Le Séducteur qui est aux côtés de ceux qui souffrent
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Dimanche 30 août 2020 22° dim TO A St Pierre St Paul Colombes
Le Séducteur qui est aux côtés de ceux qui souffrent
Quand vous entendez l’adjectif "séducteur", à qui pensez-vous en premier ? Sans doute Don Juan, peut-être Casanova, mais sûrement pas Dieu. Pourtant, c’est bien ainsi que le prophète Jérémie en parle : Tu m’as séduit, et je me suis laissé séduire. Dieu est un séducteur au sens où Il nous parle au coeur. Jérémie regrette d’être tombé sous son charme lorsque le présent fut moins rose, mais à l’opposé ! Dans cette situation il aurait pu démissionner, et rendre son tablier. Non, il a continué à être en relation avec le Seigneur. Il a décidé de continuer de parler même si c’est pour lui faire des reproches. Et le Seigneur ne le blâme pour cela. Dieu n’abandonne pas celui qu’il a séduit. Si nous sommes là dimanche après dimanche, en priant dans la semaine pour être en lien avec le Christ ressuscité, c'est bien qu'à un moment ou à un autre, Il nous a séduits.
Quand il y a dans nos vies, des temps difficiles, comme pour Jérémie, des temps d'opposition, de crise, vais-je tomber dans le découragement ? dans la tristesse ? Est-ce que je vais tout laisser tomber ? Cela peut être valable pour notre propre expérience de foi, dans des amitiés, et pour beaucoup d'entre vous qui êtes en couple et engagés dans le mariage. Notamment après le temps de la séduction où l'on voit tout ce qu'il y a de beau, de grand, de merveilleux dans la vie de l'autre, et que l'autre voit de même, il peut arriver un moment de crise, de dispute dans la vie d'un couple. Faut-il alors tout remettre en cause quand les choses ne vont pas bien ? Et si c’était une opportunité, une chance, pour grandir ! Au lieu de faire des reproches à l’autre, c'est si facile, l'autre qui se ferme et que je blesse, où j’ai peut-être aussi ma part de responsabilité, ma part de changements, de conversion à vivre, car nous vivons dans un éco-système, car « tout est lié » (Laudato Si’). Et si au lieu de la compétition, de l'opposition, de l'affrontement, nous passions à une autre logique, celle de l’entraide !
Comme Pierre et Jésus. Après la belle profession de foi de Pierre, on est passé à la 1° crise. Ce n’est pas grave si on prend le temps de s’expliquer et si chacun accepte de progresser. Jésus a été patient et explique à Simon-Pierre qu’il n’est pas sur la bonne pente. Il a laissé l’Esprit parlé pour lui. Il a pris la grosse tête et il n’a écouté que lui. D’un côté, il était vraiment disciple. De l’autre, il a repris le volant de sa vie.
Ecoutons ce que St Paul écrivait aux Romains qui leur demandait de présenter à Dieu votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. C'est une manière originale de rendre un culte, non pas seulement pour nous adresser à Dieu, mais pour faire de nos vies une offrande, une offrande à Dieu, aux autres. Une vie offerte à Dieu, à son époux ou son épouse, à ses enfants, à un parent âgé dépendant. Tout l'enjeu de notre célébration de la messe, ce n'est pas seulement d'écouter Dieu qui nous parle, même si c'est très important, de communier au Corps du Christ, et au Corps du Christ qu'est l'Eglise, mais c'est aussi, entre les deux, au moment où le prêtre présente le pain et le vin, se présenter nous mêmes à l'autel, tout ce qui fait nos vies, tout ce qui peut être beau, vrai, grand, généreux, mais aussi toute notre part de pesanteur, de péché, de lourdeurs pour que le Seigneur pour que le Seigneur, avec le pain et le vin, puissent les transformer et nous configurer par son Esprit de la manière qu'Il attend que nous soyons. Déposer notre vie avec le pain et vin sur l’autel. Faire de sa vie une eucharistie : vie reçue, vie offerte, vie donnée
Au moment où le Père Olivier savait qu’il lui fallait partir pour Gennevilliers, il fut heureux de retrouver pour une dernière messe d’action de grâce pour ces 9 années passées à Colombes et pour tous ceux qui finissent une mission cet été pour présenter un grand et magnifique bouquet de fleurs (cf devant l'autel), et une belle corbeille de ces fruits qu’il a fait pousser dans la vie de notre communauté et d'autres qui viendront au cours des prochaines saisons.
Dans les lectures, il est aussi question de souffrances et j'aimerais nous y arrêter quelques instants. Nous n’aimons pas souffrir physiquement, psychologiquement, moralement. Nous n’aimons pas voir souffrir ceux que nous aimons. L’humain n’est-il qu’un être de souffrance ? Pour le bouddhisme, la cause de la souffrance est liée à un manque ou à un désir qui n’est pas comblé. Le bouddhisme est donc de faire taire en soi tout manque, ou tout désir pour ne pas avoir à souffrir. Au contraire, dans la foi chrétienne, Dieu est aux côtés de celui qui souffre. L’Église propose un ministère d’écoute, d’accompagnement, de libération, de délivrance, de demande protection.
Nous faisons souffrir volontairement ou non. Nous faisons souffrir le Christ. Je demande pardon à ceux que j’ai pu blesser ou avec lesquels j’ai été maladroit, ou que je n’ai pas su accueillir comme ils l’auraient attendu. Il y a aussi celles et ceux qui, contrairement aux autres, se réjouissent que le Christ ait souffert et soit mort. Il y en a parmi nous : ce sont des loups déguisés en brebis dans le troupeau comme dans le conte du « Loup et des 7 chevreaux » le raconte. La maman chèvre qui doit quitter ses petits pour un certain temps a mis en garde ses 7 chevreaux contre le loup. Celui-ci emploie plusieurs tactiques pour s'introduire chez eux. Il commence par transformer sa voix, puis va jusqu’à tremper sa patte noire dans de la farine pour se faire passer pour leur mère une fois qu’elle est partie pour qu’ils lui ouvrent et soient dévorées sauf le plus jeune qui s’était bien caché. Restons donc vigilants par rapport à ceux qui voudraient nous détourner du Chemin de Vie.
Celui qui part comme ceux qui restent souffrent de l’idée de l’absence de l’un ou d’une multitude.
« Seigneur, je Te demande ce qui est le plus difficile : la grâce de reconnaître la Croix de ton Fils dans toute peine de ma vie et de Le suivre le long de son chemin de Croix aussi longtemps qu’il Te plaira. Ne me laisse pas devenir amer dans la souffrance, mais que j’y mûrisse au contraire, avec patience, générosité, bonté et l’ardent désir d’être un jour là où la peine n’existe plus : alors Tu essuieras toute larme des yeux de ceux qui T’auront aimé, et qui, dans leur douleur, auront cru à ton Amour et dans leur nuit, à Ta lumière que ma souffrance, grâce à Toi, puisse exprimer ma foi en Tes promesses et mon espoir en Ta bonté fidèle. Qu’elle proclame mon amour. Ô Toi, que je T’aime plus que moi-même et uniquement pour Toi, sans même attendre de récompense. Que la Croix soit mon modèle, qu’elle soit la lumière de toute nuit, alors nous ne La considérerons plus comme un malheur et comme une absurdité, mais comme le Signe que nous sommes à Toi pour l’éternité. Ainsi soit-il. » (Karl Rahner, sj (1904-1984))
Le 14 septembre, ce sera la fête de la croix glorieuse, 40 jours après le 6 août, la fête de la Transfiguration. Plus seulement la croix du bois, la croix du bois mort, mais la croix glorieuse, illuminée par la résurrection de Jésus, notre Seigneur. Entrons dans ce chemin de vie avec le Seigneur.
Heureux qui comme Olivier a été un prêtre heureux à Colombes avec beaucoup d'entre vous, même s'il y a eu beaucoup de travail, de joie, mais aussi la fatigue de la mission, notamment l'année où il n'y pas eu de responsable à l'Aumônerie des jeunes, et lorsqu'il y a deux ans, j'ai accepté d'être l'administrateur de la paroisse du Sacré Coeur et de St Bernard pendant un an, après la mort du père Gérard Lombart. Rendons grâce au Seigneur pour tout ce qu'il a pu faire et pour tout ce qu'Il continuera à faire dans nos vies.
Jr 20, 7-9 ; Ps 62 ; Rm 12, 1-2 ; Mt 16, 21-27
OJ+