La rencontre de Jésus transforme Epiphanie (5.01.2025)
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Dimanche 5 janvier 2025 Epiphanie Ste Marie-Madeleine Gennevilliers
La rencontre de Jésus transforme
Les mages ont été des observateurs. Ils ont su voir et lire « les signes des temps » (GS 4), en l’occurrence une étoile, peut-être une comète, qui a attiré leur attention et les a fait mettre en route. Par curiosité d’abord, ils ont quitté leur confort pour un voyage dont ils ne savaient pas combien de temps il durerait ni jusqu’où précisément. L’étoile les a conduits jusqu’à une première étape, à Jérusalem. Ils cherchaient le Roi des Juifs qui venaient de naître. St Matthieu n’explique pas comment ils ont su que cette étoile les guideraient jusqu’au roi des juifs qui venait de naître. Ici pas d’ange comme pour Joseph (Mt 1, 20-21), ni pour les bergers (Lc 2, 8-12). Après Jérusalem, ils ne s’attendaient pas reprendre leur route pour quelques kilomètres supplémentaires jusqu'à Bethléem.
Les mages qui auraient aimé avoir une fusée ou un engin spatial pour aller au Ciel n’en ont pas eu besoin. Celui qui était au Ciel est descendu sur terre pour les rejoindre eux aussi, et les visiter. De façon inattendue. De façon scandaleuse pour ceux qui défendraient tellement la divinité du Fils qui ne pourraient pas se mêler à l’humanité. Ce serait oublier l’affirmation du chapitre 1 de la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa » (Gn 1,28). Et non pas l’homme qui inventerait Dieu à son image pour se rassurer, pour donner une solution aux phénomènes naturels sur lesquels il n'a pas de prise et avoir des réponses aux questions qu'on se pose. Au contraire, Jésus le Christ, « est l’image du Dieu invisible » a écrit St Paul au début de la lettre aux Colossiens (Col 1,15a).
Les mages, ce sont les 99 % de l’humanité qui vont voir Jésus bébé. Ils ont déjà tout compris, éclairés par une connaissance surnaturelle, divine : ce bébé est plus que ce que nous en voyons : tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ne sont pas gaga devant lui, comme on peut parfois l'être devant un bébé qu'on voit pour la première fois. Ce nouveau-né n’est pas un enfant roi, cet enfant qui ne supporte ni la frustration ni la contradiction, qui fait des caprices et impose ses volontés par la colère. Non, Jésus est le roi enfant. Il est le roi de ceux qui décident de redevenir comme des petits enfants (cf Mc 10,14).
Qui que nous soyons, quoi que nous ayons fait ou pas, nous avons tous une place dans la crèche auprès de Jésus qui se réjouit de notre présence ! Il nous attend dans l’église la plus proche de chez nous. Comme Marie et Joseph avaient accueilli les bergers envoyés par les anges, ils ne s’opposent pas aux étrangers, aux païens, aux polythéistes dont la présence peut être choquante pour un juif de l’époque. C’est bien pour cela que St Matthieu, l’évangéliste qui écrit pour une communauté chrétienne d’origine juive, sans chercher à choquer l’auditoire, le raconte, comme St Luc, l’évangéliste qui écrit pour une communauté chrétienne d’origine païenne, sans chercher à choquer l’auditoire, leur rappelle que Jésus, par Marie, est profondément juif, génétiquement juif. Car, comme l’écrit St Jean dans la discussion avec la Samaritaine, Jésus dit que « le salut vient des juifs » (Jn 4,22). Ce qui renforce cette proximité, c’est le même verbe qui est utilisé : nous sommes venus l’adorer. Et Jésus à la Samaritaine, dit juste avant : « Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. » (Jn 4, 22-23) Où en suis-je personnellement de cet adorateur que le Père attend que je sois pour Lui?
Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. C’est la tradition très ancienne et universelle du cadeau de naissance. C’est généralement un cadeau utile pour le bébé : des chaussons, un petit bonnet, une layette, une couverture. Ici, les mages ont apporté et offert trois cadeaux très chers et rares, que n’importe quelle personne ne pouvait pas offrir. Ces cadeaux montrent qu’ils ont compris l’importance de cet enfant : l’or car il est Roi, Roi des juifs, Roi de l’Univers et de nature divine, « consubstantiel au Père » (Symbole de Nicée Constantinople) ; l’encens car il est un priant, tourné vers Dieu son Père, et le grand prêtre dont parle l’auteur de la lettre aux hébreux (He 4,14)) ; la myrrhe qui est utilisée dans les rites de préparation des corps des morts exprime qu’il est un homme, un mortel.
Quel est le secret que nous ne pouvons pas garder pour nous? C’est le secret de la vie de disciple-missionnaire de Jésus qu'ont vécu à leur manière les mages : cela commence par L'écouter, puis de passer du temps avec Lui, en silence, en sa présence, cela continue en L'adorant, en se formant, en se mettant au service des plus fragiles, en vivant des moments de partage et de fraternité entre nous -arrêtez-vous les dimanches où il y a des jus de fruits et des gâteaux pour faire connaissance même si vous ne connaissez personne pour au moins repartir en ayant connu le prénom d'une autre personne -, et cela se transforme en envie de témoigner de notre rencontre personnelle avec Lui car cette rencontre a transformé notre vie si bien que nous ne pouvons pas rentrer chez nous comme avant !
Is 42, 1-4.6-7; Ps 28; Ac 10, 34-38; Mt 3, 13-17
P. Olivier Joncour