Malgré tous les obstacles, Jésus est le Sauveur Homélie de la Veillée de Noël (24.12.2018)
-
Lundi 24 décembre 2018 Veillée de Noël Sacré Coeur et St Pierre St Paul de Colombes
Malgré tous les obstacles, Jésus est le Sauveur
Que fête-t-on à Noël ?
Quoi le Fils de Dieu qui se fait homme pour que les hommes partagent la vie de Dieu ! C’est énorme ! Moi qui pensais que fêter Noël, c’était vintage, que c’était une fête de famille, que c’est comme la madeleine de Proust pour se rappelle les bons moments de son enfance.

Je trouve pourtant que Dieu aurait pu faire appel à une agence qui organise des événements, des professionnels quoi, et engager des spécialistes de la com’. OK il avait annoncé depuis des siècles par les prophètes d’Israël qu’il y aurait un Messie, - pas un footballeur qui deviendrait ballon d’or -, mais le Christ, un Sauveur pour son peuple. Après le oui de Marie, c’est Joseph qui a failli tout faire rater en voulant rejeter Marie dans son coeur (Mt 1,19). Ensuite, cet épisode à Bethléem. Il n’y a pas à dire, c’était vraiment mal préparé : complètement irresponsables ces jeunes mariés, ils n’ont pas pensé à réserver à l’avance une chambre à l’auberge. Aucune anticipation : tête en l’air, alors qu’ils savaient qu’il y avait ce recensement, ils auraient dû penser qu’ils ne seraient pas seuls. Et en plus avec une femme enceinte sur le point d’accoucher. S’ils avaient eu Trivago sur leur smartphone à l’époque, ils n’auraient pas eu de souci. Et quand tu sais que tu vas donner naissance au Fils de Dieu, c’est un feuilleton avec un scénario bien meilleur que n’importe quelle émission de la télé réalité, y compris les Anges de la télé réalité. Ici, on a quand même eu les Anges à Bethléem. Et pas de VIP, pas de people, aucune célébrité ! On ne trouve que des bergers qui gardent leurs troupeaux, autrement dit des pauvres, des gens simples. Des inconnus dont on ne connaît même pas le nom. Avec l’étoile, Dieu a bien essayé de se rattraper avec des mages venus d’orient (Mt 2, 1-2). Non, je suis désolé, c’est du travail d’amateur !

Et je ne vous raconte pas toute la suite. Comme Hérode voulait tuer l’enfant, il a fallu trouver une solution de repli : en Egypte (Mt 2, 13-15). Et à 12 ans, Marie et Joseph qui ne se rendent pas compte que Jésus n’est pas avec eux au moment de leur retour de leur pèlerinage à Jérusalem (Lc 2, 42-46). Ils ont perdu de vue le Fils de Dieu. OK Marie, elle n’a jamais péché, mais quand on a le Fils de Dieu à élever, on le surveille comme la prunelle de ses yeux. Et je passe sur les conflits avec les responsables juifs de son temps, et les scandales qu’il fait en préférant les pécheurs, les malades, les exclus plutôt que de conforter l’ordre établi et les gens bien sous tout rapport, les bien pensant, les bien croyants. Décidément, ce n’est pas étonnant qu’il ait fini si mal sur la croix comme un brigand ! Mort comme tous les hommes !
Alors, c’est Lui que vous êtes venus voir ce soir ? C’est Lui que vous cherchez ? Moi je préfère vous mettre en garde, ne perdez pas votre temps avec un perdant, avec un looser. Il n’en vaut pas la peine. Je ne comprends même pas comment on pourrait avoir envie de donner sa vie pour lui, tout quitter pour le suivre. Rentrez chez vous, annulez le dîner de Noël, faites-vous rembourser les cadeaux !

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi.
Le peuple des gens simples, de ceux qui travaillent courageusement dans les hôpitaux, dans les tours et les commerces de la Défense très tôt le matin et tard la nuit pour faire le ménage, ce sont tous les jeunes auxquels on ne propose qu’un stage et jamais un travail en CDI, ce sont les retraités qui ont du mal à payer leur loyer avec leur petite pension, … L’équivalent des bergers de Bethléem, ce sont les premiers Gilets Jaunes,. Personne ne fait vraiment attention à eux jusqu’au jour où ils disent : c’est trop dur.

Quel est ce pays de l’ombre ? C’est la maladie avec des souffrances, du chômage, de la dépression, de la perte du goût de vivre, de croire, d’aimer, du burn out, du chagrin amoureux ou du deuil de la personne avec laquelle on a partagé sa vie. C’est l’incompréhension d’une mère qui voit un de ses fils s’éloigner sans comprendre pourquoi et l’autre tomber dans la drogue, ou l’alcool, qui ne se lève plus le matin pour aller travailler, ce sont les factures et les impayés qui s’accumulent, la course et le mirage de la consommation dont on est exclu, ou la séparation et le divorce de ses parents alors qu’on a besoin d’eux pour continuer à grandir, de leurs regards et de leurs mots d’encouragement. Ces ténèbres, c’est la vie où l’on est rejeté par les autres, une vie sans Dieu, comme on s’enfonce dans l’hiver avec la durée de la nuit qui s’allonge, c’est la perte de toute confiance en soi, c’est être traumatisé à vie par un acte que l’on voudrait oublier et que l’on n’arrive pas à effacer, ...

Alors quelle peut être cette grande lumière, cette lumière qui a resplendi ? C’est une espérance nouvelle, une joie et une paix tellement désirée mais qui reste inattendue. Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! J’ai vraiment envie de croire en ce Dieu qui ne reste pas sourd à nos cris, ni à notre détresse, ni à la crise que nous traversons, c’est Lui, Emmanuel, Dieu avec nous. Alors, à aucun prix, ne nous laissons pas voler la joie de Noël !

Dans l’homélie de la messe des obsèques du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, ce gendarme qui a échangé sa vie contre celle d’une femme lors de la prise d’otages à Trèbes, le prêtre a dit, à la manière de St François d’Assise dans une de ses célèbres prières : « Là où sont les ténèbres, mettons la lumière. »
Si vous aviez été l’aubergiste de Bethléem, qu’auriez-vous fait ? Nous savons que l’enfant que portait Marie était le Fils de Dieu. S’il l’avait su et s’il les avait accueillis, cela lui aurait fait une publicité pour l’éternité ! Ici et maintenant, pourtant, nous sommes comme cet aubergiste, à chacun et chacune de nous décider : quelle place est-ce que je laisse à Jésus dans ma vie ?
Is, 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-12
P. Olivier Joncour
NB. Comme j'en ai vu certains qui blêmissaient au moment où je disais qu'il fallait tout annuler cette année, au contraire, faites la fête, échangez vos cadeaux, soyez semeurs de paix et de joie.