la maison peut tourner si chacun joue le rôle qui lui est attribué. Le Christ Jésus nous fait confiance et nous donne à chacun un rôle dans la maison-Eglise. Nous découvrons aussi que la vie de la maison ne s’arrête pas en son absence.
Parmi tous ceux qui travaillent et vivent dans la maison, il est recommandé au portier de veiller. A la fin de son discours, Jésus dit : ce que je vous dis là, je le dis à tous. Autrement dit, nous pouvons en tirer la conclusion que nous sommes tous des portiers. Nous sommes tous des portiers. Le rôle du portier est de se tenir à la porte pour ouvrir la porte et accueillir à l’entrée et la refermer après la sortie des personnes qui se présentent dans un sens ou l’autre.
La veille, ce n’est pas seulement un mode d’économie d’énergie des ordinateurs, c’est beaucoup plus fondamentalement une attitude du cœur, et pas seulement des yeux qui voudraient se fermer à cause de la fatigue du jour et du repos de la nuit dont nous avons pourtant besoin.
Ce que vivent ceux que Jésus appelle à Lui consacrer leur vie et fait d’eux des veilleurs, comme le dit le nom de cette prière au milieu de la nuit qui existe encore dans certains monastères, les vigiles, peut nous aider à rmettre de l'ordre, à retrouver une hiérarchie juste par rapport à nos choix, nos pensées et nos actes. Le Christ fait d’eux des veilleurs de la conscience de sa Présence à chaque moment que Dieu nous donne de vivre et de l’attente de sa seconde venue. Le Seigneur fait d’eux des veilleurs grâce aux trois voeux qu'ils pronocent, quand d’autres sont dirigés vers le dieu-Sexe, ou le dieu-Objets, ou le dieu-Pouvoir-absolu, ou deux ou les trois ensemble.
Face au dieu-Sexe, le Christ fait d’eux des veilleurs dans leur cœur et leur corps en s’engageant dans la voie de la chasteté, en consacrant tous les élans de leur affectivité dans leur relation avec Dieu le Père et son Fils, dans la dynamique de l’Esprit Saint, et dans la fraternité humaine universelle à la manière dont la propose le saint d’Assise.
Face au dieu-Objets, le Christ fait d’eux des veilleurs dans leur esprit en convertissant leurs désirs de posséder, d’être propriétaire, en « épousant Dame Pauvreté » disait St François, en accueillant seulement ce qui leur est nécessaire et sans se laisser tourner la tête par ce qui n’est pas essentiel.
Face au dieu-Pouvoir-absolu, le Christ fait d’eux des veilleurs dans leur volonté en convertissant leur désir de toute-puissance en le remettant entre les mains d’un autre qui cherche à agir au nom du Christ, dans l’obéissance à leur supérieur.
En ce début de l’Avent, reprenons les derniers mots de l’Apocalypse, « Maranatha » « Viens Seigneur ! » ou « le Seigneur vient. » (22, 20) Pour le dire avec des mots de St Augustin : « Viens Seigneur, car notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. »
Is 63, 16b-17.19b . 64, 2b-7 ; Ps 79 ; 1 Co 1, 3-9 ; Mc 13, 33-37
P. Olivier Joncour