L'Eglise pour ceux qui n'y sont pas Homélie 5° dim TP A (7.05.2023)
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Dimanche 7 mai 2023 5° dim TP A NDA et St Jean des Grésillons Gennevilliers
L'Eglise pour ceux qui n'y sont pas
Le début de cet extrait du grand discours testament de Jésus à ses disciples après son dernier repas et leur avoir lavé les pieds est souvent choisi par les familles lors de la préparation des obsèques à l’église (Jn 14, 1-6). A son époque où, même si une multitude de croyances existait, il pouvait facilement dire : [puisque] vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Aujourd'hui, ce n’est plus et pas une évidence pour beaucoup de nos contemporains pour lesquels Dieu est mort ou la question de Dieu ne les intéresse pas. Et encore moins le Dieu des catholiques qui le discréditent si bien depuis tant de siècles à cause de scandales notamment de ceux qui devraient donner l’exemple. Alors, comment réveiller la foi de ceux qui se sont endormis? Quel prince charmant pourra les réveiller de leur sommeil en forme de long comas?
Comment bousculer les certitudes d’un athée plein d’assurance convaincu d’avoir raison et abreuvé des philosophes du soupçon sur Dieu qui n’est pas crédible sur la question du mal : s’Il est tout puissant, votre Dieu, comment se fait-il qu’Il ne fasse rien contre ?! Pour lui, tout ce qui concerne la religion est ringard, dépassé, avec des idées démodées !
Dans le contexte de la « sortie de la religion » (Marcel Gauchet), soyons de cette Eglise qui va aux périphéries comme y appelle le Pape François, comme le Fils de Dieu qui a quitté le ciel pour aller vivre sur terre ! C’est Lui qui a dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Commençons par le chemin. Les hébreux étaient des nomades. Jésus a beaucoup marché pendant trois ans. Et il a beaucoup fait marcher. Il a appris à marcher autrement, sur un chemin différent, à mettre ses pas dans les siens, à sa suite. Quand on lui dit "chemin", Hélène pense à celui de Compostelle où elle vient de marcher seule 12 jours entre Le Puy et Conques (12), Olivier à celui d’Assise, d’autres à celui vers Rome ou vers Emmaüs avant de prendre celui de Jérusalem. Ce samedi, lors de notre visite de la cathédrale Notre Dame de Chartres, le guide nous a montré le tracé du labyrinthe au sol : il n'y a qu'une seule entrée et qu'un seul chemin pour arriver au centre, alternant rapprochements et éloignements. Le guide nous expliquait aussi que si on couchait la façade occidentale de la cathédrale, le Christ qui est au centre de la rosace correspondait au centre et point d'arrivée du labyrinthe.
A certains moments de nos vies, nous devons choisir entre un chemin de vie ou de mort. Le Pape François aime parler de processus, de cheminement : c’est une démarche qui prend du temps. C’est pour cette raison qu’il a voulu que l’Église catholique retrouve la pratique du synode, 'sun' avec, donc ensemble et 'odos' : le chemin, donc le chemin ensemble. Et « ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin » (Soren Kierkegaard)
Continuons avec la vérité. Dans la foi chrétienne, on n’est pas en philosophie : ce n’est pas un concept « qu’est-ce que la vérité » demandait Pilate (Jn 18,38). Qui est la Vérité ? se demande le disciple de Jésus. Et il a à approfondir la réponse : la vérité est une personne : c’est Jésus ! Il est la vérité sur ma vie, sur Dieu, sur les autres, sur l’humanité.
Poursuivons avec la vie : en grec, il y a deux mots différents : 'bios' pour la vie naturelle et 'zoé' pour la vie divine, la vie éternelle. Avec Jésus, surtout sur la croix, nous apprenons ce qu’est une vie donnée, une vie reçue, une vie offerte. Et cela passe parfois par une vie crucifiée, une vie blessée, une vie qui a pris fin si bien que le corps mort est mis en terre, dans une tombe. C’est aussi une vie ressuscitée, une vie relevée. Car si Dieu nous donne la vie par l’amour de nos parents, il nous maintient en vie chaque jour, il ressuscite la vie.
Comme le corps humain qui grandit, le Corps du Christ - Église grandit. C’est le constat que St Luc fait au début et à la fin de l’extrait des Actes des apôtres. Au début : le nombre des disciples augmentait et à la fin : La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem. Chez nous aussi comme je l’ai écrit à la fin de l’édito de ‘La Vie circule’ de Pâques : des lycéens seront confirmés le 4 juin, « 7 adultes vont être confirmés le 18 juin, et 6 autres le 11 novembre. Certains communieront pour la première fois le 25 juin. 12 adultes se préparent au baptême. Le Seigneur travaille dans notre ville ! »
Notre petite Eglise est en croissance, Elle grandit et c’est beau ! Jésus attire à Lui. Ce fut le cas pour certains invités aux projections des 8 épisodes de la 1° saison de ‘The Chosen’ qui étaient curieux de Jésus. Et c’était plus facile pour eux de regarder une série avec un point de vue où on peut s’identifier à des personnages de l’Evangile que d’ouvrir un livre. Approchons-nous, exhortait Pierre, invitons et permettons à d’autres de s’approcher du Seigneur Jésus : il est le roc sur lequel nous pouvons construire la maison (cf Mt 7,24) de notre vie personnelle, de notre couple dans le mariage, de notre famille, de notre communauté, …
Jésus est la pierre vivante et c’est Lui qui a dit à l’auteur de la 1° lettre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Mt 16,18). Et de même qu’Il est "la lumière du monde" (Jn 8,12 . 9,5) et qu’il a dit que ses disciples étaient la « lumière du monde » (Mt 5,14) après les béatitudes dans le Discours sur la montagne, nous sommes les pierres vivantes qui servent à construire l’Église du Christ. Après ‘The Chosen’, j’espère que nous pourrons mettre en place dans les prochains mois un Parcours Alpha sur notre paroisse pour inviter des personnes en recherche, qui se posent des questions sur la Bible, sur Jésus, sur le mal, sur la prière, … Comme les disciples ont su être créatifs pour tenir compte de la réalité, des besoins nouveaux, les 7 qui sont désignés pour le service des veuves : c’est la création d’un nouveau ministère, d’un nouveau service, celui des diacres comme Samson, Daniel et Jean.
Quelle est notre mission de baptisés, de disciples du Christ ? Quelques formules éclairantes de St Pierre nous aident :
- Sacerdoce royale : le sacerdoce de tous, c'est la prière et la dimension royale de notre baptême nous fait penser au couronnement de Charles III. En fait, la dimension royale de notre baptême est celle du service des autres. En cela la prière de Charles III (cf ci-dessous) lors de son couronnement est profonde et rejoint celle de Salomon lors de son songe à Gabaon (1 R 3).
- peuple qui appartient à Dieu : peuple racheté par le Sang du Christ, mort sur la croix
- chargés d’annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière : c'est le témoignage.
Qu'est-ce que je vois à Gennevilliers? Je vois une famille heureuse de se réunir, qui grandit, qui prie, qui se forme, qui sert les plus fragiles, et qui témoigne de la "Joie de l'Evangile".
Ac 6, 1-7 ; Ps 32 ; 1 P 2, 4-9 ; Jn 14, 1-12
P. Olivier Joncour
La prière du roi Charles III lors de son couronnement (6.05.2023) :
« Dieu de compassion et de miséricorde dont le Fils n’a pas été envoyé pour être servi mais pour servir, accorde-moi la grâce de trouver dans ton service la liberté parfaite et dans cette liberté la connaissance de ta vérité. Fais que je sois une bénédiction pour tous tes enfants, de toute foi et de toute conviction, afin qu’ensemble nous découvrions les voies de la douceur et soyons conduits sur les chemins de la paix, par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »