Heureux celui qui croit sans avoir vu Homélie 2012.10.28 30° dim TO B

Dimanche 28 octobre 2012 30° dim TO B St Pierre St Paul et St Etienne St Henri de Colombes

Heureux celui qui croit sans avoir vu

Ce passage de l’Evangile de St Marc a été étudié par les enfants du catéchisme depuis le début de l’année. C’est le 17° récit de guérison dans l’évangile selon St Marc, le dernier avant l’entrée de Jésus à Jérusalem.

Nous pouvons noter des passages : Jésus est de passage à Jéricho. Il ne nous est rien dit de ce qu’il y a fait ou dit, mais c’est à la sortie de la ville, dans sa montée vers Jérusalem qu’il entend la voix d’un mendiant. Jusqu’à présent, ce dernier entendait les autres passer, à la fin, il est en marche. Il y a aussi plusieurs transformations : au début, l’homme est assis au bord de la route, à la fin il est debout en train de suivre Jésus sur la route ; de mendiant et aveugle, il est devenu l’homme qui se mit à voir. De seul et en dehors de Jéricho, il est devenu disciple. Au départ, la foule qui veut le faire taire devient celle qui l’encourage : confiance, lève-toi, il t’appelle ! La foule obstacle est devenue celle qui aide Jésus sans réserve.

Arrêtons-nous sur certains aspects de ce récit.

Le mendiant est aussi aveugle. A la surdité-aveuglement des disciples qui ne veulent pas entendre parler d’un Messie souffrant, comme nous l’avons entendu par trois fois après chacune des annonces de la passion, de la mort et de la résurrection, Jésus leur donne en exemple Bartimée qui ne veut pas voir Jésus de Nazareth mais le fils de David, une manière de désigner le Messie. Autrement dit, l’aveugle Bartimée est plus lucide sur l’identité profonde de Jésus que ceux qui voient. Bartimée peut aider les disciples à grandir dans la foi. Qu’est-ce qui est aveugle en moi ? Qu’est-ce que je ne veux pas voir ? Sur quel(s) point(s) aimerais-je voir plus clair ?

Bartimée crie deux fois pour se faire entendre de Jésus au-delà du brouhaha : Et moi, quel est mon désir ? Est-ce que je prends les moyens de me faire entendre par Jésus ? Est-ce que mon désir est suffisamment grand quand je lui adresse ma prière ?

La foule veut étouffer le marginal, l’original, le gêneur. La foule nombreuse d’aujourd’hui, c’est le conformisme ambiant, la dictature des sondages ou des experts, le refus du débat où se confrontent des idées différentes, … Jésus demande à la foule d’appeler celui qui implore sa pitié. La foule fait davantage. Elle l’invite à la confiance : Confiance, lève-toi, il t’appelle. ‘N’aie pas peur, mets-toi debout, il veut te voir !’

Dans le manteau que Bartimée jette, c’est son ancienne vie d’aveugle et de mendiant qu’il laisse sur place, son seul bien qu’il abandonne pour aller vers Jésus et se mettre à sa suite. Et il ne faudrait pas que ce manteau l’encombre ou le retarde. Comme le vêtement que François a rendu à son père avant que l’évêque d’Assise ne lui donne un nouvel habit.

La foi du fils de Timée le fait bondir et courir vers Jésus sans le voir. C’est un bond en avant, dans la confiance en celui qu’il ne voit pas et qui l’a fait appeler. C’est le bond de la foi dans un élan irrésistible, dans l’invisible. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29). Sa boussole intérieure est braquée sur Jésus.

Va, ta foi t’a sauvé. Jésus a reconnu la foi de Bartimée, le lui dit et la révèle à tous. La foi est cet acte de confiance qui nous dépasse et qui peut conduire plus loin que ce que nous pouvons imaginer au départ. La foi en Jésus, homme et Dieu, met en route, à sa suite, sur celle qui conduit à Jérusalem. La foi est un envoi. « Allez dans la paix du Christ ! » Ta foi t’a sauvé. Au-delà de la guérison des yeux, c’est toute la vie de Bartimée qui est sauvée en profondeur. C’est pourquoi, c’est librement que Bartimée a décidé de suivre Jésus.

Pour cette Année de la Foi, qu’est-ce que je vais faire de nouveau pour mieux connaître Jésus ? De quel apôtre ou saint est-ce que je me sens proche ?

Jr 31, 7-9 ; Ps 125 ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46b-52

P. Olivier Joncour