Suivons un meneur d'hommes passé de la mort à la vie Homélie Défunts (2.11.2016)
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Messe pour les fidèles défunts 2 novembre 2016 St PP Colombes
Suivons un meneur d'hommes passé de la mort à la vie
Après sa passion, sa mort sur la croix dans d'atroces souffrances, et sa mise au tombeau (Lc 23, 26-55), les disciples de Jésus sont abattus, désorientés : ils se sentent seuls. Leur ami Jésus en qui ils avaient confiance et pour lequel ils avaient quitté travail, famille, amis, sécurité, n'était pas celui qu'ils pensaient : celui qui avait été acclamé comme l'envoyé du Seigneur lors de son entrée triomphale à Jérusalem (Lc 19, 35-38) quelques jours auparavant, se trouvait en réalité être un perdant : lors de son procès, il ne se défend pas, il ne répond pas aux moqueries et aux rires qui lui sont adressés; il ne veut pas être défendu par un de ses amis qui a une épée, il se laisse faire sans réagir (Lc 23, 1-11).
Quelques jours avant il avait parlé de son départ, de sa solitude lors de sa mort à venir, de ses adversaires qui voulaient l'arrêter. Sur la croix, il a eu des paroles déconcertantes : il a demandé à Dieu de pardonner ses juges et ceux qui l'avaient trahi (Lc 23,34). Il était d'un calme étonnant alors qu'en de telles circonstances, surtout quand on est innocent, on clame son innocence, on demande à son avocat de faire valoir ses droits, ...
Ses disciples sont déconnectés du réel. Ils vivent un deuil. Un deuil, c'est parfois long de se remettre de la perte d'un être cher, d'un ami, de quelqu'un sur qui on a tout misé. Ils sont l'impression que leur vie n'a plus de sens.
À quoi bon rester à Jérusalem?
À quoi bon rester avec ce groupe d'hommes et de femmes si différents et qui avaient suivi Jésus pour un projet enthousiasmant qui disparaissait avec sa mort brutale et violente?
À quoi bon continuer à croire en Dieu quand Il ne défend même pas le Juste?
À quoi bon continuer à prier Dieu quand Il reste silencieux lorsque son Fils meurt?
À quoi bon? Il ne leur reste plus qu’à rentrer là où ils vivaient avant de l’avoir rencontré !
La foi des chrétiens n’est pas une assurance de traverser une vie toute rose, sans épreuve ni difficultés. La foi des chrétiens aide à traverser les grandes questions de la vie terrestre que tout être humain se pose un jour ou l’autre. Elle ne donne pas forcément une réponse à toutes les questions. Elle invite à vivre, à ouvrir une porte dans une voie qui paraissait sans issue, à attendre l’aube et le jour nouveau lorsque l’on est dans la nuit, à être attentif à la venue du printemps après l’hiver.
Pourtant, nous ne sommes pas les premiers à traverser ces questions. Souvenons-nous des apôtres de Jésus et de sa mère qui l’ont vu souffrir, agonir et mourir sur la croix. Nous avons tous en tête une représentation artistique d’une Piéta, où Marie, assise, porte le corps mort de Jésus.
Le Dieu des chrétiens est un Dieu des paradoxes, un Dieu inattendu. Alors que, visiblement, on a l’impression que Jésus est abandonné par tous, y compris par son Père du Ciel, il est en fait descendu sous terre pour aller chercher tous ceux qui avaient cru et espéré en la venue du Messie. Alors que toute la belle aventure que Jésus venait de vivre avec ses apôtres semblait se terminer de façon tragique sur la croix, en fait tout allait continuer et prendre une dimension nouvelle par la nouvelle vie que Dieu lui a donnée. La mort fut un temps d’une nouvelle fécondité, différente, mais d’une nouvelle fécondité. Rien ne dit que cela ne soit pas le cas pour d’autres, quel que soit leur âge. La résurrection de Jésus, son réveil du sommeil de la mort, sa vie nouvelle après sa mort, cela veut dire que celle-ci n’est pas le dernier mot de notre histoire. Et c’est ce que Jésus nous a promis et que nous espérons pour nous. Car Dieu ne nous trompe pas. Au-delà de ce que nous aurions pu imaginer. Par la suite, Dieu n’a pas abandonné les apôtres. Il leur a donné son Esprit à la Pentecôte (Ac 2). C’est un Esprit qui peut faire toute chose nouvelle, qui fait vivre autrement.
Jésus a rejoint la tristesse et le chagrin de deux disciples. Il les écoute. Il marche avec eux. Il est patient. Avec nous aussi. Il nous rejoint dans notre deuil et notre chagrin. Il nous écoute. Il marche avec nous. Il est patient. C’est en relisant avec Jésus ce que ces deux disciples ont vécu que nous pouvons trouver des parallèles avec les différentes phases du deuil que nous avons peut-être vécu, par lesquelles nous sommes passés : la révolte, le déni, la remontée et comme une renaissance : je peux continuer à vivre et à former des projets même en l’absence de mon ami(e) ou de la personne que j’aime. La foi en Jésus, mort et ressuscité, fait grandir aussi mon espérance en la résurrection des morts. Et c’est dans l’Eucharistie que je sais que nous sommes en communion de prière avec nos morts.
1 Co 15, 12.16-20 ; Ps ; Lc 24, 13-35
P. Olivier Joncour