L'ordre de mission des disciples Homélie Trinité B (30.05.2021)
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Dimanche 30 mai 2021 Trinité B St Jean des Grésillons, Gennevilliers
L'ordre de mission des disciples
Nous venons d'écouter les dernières lignes de l'Evangile selon St Matthieu. Arrêtons-nous sur 3 phrases.
1. Au temps de Pâques, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent. Il y a deux semaines, lors de la réunion des jeunes adultes, nous avons travaillé le thème de la montagne dans la Bible. Car la montagne est un lieu de rencontre privilégié avec le Seigneur, même si ce n'est pas exclusif.
Il y a eu le Mont Moriah pur Abraham où le Seigneur l’avait mis à l’épreuve et en lui faisant comprendre qu’Il n’était pas comme les autres dieux auxquels il fallait offrir son enfant en sacrifice (Gn 22, 1-19).
Il y a eu « la montagne de Dieu, l’Horeb » (Ex 3,1c) où Moïse était venu faire paître son troupeau, où il a vécu l’expérience du buisson ardent où le Seigneur lui a révélé son Nom : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob » (3,6a) puis « je suis qui je suis » (Ex 3,14a). Il y eut ensuite les 40 jours et 40 nuits que Moïse passa sur le Mont Sinaï avant de recevoir la Loi de l’Alliance entre le Seigneur qui a fait sortir son peuple du pays d’Egypte ( Ex 2?).
Il y eut le prophète Elie qui demandait à mourir tant il était persécuté et désespéré obligé de marcher 40 jours et nuits avant d’arriver à l’Horeb où le Seigneur s’est manifesté à lui, non pas dans l’ouragan ni le tremblement de terre mais dans le murmure d’une brise légère (1 R 19,3-12)
Dans les évangiles, on se souvient de la montagne près du lac de Tibériade où le Christ a parlé à la foule et ses disciples en leur donnant les béatitudes, où il a commenté et donné le sens des commandements de la Loi qui concernent les relations avec les autres, mais aussi l’aumône, la prière et le jeûne (Mt 5-7). On ne peut pas oublier le récit de la Transfiguration de Jésus qui se passe sur une haute montagne, entre Moïse et Elie, devant Pierre, Jacques et Jean, où il leur a fait découvrir sa divinité et que la voix du Père leur a assurée : ‘Celui est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie.’ (Mt 17, 1-5).
2. Il y a enfin cette montagne de Galilée sans plus de précision où le Christ Jésus ressuscité envoie les Onze. Il leur donne un ordre de mission claire : De toutes les nations, faites des disciples. C’est le principal. Presque 2000 ans après, c’est toujours le même ordre de mission qui est donnée à l’Église dont nous sommes tous des membres vivants, des acteurs à 100 %, des joueurs à temps plein avec un contrat à durée illimitée, sans remplaçant sur la touche, ni spectateur dans les tribunes !
Comme l’écrit François dans ‘La joie de l’Evangile’ au numéro 24 : « L’Église “en sortie” est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent. » et au 119 : « Nous sommes tous des disciples missionnaires Dans tous les baptisés, du premier au dernier, agit la force sanctificatrice de l’Esprit qui incite à évangéliser. » et au 272 : « quand nous vivons la mystique de nous approcher des autres, afin de rechercher leur bien, nous dilatons notre être intérieur pour recevoir les plus beaux dons du Seigneur. Chaque fois que nous rencontrons un être humain dans l’amour, nous nous mettons dans une condition qui nous permet de découvrir quelque chose de nouveau de Dieu. Chaque fois que nos yeux s’ouvrent pour reconnaître le prochain, notre foi s’illumine davantage pour reconnaître Dieu. Il en ressort que, si nous voulons grandir dans la vie spirituelle, nous ne pouvons pas cesser d’être missionnaires. L’oeuvre d’évangélisation enrichit l’esprit et le coeur, nous ouvre des horizons spirituels, nous rend plus sensibles pour reconnaître l’action de l’Esprit, nous fait sortir de nos schémas spirituels limités. »
3. Jésus décrit ensuite la manière de faire des disciples-missionnaires qui vont grandir : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Le baptême quelque soit l’âge où on le reçoit n’est pas suffisant sans formation, sans prière, sans vie fraternelle, sans service, sans être à son tour aussi témoin de Jésus mort et ressuscité. La formule trinitaire du baptême baptisez-les au nom du Père et du Fils et du St Esprit, a été donnée par Jésus. Dans la formule « Au nom » est au singulier, le Dieu unique, indivisible. Et ce n’est pas non plus « Au nom du Père, au nom du Fils, au nom du St Esprit », ce qui ferait une tri-théisme, trois dieux. Au contraire, trois personnes distinctes mais unies, soudées, non pas solitaire mais solidaires et relationnel, un Amour qui nous fait entrer et participer à cette vie divine qui n’a pas besoin de nous mais qui nous a créés et qui ne veut pas ne pas se passer de nous. Cette formule trinitaire est un écho de la manifestation divine au baptême de Jésus où l’Esprit St est descendu sous la forme d’une colombe sur Jésus le Fils désigné comme tel par le Père au début de l’évangile de Mt (3, 16-17).
Ne cherchons pas une montagne à Gennevilliers : le Seigneur nous a déjà tout dit : Il est l’Emmanuel (Mt 1,23), le Seigneur avec nous tous les jours ! C'est très réconfortant quand on vit un moment difficile ou une épreuve !
Dt 4, 32-34.39-40 ; Ps 32 ; Rm 8, 14-17 ; Mt 28, 16-20
P Olivier Joncour